Le chef de l’Etat s’est exprimé longuement le vendredi dernier sur les questions liées à la situation actuelle de notre pays, sous la forme d’une interview diffusée sur les antennes de la Rti. L’opération de communication a été montée de bout en bout par deux entreprises de communication (Voodoo et Boss Playa) et la Rti n’a fourni que quelques moyens techniques et le budget. Elle n’a pas été associée à « l’affaire », on se demande bien pourquoi. Et les deux journalistes, Brou Aka Pascal (président du conseil d’administration de la Rti) et Agnès Kraidy de « Fraternité Matin » ont été cooptés par les deux entreprises de communication avec l’accord du château. Le directeur général de la Rti n’a pas eu son mot à dire. C’est cela aussi les conséquences du mode de recrutement. Et comme quoi, les journalistes en service actuellement à la Rti savent à présent l’estime dont ils jouissent du côté du château, quant à leur professionnalisme. Bref, l’interview a été diffusée et les Ivoiriens, pour ceux qui regardent encore la Rti après le journal de 20 heures, ont écouté les explications de leur président sur plusieurs sujets brulants de l’actualité nationale et chacun a sans doute eu son petit jugement. Dans la presse écrite pro-Gbagbo, les commentaires ont été logiquement, tous négatifs. «1ère interview de Ouattara à la RTI : Gros mensonges et affabulations», («Notre Voie»). « Balbutiement à la télévision, Ouattara avoue enfin son incapacité », («Le Temps ») dont le directeur général est toujours détenu à la DST. Du côté de la presse pro-Ouattara, son de cloche tout à fait différent. «Interview télévisée du chef de l’Etat : la victime qui demande pardon. Une leçon d’humilité face à l’arrogance du Fpi», («Le Patriote»). «Alassane Ouattara après un an au pouvoir : une démonstration de rupture, du dialogue et de l’humilité. Le président Ouattara redonne espoir aux Ivoiriens. Le président Ouattara convaincant et rassurant», («Le Nouveau Réveil»). Au-delà de ces positions, de l’ensemble des propos tenus par le chef de l’Etat, il ressort un constat inquiétant. Le chef de l’Etat donne l’impression de quelqu’un qui est totalement pris en otage et qui n’entend plus la clameur qui monte. «Soit le président est très mal informé, soit il est entouré de personnes qui n’ont peut-être pas les mêmes objectifs que lui et alors il devrait faire extrêmement attention», c’est là, le commentaire d’un diplomate et nous sommes d’avis avec lui. La rupture d’avec les anciennes pratiques des régimes passés n’est pas encore effective. Ouattara 1er peut être préoccupé par la recherche des moyens financiers pour résoudre les problèmes de ses concitoyens, mais avec les pratiques qui ont cours en ce moment dans l’administration, dans les ministères, tous ses efforts ne produiront aucun effet sur le terrain s’il ne prend pas de façon urgente des dispositions pour contrôler l’usage qui est fait des ressources publiques dans les structures de l’Etat (cas du PSCN, lire pages 6-7…) Toutes les pratiques qui ont été dénoncées sous Laurent Gbagbo sont, après un moment de latence, revenues avec force.
L’appareil judiciaire par exemple, continue avec ses mauvaises pratiques et tout se passe à présent comme si chacun est convaincu que l’impunité est totale. Pourtant, le président, s’appuyant sans doute sur des rapports qui lui sont faits au quotidien, dit que tout va bien, que chacun de ses collaborateurs directs fait parfaitement son travail. Qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Pourvu que cette équipe ne conduise pas le capitaine dans le trou.
A.T.
L’appareil judiciaire par exemple, continue avec ses mauvaises pratiques et tout se passe à présent comme si chacun est convaincu que l’impunité est totale. Pourtant, le président, s’appuyant sans doute sur des rapports qui lui sont faits au quotidien, dit que tout va bien, que chacun de ses collaborateurs directs fait parfaitement son travail. Qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Pourvu que cette équipe ne conduise pas le capitaine dans le trou.
A.T.
