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Société Publié le dimanche 26 février 2012 | Le Devoir

Fofana Siandou (DG) / Fonds d’entretien routier : ‘’Nous sommes les bailleurs de l’entretien routier’’

Depuis septembre 2009, Fofana Siandou est le nouveau Directeur général du Fonds d’Entretien Routier (FER). A travers, cette interview, il fait le bilan à mi-parcours avant de définir les grands axes de développement de son institution.

Depuis quand existe votre institution?

Le fonds d’entretien routier existe à partir de la reforme du secteur des transports qui a pu donner naissance à deux structures sœurs que sont l’ageroute et le fonds d’entretien routier depuis 2002.

Quelles sont les attributions du fer?

Avant la création de ce fond, il existait la direction des routes et voiries. Elle était une direction centrale de l’administration ivoirienne logée au ministère des infrastructures économiques. La direction administrative et financière du ministère s’occupait de l’ordonnancement au niveau du mandat de paiement des travaux dans le passé. Au vu de l’évolution institutionnelle et sur la base des difficultés rencontrées, les bailleurs de fonds ont voulu libéraliser ce secteur et faire en sorte que le secteur du transport en général et plus particulièrement l’entretien routier puisse générer de la valeur et des points de croissance en organisant le secteur. Il fallait que les routes soient entretenues conséquemment et les problèmes que l’on pouvait rencontrer sur la route comme les accidents, des pannes soient évités. C’est à partir de ce moment que l’ageroute se devrait de gérer en tant qu’agence d’exécution, les marchés pour faire en sorte que les règles de passation des marchés soient suivies et respectées. Et nous nous chargerons de la recherche et des mobilisations des ressources. C’est une mission de mobilisation de ressources, de collecte de ressources, d’optimisation des ressources et au delà de la commercialisation du réseau routier qui désormais devenait un service marchand qui avait besoin d’être vendu parce que l’Etat providence ne peut plus continuer. Donc, il fallait nécessairement passer à une autre mission, une autre étape, une autre politique. Ce qui a donné lieu à cette reforme qui fait que désormais le fer paie les travaux. Donc, l’Ageroute certifie les décomptes, les transmet au fer pour paiement. Notre mission est de collecter, d’optimiser et de mobiliser les ressources.

Pouvez vous nous établir la différence entre le FER et l’AGEROUTE ?

Nous sommes deux structures sœurs, voire jumelles. Mais à la seule différence que les missions ne sont pas pareilles. Ce sont des missions qui se complètent. Dans le cadre d’une organisation, la notion de différenciation est importante de sorte à ce qu’à chaque étape, on distingue chaque acteur dans sa mission essentielle. L’AGEROUTE est une agence d’exécution, elle joue le rôle de maître d’ouvrage délégué auprès du ministère des infrastructures économiques. Quand il ya un marché, si on doit faire la mise en œuvre des travaux c’est-à-dire l’équipe technique fait des études sur la voie à bitumer, les plans de masses, les APS (appel avant projet sommaire) et les avants projets définitifs(APD) et les dossiers de consultations des entreprises. Les DAO (Dossiers d’Appels d’Offres sont élaborés à l’AGEROUTE. Parfois, ils peuvent aller jusqu'à révéler l’itinéraire qui permet de faire les quantitatifs des marchés. Donc c’est L’AGEROUTE qui a cette mission de maitre d’ouvrage. Pour ce qui concerne l’entretien de tout le patrimoine, ils ont bien voulu nous déléguer la mission de paiement et celle de mobilisation. Ils ont séparé la mission d’ordonnateur de celle de payeur. Celle-ci a été doublée de la mobilisation des ressources. Nous sommes l’entité qui a reçu la mission de mobiliser les ressources pour payer ce que L’AGEROUTE fait comme travaux. Tous les travaux que vous voyez, indépendamment des bailleurs bruts, c’est nous. Nous sommes donc les bailleurs de l’entretien routier. L’AGEROUTE est l’agence qui exécute les travaux et nous sommes le pourvoyeur de ressources pour la route. Ce sont deux fonctions différentes. Une fonction purement technique qui est dévolue à L’AGEROUTE et une fonction financière qui est du ressort du FER. On a différencié le processus pour faire en sorte que celui qui passe le marché n’est pas celui là qui mobilise l’argent et qui paie. Deux fonctions distinctes en vue d’éviter les tricheries ou quelques éléments qui pourraient prêter à confusion et engendrer des méfaits dans la gestion.

Quel bilan pouvez-vous établir depuis votre prise de fonction jusqu'à ce jour ?

