C’est un constat. La crise libyenne a révélé la vanité d’un système. La Libye serait hyper armée…Elle aurait ci, elle aurait ça…N’avait-on pas coutume de dire la même chose de l’armée irakienne, classée en un temps, la première du monde arabe ? C’est bon, juste pour les défilés et autres parades lors des manifestations officielles, lorsque les chefs suprêmes des armées veulent visualiser leur capacité de nuisance, de dissuasion plutôt à l’interne. Car, lorsque ces armées affublées de superlatifs, redoutables machines dissuasives de toutes velléités de soulèvements populaires, sont en situation de belligérance grandeur nature, tous les engins de la mort qu’elles sont supposées détenir, s’évanouissent. Comme par enchantement. En effet, où étaient passés les milliers de chars dont on créditait Saddam Hussein ? Et les Scud de l’armée libyenne ? En Libye, comme quelques années plus tôt en Irak, et peut-être dans les mois à venir en Syrie ou en Iran, tout s’est passé comme si les généraux ont exagéré les capacités de leur armée, de peur d’être « dégommés ». Ce faisant, ils rassurent et font rêver les chefs suprêmes qui ne descendent des nuages que lorsqu’il est déjà trop tard. Tout comme celui qui est couché sur la natte d’autrui est couché à même le sol, celui dont l’espoir repose sur des armes acquises de l’extérieur, n’a point d’armes contre ses anciens vendeurs partenaires devenus entre-temps ses ennemis. Car qui mieux qu’eux connaît l’ « antidote » de ce qui est sorti de leurs propres usines et qui a été cédé par leurs agents ? En dehors des exagérations et autres affabulations qui tournent toujours en eau de boudin, la crise libyenne aura servi de révélateur à l’humiliation de l’Union africaine et partant de ce qu’on pourrait appeler la Communauté africaine. Dans cette crise, l’Union africaine a été soigneusement « rangée » et ses propositions de sortie de crise ignorées. Aucune instance internationale n’en a même pris acte, alors que la Ligue arabe a été consultée et que certains de ses membres ont même été engagés dans les combats aux côtés du Cnt (Conseil national de transition). Ceci expliquant peut-être cela, l’Ua ne s’est contentée que de soliloques et de prêches dans le désert. Au fond, ce n’est pas la première fois que la Communauté régionale subit une telle humiliation. De la part des pays supposés la constituer, elle a essuyé des revers bien plus retentissants. Lorsqu’en 2009-2010, le président Tandja du Niger a délibérément ouvert une crise en s’octroyant une rallonge non constitutionnelle de trois ans, l’Ua a tenté de l’en empêcher. La Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) a délégué des émissaires à Niamey, sans réussir à faire fléchir Tandja pour qui les autres Africains ne sont que des allogènes sans aucune connaissance des spécificités nigériennes. Quelques mois plus tard, s’accrochant au pouvoir après avoir perdu les élections, le président Laurent Gbagbo embouche la même trompette envers et contre tous.
Mamadou Tandja et Laurent Gbagbo connaissent bien la Communauté régionale africaine, ses méandres et ses forces d’inertie. S’il ne tenait qu’à la Cedeao et à l’Ua, l’un et l’autre seraient encore en selle et les positions auraient évolué au fil du temps dans le sens de la validation tacite du fait accompli. A l’absence d’un leadership affirmé et du respect des normes collectivement établies, voilà comment des chefs d’Etat africains ont lessivé et érodé les pouvoirs des Institutions « supranationales », impuissantes lorsque la diplomatie fait long feu et qu’il faut contraindre par des moyens musclés. Dans le cas de la Côted’Ivoire, les chefs militaires de la Cedeao auraient fignolé un plan d’attaque du système Gbagbo. Reste que les politiques qui ont le dernier mot n’ont pas bougé. Puis on a requis la couverture des Nations unies. Le temps peut-être de noyer le poisson. Pourtant, en d’autre temps, et c’est au palmarès de l’Ua, on a réussi à chasser un putschiste du pouvoir en Sierra Leone, à Sao Tome et Principe puis plus récemment à Anjouan (Comores), un sortant qui a refusé de sortir, a été contraint à l’exil. Mais avouons que la Côte-d’Ivoire n’est pas Anjouan et que Laurent Gbagbo n’est pas Mohamed Bacar. A chaque fois que les Institutions africaines sont humiliées par les hommes et les femmes chargées de les animer, ces derniers se fragilisent eux-mêmes en même temps qu’ils exposent leur vulnérabilité. Si les Africains foulent au pied les décisions de l’Ua, qui d’autre s’y soumettrait. En tout cas, celles de la Communauté internationale disposent des gendarmes pour les imposer ou même les outrepasser, pourvu qu’elles s’accommodent de la hiérarchie de ceux qui gouvernent le monde. Tant pis pour ceux qui, à moins de fondre en un ensemble plus fort, n’ont aucune chance d’être lion parmi les lions.
Par Edgard Kaho
Mamadou Tandja et Laurent Gbagbo connaissent bien la Communauté régionale africaine, ses méandres et ses forces d’inertie. S’il ne tenait qu’à la Cedeao et à l’Ua, l’un et l’autre seraient encore en selle et les positions auraient évolué au fil du temps dans le sens de la validation tacite du fait accompli. A l’absence d’un leadership affirmé et du respect des normes collectivement établies, voilà comment des chefs d’Etat africains ont lessivé et érodé les pouvoirs des Institutions « supranationales », impuissantes lorsque la diplomatie fait long feu et qu’il faut contraindre par des moyens musclés. Dans le cas de la Côted’Ivoire, les chefs militaires de la Cedeao auraient fignolé un plan d’attaque du système Gbagbo. Reste que les politiques qui ont le dernier mot n’ont pas bougé. Puis on a requis la couverture des Nations unies. Le temps peut-être de noyer le poisson. Pourtant, en d’autre temps, et c’est au palmarès de l’Ua, on a réussi à chasser un putschiste du pouvoir en Sierra Leone, à Sao Tome et Principe puis plus récemment à Anjouan (Comores), un sortant qui a refusé de sortir, a été contraint à l’exil. Mais avouons que la Côte-d’Ivoire n’est pas Anjouan et que Laurent Gbagbo n’est pas Mohamed Bacar. A chaque fois que les Institutions africaines sont humiliées par les hommes et les femmes chargées de les animer, ces derniers se fragilisent eux-mêmes en même temps qu’ils exposent leur vulnérabilité. Si les Africains foulent au pied les décisions de l’Ua, qui d’autre s’y soumettrait. En tout cas, celles de la Communauté internationale disposent des gendarmes pour les imposer ou même les outrepasser, pourvu qu’elles s’accommodent de la hiérarchie de ceux qui gouvernent le monde. Tant pis pour ceux qui, à moins de fondre en un ensemble plus fort, n’ont aucune chance d’être lion parmi les lions.
Par Edgard Kaho