Présents dans les gares, sur les grandes artères, ils vendent des mouchoirs à la criée. Visiblement, ça marche plutôt bien, parce que les produits s’arrachent comme de petits pains. La chaleur et surtout le besoin de monnaie sont les véritables adjuvants de ces vendeurs peu ordinaires, qui vont jusque dans les véhicules pour chercher des clients. Tout en faisant le bonheur des passagers et autres usagers, ils assurent leur pitance.
« Y a kleenex ! 1000F, 2000, y a monnaie ! ». Deux phrases banales rabâchées à longueur de journée pour aguicher les clients. Une litanie ou presque pour Mlle Fatoumata, qui exerce cette activité depuis cinq ans maintenant. Agée de 20 ans et résidant à Ayama, commune jouxtant Abidjan dans sa partie Nord, cette jeune fille d’origine malienne est, chaque matin, au rendez-vous à la gare routière d’Adjamé, vendre des mouchoirs jetables, plus connus sous l’appellation de ‘’ kleenex ’’. Se faufilant entre taxis et gbakas (minicars), elle propose ses articles aux usagers, avec une humeur bon enfant, qui ne laisse personne indifférent. Elle a l’air de s’y plaire. Plusieurs autres filles de son âge ou d’âges avancés sont dans le starting-block. De jeunes garçons aussi. Ils ont découvert ce commerce informel, qui intéresse un grand nombre d’Abidjanais et génère forcément des devises. En effet, dans un pays tropical comme la Côte d’Ivoire, où la température moyenne avoisine les 28 degrés, la sueur est monnaie-courante ; et le besoin de s’éponger réel. Mais, si la vente de mouchoirs jetables connaît un essor captivant, c’est bien plus pour une raison qui va au-delà du simple besoin de s’éponger. En l’occurrence, la recherche de la monnaie. Les usagers des véhicules de transports, confrontés à un besoin crucial de petite monnaie, sont obligés de se rabattre sur les mouchoirs. Lorsque pour un achat de 100 FCFA, ils brandissent un billet de 1000 FCFA, le problème est vite réglé. C’est que, dans leurs besaces, les vendeurs de mouchoirs ont presque toujours la solution magique : les pièces de 100, 200, 250 et 500 FCFA s’y trouvent à profusion.
Plusieurs manières d’avoir la monnaie
Ce jeudi 22 mars 2012, Diallo Seydou, qui veut rallier Marcory à partir d’Adjamé, laisse filer, à son corps défendant, un taxi sur le départ. Faute de monnaie. Disposant d’un billet de 1000 FCFA, il a besoin d’une pièce de 100 FCFA pour faciliter l’échange avec le conducteur. Le prix du transport étant fixé à 600 FCFA. Impuissant, il peut rester là à attendre, pendant de longues minutes. Heureusement, Coulibaly Mariam est là. La demoiselle de 27 ans lui fait la monnaie de 500 FCFA pour un achat de 100 FCFA. L’homme est tout naturellement content. « J’ai raté le précédent taxi parce que je n’avais pas la monnaie. J’ai dû payer un kleenex. Mon problème est réglé. Je peux maintenant partir tranquillement », se réjouit-il. Ajoutant, par la suite que « ces vendeurs sont d’un grand apport. Ils nous permettent d’emprunter tranquillement les taxis et gbakas ». Chauffeur de taxi, Bah Marius appuie ces propos. « Aujourd’hui, il y a un véritable problème de monnaie, surtout pour nous les transporteurs. En cela, ces vendeurs qui en disposent en permanence nous facilitent la tâche. Nous sommes en parfaite collaboration avec eux ». Et pourtant, la question qu’on pourrait légitiment se poser est la suivante: « Où ces vendeurs de mouchoirs trouvent-ils les nombreuses pièces de monnaie ? ». Fatoumata, la vendeuse la plus entreprenante du périmètre situé derrière la gare STIF, n’y fait aucun mystère. « Nous prenons ça avec les chauffeurs de gbaka, confie-t-elle. Nous les attendons dans les stations, aux heures de pointe pour faire la monnaie, avant qu’ils ne paient l’essence à la pompe ». Ces rendez-vous, renchérit la jeune demoiselle, ont lieu trois fois par jour : 10h, 20h et 21h. En général, elles obtiennent les pièces gratuitement. Mais, au dire de Coulibaly Mariam, d’aucuns y voient un fonds de commerce. Ainsi, les monnaies sont souvent vendues au prorata du montant disponible et des personnes. Il y a ainsi un change de 5000 FCFA, contre 200 FCFA; voire même 5000 FCFA contre 500 FCFA.