Pour les pays africains, il faut reconnaitre qu’en terme brut de capital fixe qui est ce ratio, qui permet de déterminer les investissements, qui garantisse le patrimoine qu’un pays peut constituer, si bien pour la part privée que pour la part publique, la route tient une part importante, c’est pourquoi les économistes en transport recommandent que le pays en émergence comme la Côte d’Ivoire, devrait mobiliser chaque année 1,5% du PIB à consacrer à l’entretien routier. Depuis notre existence, nous avons pu mobiliser sur cette décennie, en moyenne 15 milliards par an ce qui au regard de l’importance de notre réseau routier n’est pas suffisant puisque comparaison faite des pays comme le Cameroun qui avec 3900 Km de route, mobilise 80 milliards. notre fiscalité ne nous permet pas d’atteindre ces proportions, mais nous pensons qu’avec la volonté affichée du gouvernement actuel, nous n’hésiterons pas très vite à atteindre les milliards parce que le président a dit qu’il allait consacrer 300 milliards d’investissement pendant 5 ans au secteur routier. Cela fait 600 milliards mobilisés sur chaque année.


Quels sont les acquis et votre touche personnelle ?

Nous saisissons cette occasion pour rendre hommage à tous ceux qui m’ont précédé. Chacun à joué sa partition et c’est ce qui nous permet aujourd’hui de continuer sur cette belle lancée. Nous saluons leur ardeur et leur abnégation au travail. Sans oublier Mme Tanoh Ramata qui a mis sur les fonds baptismaux le fer. En 2001, il a fallu qu’elle soit là pour pouvoir mettre le fer sur pied et mettre les moyens qu’il faut et les différentes procédures qui ont permis au FER de fonctionner. C’est grâce à elle et au ministre Jean-Claude Kouassi en qualité de président de conseil. Et à l’ensemble des membres de conseils, le ministre d’Etat Lambert Kouassi Konan qui était à la création. Ils ont permis au fonds d’exister dans le paysage ivoirien. Aujourd’hui le FER, indéniablement continue sa bonne marche. Il y a aussi M. Philippe Good avec qui nous avons eu du plaisir à travailler pendant ces années. Chacun a essayé d’apporter sa pierre à l’édification d’un FER fort et dynamique. Une œuvre humaine n’est jamais achevée et la perfection n’étant pas de ce monde, chacun de nous se doit de se perfectionner et essayer d’ajouter les idées au quotidien par l’esprit de création et d’innovation. Sous la présidence de Jean-Claude kouassi, nous avions réussi à faire la phase pilote du péage. Nous devons savoir que l’état providence ne peut plus exister parce que nous ne pouvons plus rouler pratiquement sur nos routes parce qu’elles sont dimensionnées sur une durée de vie d’au moins 15 ans. Donc, il faut faire des investissements rentables. Et quand nous arrivons à la fin de la durée de vie, pendant que nous l’entretenons, la route peut servir. Il faut pouvoir faire des travaux d’entretien et de la réhabilitation. C’est ce qui commande qu’aujourd’hui, le péage devient une réalité puisque l’ensemble des pays qui nous entoure, ont déjà emboité le pas aux pays occidentaux. C’est le cas du bénin, du Ghana, du Burkina Faso, du Mali, du Niger etc... Mais il faut que désormais l’usager qui est considéré comme le client de la route paie un service qui en terme de rapport qualité prix soit à la hauteur de ses attentes. C’est pourquoi, nous voulons procéder à la contractualisation du fonds d’entretien routier que nous utilisons et nous sommes d’avis avec L’AGEROUTE et le maître d’ouvrage qui est le ministère des infrastructures économiques. C’est la gestion de l’entretien par niveau de service. Faire en sorte que nous ayons un entretien conséquent, qui obéit à des règles de qualité et à une politique de normalisation qui sera suivie et fera l’objet de surveillance par le LBTP et le BNETD pour pouvoir respecter la mise en œuvre de la feuille de route du règlement 14. Nous avions décidé de la faire par l’acquisition de 13 postes dont 10 postes mobiles et 3 fixes pour se conformer à ce règlement 14. Et si nous ne faisons pas la surveillance des charges, les surcharges finissent par avoir raison de notre chaussée puisqu’elles ont été dimensionnées pour recevoir une certaine charge, et nous n’avons pas suffisamment de ressources pour l’entretien. Avec le peu qui y est consacré, il faut faire des efforts pour faire des économies d’échelle. Nous faisons de cette disposition une priorité première au sein du fonds d’entretien routier de côte d’ivoire. Nous attendons remettre le couvert en faisant en sorte que cette année nous acquérons 20 postes mobiles et 5 postes fixes donc un total de 25 postes. Nous le faisons pour mériter la confiance des bailleurs de fonds afin qu’ils fassent confiance à notre Etat. Cela va montrer la responsabilité et le sérieux de notre Etat. Tout comme la prise de conscience des enjeux du développement et de l’optimisation des ressources qui nous sont allouées. Nous avons bâti un siège pour nous faire respecter des bailleurs de fonds. Ce siège vient démontrer le sérieux et l’image de gestionnaire avertit des personnes qui souhaiteraient marquer le paysage. Mais au-delà, léguer à la postérité et au patrimoine commun ivoirien ce joyau qui pourrait faire la fierté de la Côte d’Ivoire parce que, ce pays est exceptionnel et il faut que chacun des dirigeants à la tête de chaque structure fasse l’exception.

