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Société Publié le mardi 6 mars 2012 | Nord-Sud

Revendications salariales / Comment calmer les syndicats ?

La grogne se fait de plus en plus bruyante du côté des syndicats du secteur public. Il faut craindre que des acteurs passent de la parole à l’acte.

Est-ce la fin de la période de grâce ? Le 3 avril, l’ère Ouattara pourrait connaître sa première véritable grève. Réunie en assemblée générale, samedi, la coordination des personnels de santé a décidé d’observer un arrêt de travail. Les détails pratiques seront précisés dans le préavis qui devrait être déposé auprès de la tutelle le 16 mars. Si cette menace est mise à exécution, les médecins, infirmiers, sages-femmes et autres techniciens de laboratoires vont abandonner les malades dans les hôpitaux publics. Ils réclament l’entrée en vigueur des revalorisations salariales conclues sous l’ancien régime. Ils demandent principalement 400 points d’indice pour les cadres supérieurs et 150 points pour le personnel technique. En numéraire, les médecins auront environ 266 000 F par mois au lieu de 173 000 F, et les infirmiers 157 000 F au lieu de 123 000 F. Les syndicalistes disent avoir entrepris plusieurs démarches auprès des ministères de la Santé, de la Fonction publique et de l’Economie. Mais ils regrettent d’être tournés en bourrique. Les bases ont finalement recommandé la fermeté aux leaders. D’autres corporations sont dans l’anti-chambre. Les personnels des secteurs éducation et formation sont encore moins bruyants. Au titre du budget 2012, leur ministre, Kandia Camara, vient de leur promettre une enveloppe globale de 2 milliards sur les 6 milliards de rappel du certificat d’aptitude pédagogique (Cap). Au début des années 90, toute une génération d’enseignants a validé ce diplôme sans en bénéficier des effets financiers. Mais ce rappel suffira-t-il à calmer la corporation ? L’appétit vient en mangeant, dit-on. Instituteurs et enseignants du secondaire n’ont pas encore obtenu l’entière application de leurs acquis salariaux des luttes précédentes.

Tuer la grogne dans l’œuf

Ils attendent toujours la deuxième moitié des effets financiers de leurs nouvelles classes catégorielles.
Le coût évolutif est déjà évalué à près de 30 milliards de Fcfa. Depuis Laurent Gbagbo, pour faire face à cette augmentation de la masse salariale-puisque d’autres secteurs du public sont concernés- l’Etat compte sur les retombées de l’annulation de la dette extérieure. A savoir, les dividendes de la fameuse initiative Pays pauvres très endettés(Ppte). La Côte d’Ivoire, on le sait, y a déjà été déclarée éligible. Elle n’attend plus que le point d’achèvement. Mais celui-ci tarde. D’ici là, comment préserver le calme ? Comme des enfants d’un même père, les syndicats de l’Etat ont l’habitude d’agir les uns en fonction des autres. Il serait donc bon de faire en sorte que la grève des agents de santé n’ouvre pas cette malheureuse spirale. Il faut faire en sorte qu’elle n’ait pas lieu. Et les autorités en ont les moyens. Il suffit d’engager un dialogue franc et sincère avec la coordination qui se sent méprisée. La vérité est que le blocage est désormais d’ordre financier. Les syndicalistes eux-mêmes le savent. A défaut d’obtenir des réponses immédiates à leurs attentes, ils attendent que des promesses concrètes leur soient faites. Ce qui n’était pas le cas jusque-là, et qui va certainement l’être avec la menace de grève. Pourquoi attendre toujours que les choses atteignent des stades où les concessions deviennent difficiles pour agir? N’est-ce pas l’anticipation des négociations qui a abouti au mémorandum entre la ministre de l’Education et ses syndicats ? La colère des agents de la santé a été retardée par les rencontres initiées par le conseiller du Premier ministre chargé des syndicats, Félicien Sékongo. Des rencontres qui ont été parfois mal vues voire critiquées par des ministères concernés. Des ministères pourtant incapables eux-mêmes de réussir ce dialogue. Par ailleurs, des ministres qui ont tenté l’anticipation n’ont pas obtenu, au sommet de l’Etat, des réponses qui leur permettent de faire des propositions concrètes à leurs syndicats à l’image de la ministre de l’Education. Ce type de confusion déplorée dans le passé doit prendre fin pour que les travailleurs n’aient pas le sentiment qu’ils sont des laissés-pour-compte de la normalisation.

Cissé Sindou
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