Un bon petit business
Comme dans toutes les gares d’Abidjan, les vendeurs rivalisent d’ardeur. Parce qu’il s’agit d’un véritable gagne pain. On en retrouve plus d’une dizaine à chaque terminal de taxis communaux ou de gbakas. Tôt le matin, ils se ravitaillent dans les boutiques. Achètent un paquet de ‘’kleenex’’. Les prix varient en fonction de la qualité des mouchoirs. Mais, quelle que soit la catégorie, le bénéfice réalisé sur un paquet est de 500 FCFA. Dynamique, Fatoumatou écoule près de six (6) paquets de dix (10) ‘’kleenex’’ par jour. Soit un bénéfice quotidien de 3000 FCFA. Hier matin, à notre passage, elle en était déjà à quatre (4) paquets vendus. Et s’apprêtait à aller chercher un cinquième. Sa copine Mariam, qui vend, elle, de l’eau en sachets, est moins productive. Elle peut écouler tout au plus deux (2) paquets par jour. Qu’importe, toutes les deux, comme les autres vendeurs de mouchoirs, ont trouvé leur petit business. « Ça nous permet de faire face à nos petits besoins », soutiennent-elles. Mais, en réalité ce n’est qu’un tremplin. Mariam, par exemple, veut, sur la base de cette activité transitoire, s’offrir, à long terme, un magasin de produits cosmétiques et de mèches. Ça s’appelle avoir de l’ambition. En attendant, elle fait, comme Fatoumata, le bonheur de tous ces usagers confrontés à des difficultés de monnaie.
MARTIAL GALE
« Y a kleenex ! 1000F, 2000, y a monnaie ! ». Deux phrases banales rabâchées à longueur de journée pour aguicher les clients. Une litanie ou presque pour Mlle Fatoumata, qui exerce cette activité depuis cinq ans maintenant. Agée de 20 ans et résidant à Ayama, commune jouxtant Abidjan dans sa partie Nord, cette jeune fille d’origine malienne est, chaque matin, au rendez-vous à la gare routière d’Adjamé, vendre des mouchoirs jetables, plus connus sous l’appellation de ‘’ kleenex ’’. Se faufilant entre taxis et gbakas (minicars), elle propose ses articles aux usagers, avec une humeur bon enfant, qui ne laisse personne indifférent. Elle a l’air de s’y plaire. Plusieurs autres filles de son âge ou d’âges avancés sont dans le starting-block. De jeunes garçons aussi. Ils ont découvert ce commerce informel, qui intéresse un grand nombre d’Abidjanais et génère forcément des devises. En effet, dans un pays tropical comme la Côte d’Ivoire, où la température moyenne avoisine les 28 degrés, la sueur est monnaie-courante ; et le besoin de s’éponger réel. Mais, si la vente de mouchoirs jetables connaît un essor captivant, c’est bien plus pour une raison qui va au-delà du simple besoin de s’éponger. En l’occurrence, la recherche de la monnaie. Les usagers des véhicules de transports, confrontés à un besoin crucial de petite monnaie, sont obligés de se rabattre sur les mouchoirs. Lorsque pour un achat de 100 FCFA, ils brandissent un billet de 1000 FCFA, le problème est vite réglé. C’est que, dans leurs besaces, les vendeurs de mouchoirs ont presque toujours la solution magique : les pièces de 100, 200, 250 et 500 FCFA s’y trouvent à profusion.