D’où tirez-vous vos ressources ?

Nous avons initié une action. Nous sommes le premier fonds d’entretien routier d’Afrique à lever des fonds sur marché bancaire. Nous venons de faire appel à un consortium de banque sur la base de notre gestion, de nos procédures. Notre sérieux a capté l’attention des banques qui ont accepté au regard des positions que nous avons prises pour notre gestion. La qualité du travail que nous faisons a permis de nous faire confiance. Elles ont accordé une attention à notre requête de financement qui a aboutit à une levée de 25 milliards sur le marché bancaire. C’est le consortium formé par ECOBANK, SGBCI, BIAO qui a bien voulu nous suivre dans notre volonté. Notre ministère de l’économie et des finances et celui des infrastructures économiques ont fait mains et pieds pour que nous obtenions l’avis de non objection du FMI. Cette levée de fonds démontre le sérieux à faire participer le secteur privé au financement du secteur public. Ce partenariat devrait s’étendre sur les contenus des échanges. Faire appel à ce secteur pour qu’il intervienne dans la sécurité routière. Plus d’intervention sur la route pour que quand il y a des accidents il y ait des endroits dédiés pour ces genres d’activités. Que la route soit aussi un endroit de loisir, de détente où il est fait bon vivre, comme cela se voit ailleurs dans le monde.

Quels sont vos projets pour le FER ?

Nous avions élaboré un plan d’actions stratégiques qui a été décliné en trois axes. Le premier axe était la reforme institutionnelle du FER. Le 2ème axe, nous avions réfléchi sur la capacité de renforcement de l’autonomie financière du FER. Et le 3è axe, comment mettre en place, un plan de développement de nos PME/PMI du secteur pour que nous soyons un secteur pourvoyeur de richesses, de valeurs et d’emplois. Pour le 1er axe, il était important de s’adapter aux besoins d’entretien routier de notre réseau, parce que le fond est de la 2e génération qui a été dimensionné pour financer les projets périodiques du domaine routier. Malheureusement force est de constater que durant ces dix dernières années, il y a eu défaut de moyens. Le réseau routier a été dimensionné pour une durée de 15 et 20 ans . Pour une culture de performance, nous nous devrions de revoir ce cadre institutionnel pour que devenu fonds, nous puissions financer sans risque d’être interpellés sur les problèmes de performances et de missions. Il faut qu’on comprenne qu’un fonds ne peut financer tout le réseau routier. Nous ne finançons qu’une partie pour l’instant, mais nous nous débordons et il se pose de réels problèmes de notions parce que nous sommes un fonds de 2e génération. Il faut pouvoir s’adapter pour que les bailleurs puissent capter de nouveaux indices grâces à cet ancrage institutionnel que nous sollicitons. Pour le renforcement de l’autonomie financière, il s’agit de faire un effort pour qu’il y est une fiscalité dédiée qui soit suffisante et efficiente. Une étude faite par d’anciens cadres de la banque mondiale pour la stratégie de remise à niveau du réseau ivoirien révèle qu’il faudra mobiliser 2750 milliards sur 10 ans pour pouvoir rattraper le réseau existant. Donc 275 milliards par an. À la vérité, les mécanismes de remise à niveau ne permettent pas de réaliser une telle mobilisation. Pour pouvoir répondre à ces attentes, il est indéniable que nous arrivions à mobiliser, moderniser et étendre notre assiette à la mobilisation avec le ministère de l’économie et des finances via la direction générale des impôts. pour que la fiscalité dédiée soit plus appropriée. Les états généraux de la route avaient recommandé que le FER ait par an 100 milliards au moins et cela depuis 2011. Afin que nous puissions répondre à Nos aspirations. À la création du FER, les bailleurs devraient mobiliser 40 milliards par an. N’ayant pas réalisé les 40 milliards, on a eu un déficit de 25 milliards l’an et si vous rapportez aux 10 ans, c’est 250 milliards à 300 milliards de déficit que nous avons accumulés. Hors quand vous faites un cumul en entretien routier et que vous accusez un retard c’est un trou qui génère des surcoûts. Il va falloir mobiliser assez de ressources. Aujourd’hui, nous avons besoin de sensibiliser chacun à son niveau aussi bien nos institutions nationales que les usagers de la route. Nous remercions les acteurs, le gouvernement et surtout le président de la république qui, dès sa prise de fonction a compris qu’il fallait consacrer des ressources suffisantes à l’entretien routier. C’est pourquoi, cette année une fiscalité est en train d’être revue. Nous avons des attentes qui finissent par rencontrer l’adhésion du gouvernement. La perle des lagunes commence à être praticable. C’est la volonté affichée du gouvernement de comprendre notre politique et surtout d’accepter de nous accompagner. Nous voudrions lui demander de continuer de nous faire confiance, de nous appuyer sur ce que nous avions de plus important. Nous interpellons toutes les bonnes consciences de nous aider à remplir cette mission essentielle pour un Etat responsable.

Réalisée par Samuel Dibo et Déki Patricia (Stg)
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