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Afrique Publié le mardi 28 février 2012 | Nord-Sud

Fadel Barro, coordonnateur du mouvement "Y`en a marre" avertit : "Nous serons la mauvaise conscience de Wade"

Au cours de sa tournée dimanche, dans les bureaux de vote pour constater les cas d'irrégularité signalés, Fadel Barro nous a confié dans un entretien au pied levé à l'école primaire Woré au Sacré-Coeur 3, son sentiment sur le scrutin présidentiel tant attendu.
On parle ici et là de quelques incidents liés à des soupçons de fraude. Qu'en pensez-vous?

Il y a effectivement des cas de fraude. On nous a signalé qu'au quartier de la Médina, il y a des jeunes qui n'ont pas 18 ans mais qui ont des cartes d'électeur. Il y a beaucoup de cas de fraude répertoriés et non répertoriés. Mais le plus important, c'est la détermination à poursuivre le combat, la détermination à surveiller son vote, et faire en sorte que la volonté du peuple ne soit pas confisquée.

Pensez-vous que ces quelques cas de fraude sont de nature à entacher la régularité et la crédibilité du scrutin?

Ce sont des détails qui vont finalement faire la norme. Il ne faut pas négliger ces petits détails parce qu'ils risquent d'entacher la crédibilité du scrutin au bout du compte. C'est pourquoi il faut continuer à les dénoncer. Et à les montrer quand le moment du recours sera venu.

Quelles actions comptez-vous entreprendre si Abdoulaye Wade est déclaré vainqueur à l'issue du scrutin du 26 février?

Il ne peut être déclaré vainqueur.

Mais au cas où il est déclaré vainqueur?

Il ne peut pas gagner. Il n'y a pas de au cas où. Nous on ne considère pas Abdoulaye Wade comme ayant fait partie du scrutin. S'il passe, c'est que c'est de la fraude. Sa candidature est anti-constitutionnelle. C'est un intrus. A partir de cet instant, nous ne le reconnaissons pas.

Quelqu'un qui n'est pas candidat ne peut pas gagner une élection.

Il n'est pas candidat?
Non, il n'est pas candidat.

Mais si la Céna, puis le Conseil constitutionnel le déclarent vainqueur?

Oui, le Conseil constitutionnel l'a déclaré candidat. C'est son machin constitutionnel. Si maintenant, il le déclare vainqueur, on considère que c'est le même procédé. Ce sera une suite logique. Il n'y aura rien de surprenant à cela. L'essentiel c'est que notre combat n'est pas inscrit dans la conjoncture politique actuelle.

Ne craignez-vous pas de ne pas être suivi, après la mobilisation des Sénégalais en cours, à d'autres types de manifestations?

On verra. Même si la majorité des Sénégalais ne nous suit pas. Même si nous sommes 20, on sera son œil de Caïn sa mauvaise conscience. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas la majorité que nous sommes des hors-la-loi. Ce n'est pas vrai. Quand on est dans un combat de fond, de principe, pour la démocratie, on peut être isolé. Mais cela ne veut pas dire que vous n'avez pas raison. Nous continuerons à le dénoncer, à nous battre jusqu'à ce qu'on obtienne gain de cause. Lui a fait 26 ans d'opposition avant d'arriver au pouvoir.

Mais on vous reproche de vous laisser manipuler par les opposants qui veulent accéder au pouvoir. Alors que vous n'êtes pas des politiciens.

Ce n'est pas vrai. Nous avons affaibli Abdoulaye Wade. Il est malheureux qu'en Afrique qu'on soit formaté de la sorte. On croit que quand on est dans l'espace public, on est forcément derrière quelqu'un ou un parti politique. Ce n'est pas vrai. On peut se battre pour son pays sans être dans un parti politique. Nous sommes de la société civile. Nous sommes une organisation citoyenne. On n’a pas besoin d'être derrière quelqu'un pour aider la démocratie. L'élan citoyen qu'on a suscité chez les Sénégalais depuis le 18 janvier 2012, est à saluer.

Pensez-vous que la médiation du président Olusegun Obasanjo a été finalement un échec ? Vous n'avez pas obtenu le retrait de la candidature d'Abdoulaye Wade.

Vous savez, la médiation n'a même pas encore commencé. Certains ont voulu mettre au service de leurs ambitions la médiation. Ce n'est pas comme ça que se font les médiations. Il ne faut pas tout rendre forclos le combat du président Obasanjo.
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