Pour son deuxième voyage en Afrique, le Pape s’est rendu au Bénin du 18 au 20 novembre, où il a abordé des sujets aussi préoccupants que la réconciliation, la justice et la paix sur le continent.
Nicaise Valéra Koba
Moins polémique que son premier voyage sur le continent, au Cameroun et en Angola, en 2009, le séjour du pape au Bénin a été réglé comme du papier à musique. Benoît XVI est officiellement au Bénin pour signer une «exhortation apostolique post synodale», document de conclusion du synode sur l`Afrique convoqué à Rome en 2009, afin de donner un nouvel élan à l`évangélisation de ce continent. En marge de la grand’messe ayant réuni plus de 50. 000 fidèles au stade de l’Amitié à Cotonou, le souverain pontife a remis un document de 140 pages, véritable charte pour l`avenir de l`Afrique, à des représentants de tous les pays africains qui ont fait le voyage de Cotonou. Ce qui offre à Benoît XVI l’occasion de s’adresser aux fidèles de son Eglise mais surtout aux dirigeants du continent, se faisant le porte-voix de la «revendication légitime» des peuples pour «une gouvernance limpide». «Nous nous trouvons en face d`une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d`humanité. L`homme veut que son humanité soit respectée et promue.
Les responsables politiques et économiques des pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu`ils ne peuvent plus éviter», souligne Benoît XVI. Son adresse n’est pas qu’un appel au respect de la dignité. C’est tout un programme : « la personne humaine… veut de bonnes écoles et de la nourriture pour les enfants, des hôpitaux dignes pour soigner les malades ». Les peuples, ajoute le pape, veulent aussi «une gouvernance limpide qui ne confonde pas l`intérêt privé avec l`intérêt général». Le souverain pontife est au coeur de la gouvernance en Afrique : «en ce moment il y a trop de scandales et d`injustices, trop de corruption et d`avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. (…) Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance», déclare-t-il dans un discours devant des responsables béninois, dont le président Thomas Boni Yayi, et le corps diplomatique. Dans ce tableau sombre, la responsabilité des africains n’est que partielle, semble soutenir Benoît XVI qui interpelle sans ménagement tous ceux qui sont aveuglés par une «vision négative issue d`une analyse chagrine» qui ne retient «que ce qui ne va pas» sur le continent. Ou qui, sur «le ton sentencieux du moralisateur ou de l`expert», finissent par «imposer leurs conclusions» et qui considèrent l’Afrique «comme un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles ».
A ces «visions réductrices» qui aboutissent à une «chosification peu convenable de l`Afrique», Benoît XVI oppose la force de l’espérance. Et de clarifier : «lorsque je dis que l`Afrique est le continent de l`espérance, je ne fais pas de la rhétorique facile, mais j`exprime une conviction personnelle qui est également celle de l`Eglise ». Une conviction, qui représente avant tout, le refus des «préjugés» sur l`Afrique.
Discours sans controverse sur le sida
Malgré le poids de l’âge et de la fatigue, Benoît XVI a, tout au long de son séjour au Bénin, utilisé le langage de la fermeté. Sans verser dans la polémique qui a caractérisé son premier voyage en Afrique où son discours sur le préservatif a soulevé de vives contestations. «Entre ses deux visites sur le continent, analyse Odon Vallet, historien français des religions, le discours a évolué. On peut même considérer que le déplacement au Cameroun, en mars 2009, était une sorte de rodage». Le rodage a plutôt bien marché, permettant à Benoît XVI de se prononcer sur le mal du siècle sans «choquer». Dans un continent où le nombre de catholiques est celui qui croît le plus vite et le taux d’infection au Vih est le plus élevé - 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde -, le souverain pontife estime que le sida exige «une réponse médicale et pharmaceutique» mais qu’il est un problème «avant tout éthique» qui requiert un « changement de comportement ». Dans l`«Exhortation apostolique» sur l`Afrique où le mot « préservatif » est soigneusement absent. Le pape Benoît XVI est resté dans la droite ligne de la doctrine du Vatican sur cette question, proposant que l`abstinence, «le refus de la proximité sexuelle» et la fidélité dans le mariage soient les meilleures façons de combattre l`épidémie.
