Motus : Recul

En 1991, il a été le libérateur du Mali qui sombrait sous la dictature du Général Moussa Traoré. Avec responsabilité, il a reconnu sa mission et a mis fin au supplice de son peuple, avant de remettre le pouvoir à un régime civil. Amadou Toumani Touré était alors entré dans la lignée des grands hommes qui font l’histoire. Il était cité en exemple sous tous les cieux et c’est à juste titre que les Maliens l’ont porté à la tête de la République au lendemain des deux mandats du Pr Alpha Oumar Konaré. A un mois de la fin de son deuxième mandat, le dernier du reste, le Général Amadou Toumani Touré dit ATT vient d’être renversé par des mutins. Quand le mouvement a commencé à Bamako, les manifestants ont dit qu’ils voulaient des armes pour aller libérer une partie du pays, aux mains des rebelles Touareg. Les esprits avertis savaient que le ver était dans le fruit. Les militaires fonctionnent toujours ainsi sur le continent noir. Ils mettent toujours en avant un paravent, pour mieux distraire les gouvernants. En tout cas, tout le monde savait que s’en était fini pour le libérateur d’hier. Ainsi donc, à un mois du premier tour de l’élection présidentielle, un pronunciamiento vient d’être opéré dans un pays que l’on pensait à l’abri de telles convulsions. Après avoir été le héros il y a deux décennies, ATT est en train de sortir par la petite porte. On aurait bien voulu un meilleur destin pour ce Général qui a sauvé son peuple à un moment de son histoire tumultueuse. Cependant, nul n’échappe à son sort. Il faut espérer que les soldats qui arrivent sans invitation, ne mettent pas en péril les avancées démocratiques et surtout ne renvoient pas l’élection présidentielle tant attendue aux calendes grecques. Ou tout simplement que leur tête de file ne fasse pas acte de candidature comme on l’a vu chez nous il y a un peu plus d’une décennie. Assurément, ce qui vient de se passer au Mali est franchement déroutant. Comment une nation qu’on citait comme un modèle de démocratie et d’alternance a-t-il pu prendre un tel raccourci ? Les chemins de la démocratie ne sont vraiment pas des lignes droites