Plusieurs manières d’avoir la monnaie
Ce jeudi 22 mars 2012, Diallo Seydou, qui veut rallier Marcory à partir d’Adjamé, laisse filer, à son corps défendant, un taxi sur le départ. Faute de monnaie. Disposant d’un billet de 1000 FCFA, il a besoin d’une pièce de 100 FCFA pour faciliter l’échange avec le conducteur. Le prix du transport étant fixé à 600 FCFA. Impuissant, il peut rester là à attendre, pendant de longues minutes. Heureusement, Coulibaly Mariam est là. La demoiselle de 27 ans lui fait la monnaie de 500 FCFA pour un achat de 100 FCFA. L’homme est tout naturellement content. « J’ai raté le précédent taxi parce que je n’avais pas la monnaie. J’ai dû payer un kleenex. Mon problème est réglé. Je peux maintenant partir tranquillement », se réjouit-il. Ajoutant, par la suite que « ces vendeurs sont d’un grand apport. Ils nous permettent d’emprunter tranquillement les taxis et gbakas ». Chauffeur de taxi, Bah Marius appuie ces propos. « Aujourd’hui, il y a un véritable problème de monnaie, surtout pour nous les transporteurs. En cela, ces vendeurs qui en disposent en permanence nous facilitent la tâche. Nous sommes en parfaite collaboration avec eux ». Et pourtant, la question qu’on pourrait légitiment se poser est la suivante: « Où ces vendeurs de mouchoirs trouvent-ils les nombreuses pièces de monnaie ? ». Fatoumata, la vendeuse la plus entreprenante du périmètre situé derrière la gare STIF, n’y fait aucun mystère. « Nous prenons ça avec les chauffeurs de gbaka, confie-t-elle. Nous les attendons dans les stations, aux heures de pointe pour faire la monnaie, avant qu’ils ne paient l’essence à la pompe ». Ces rendez-vous, renchérit la jeune demoiselle, ont lieu trois fois par jour : 10h, 20h et 21h. En général, elles obtiennent les pièces gratuitement. Mais, au dire de Coulibaly Mariam, d’aucuns y voient un fonds de commerce. Ainsi, les monnaies sont souvent vendues au prorata du montant disponible et des personnes. Il y a ainsi un change de 5000 FCFA, contre 200 FCFA; voire même 5000 FCFA contre 500 FCFA.
Un bon petit business
Comme dans toutes les gares d’Abidjan, les vendeurs rivalisent d’ardeur. Parce qu’il s’agit d’un véritable gagne pain. On en retrouve plus d’une dizaine à chaque terminal de taxis communaux ou de gbakas. Tôt le matin, ils se ravitaillent dans les boutiques. Achètent un paquet de ‘’kleenex’’. Les prix varient en fonction de la qualité des mouchoirs. Mais, quelle que soit la catégorie, le bénéfice réalisé sur un paquet est de 500 FCFA. Dynamique, Fatoumatou écoule près de six (6) paquets de dix (10) ‘’kleenex’’ par jour. Soit un bénéfice quotidien de 3000 FCFA. Hier matin, à notre passage, elle en était déjà à quatre (4) paquets vendus. Et s’apprêtait à aller chercher un cinquième. Sa copine Mariam, qui vend, elle, de l’eau en sachets, est moins productive. Elle peut écouler tout au plus deux (2) paquets par jour. Qu’importe, toutes les deux, comme les autres vendeurs de mouchoirs, ont trouvé leur petit business. « Ça nous permet de faire face à nos petits besoins », soutiennent-elles. Mais, en réalité ce n’est qu’un tremplin. Mariam, par exemple, veut, sur la base de cette activité transitoire, s’offrir, à long terme, un magasin de produits cosmétiques et de mèches. Ça s’appelle avoir de l’ambition. En attendant, elle fait, comme Fatoumata, le bonheur de tous ces usagers confrontés à des difficultés de monnaie.
MARTIAL GALE