Nicaise Valéra Koba
Moins polémique que son premier voyage sur le continent, au Cameroun et en Angola, en 2009, le séjour du pape au Bénin a été réglé comme du papier à musique. Benoît XVI est officiellement au Bénin pour signer une «exhortation apostolique post synodale», document de conclusion du synode sur l`Afrique convoqué à Rome en 2009, afin de donner un nouvel élan à l`évangélisation de ce continent. En marge de la grand’messe ayant réuni plus de 50. 000 fidèles au stade de l’Amitié à Cotonou, le souverain pontife a remis un document de 140 pages, véritable charte pour l`avenir de l`Afrique, à des représentants de tous les pays africains qui ont fait le voyage de Cotonou. Ce qui offre à Benoît XVI l’occasion de s’adresser aux fidèles de son Eglise mais surtout aux dirigeants du continent, se faisant le porte-voix de la «revendication légitime» des peuples pour «une gouvernance limpide». «Nous nous trouvons en face d`une revendication légitime qui touche tous les pays, pour plus de dignité, et surtout pour plus d`humanité. L`homme veut que son humanité soit respectée et promue.
Les responsables politiques et économiques des pays se trouvent placés devant des décisions déterminantes et des choix qu`ils ne peuvent plus éviter», souligne Benoît XVI. Son adresse n’est pas qu’un appel au respect de la dignité. C’est tout un programme : « la personne humaine… veut de bonnes écoles et de la nourriture pour les enfants, des hôpitaux dignes pour soigner les malades ». Les peuples, ajoute le pape, veulent aussi «une gouvernance limpide qui ne confonde pas l`intérêt privé avec l`intérêt général». Le souverain pontife est au coeur de la gouvernance en Afrique : «en ce moment il y a trop de scandales et d`injustices, trop de corruption et d`avidité, trop de mépris et de mensonges, trop de violences qui conduisent à la misère et à la mort. (…) Chaque peuple veut comprendre les choix politiques et économiques qui sont faits en son nom. Il saisit la manipulation, et sa revanche est parfois violente. Il veut participer à la bonne gouvernance», déclare-t-il dans un discours devant des responsables béninois, dont le président Thomas Boni Yayi, et le corps diplomatique. Dans ce tableau sombre, la responsabilité des africains n’est que partielle, semble soutenir Benoît XVI qui interpelle sans ménagement tous ceux qui sont aveuglés par une «vision négative issue d`une analyse chagrine» qui ne retient «que ce qui ne va pas» sur le continent. Ou qui, sur «le ton sentencieux du moralisateur ou de l`expert», finissent par «imposer leurs conclusions» et qui considèrent l’Afrique «comme un énorme réservoir énergétique, minéral, agricole et humain facilement exploitable pour des intérêts souvent peu nobles ».
A ces «visions réductrices» qui aboutissent à une «chosification peu convenable de l`Afrique», Benoît XVI oppose la force de l’espérance. Et de clarifier : «lorsque je dis que l`Afrique est le continent de l`espérance, je ne fais pas de la rhétorique facile, mais j`exprime une conviction personnelle qui est également celle de l`Eglise ». Une conviction, qui représente avant tout, le refus des «préjugés» sur l`Afrique.
Discours sans controverse sur le sida
Malgré le poids de l’âge et de la fatigue, Benoît XVI a, tout au long de son séjour au Bénin, utilisé le langage de la fermeté. Sans verser dans la polémique qui a caractérisé son premier voyage en Afrique où son discours sur le préservatif a soulevé de vives contestations. «Entre ses deux visites sur le continent, analyse Odon Vallet, historien français des religions, le discours a évolué. On peut même considérer que le déplacement au Cameroun, en mars 2009, était une sorte de rodage». Le rodage a plutôt bien marché, permettant à Benoît XVI de se prononcer sur le mal du siècle sans «choquer». Dans un continent où le nombre de catholiques est celui qui croît le plus vite et le taux d’infection au Vih est le plus élevé - 70% des quelque 34 millions de séropositifs dans le monde -, le souverain pontife estime que le sida exige «une réponse médicale et pharmaceutique» mais qu’il est un problème «avant tout éthique» qui requiert un « changement de comportement ». Dans l`«Exhortation apostolique» sur l`Afrique où le mot « préservatif » est soigneusement absent. Le pape Benoît XVI est resté dans la droite ligne de la doctrine du Vatican sur cette question, proposant que l`abstinence, «le refus de la proximité sexuelle» et la fidélité dans le mariage soient les meilleures façons de combattre l`épidémie.