Les syndicats des travailleurs du secteur de l’emballage ne sont pas contents des pratiques déloyales de certains agro-industriels spécialisés dans le secteur sucrier ivoirien. En l’occurrence la Sucaf, filiale du Groupe Castel. Selon les informations qui nous reviennent, «l’Etat de Côte d’Ivoire consent depuis quelques années, de nombreuses exonérations fiscales, notamment au titre de la Tva d’une part, et la protection des industriels locaux, à travers d’importantes taxes d’entrée imposées aux importateurs par l’Etat de Côte d’Ivoire d’autre part. Sans oublier la mesure d’interdiction d’importation de sucre depuis 2004». Il est bon de rappeler à titre d’exemple, que la mesure de suspension temporaire d’importation de sucre en vigueur depuis 2004, a été renouvelée depuis le 19 juillet 2010. Si l’on se réfère à la note circulaire N°1461 du 19 juillet 2010 de la Direction générale des Douanes Ivoiriennes. Note prise conformément à l’arrêté interministériel N° 009Mc/Mipsp/Mef/Ma du 4 juin 2010 portant suspension temporaire d’importation de sucre. A cette mesure, il convient d’ajouter l’institution d’une Taxe conjoncturelle importation (Tci) par la décision N°1054/03/Com/Uemoa sur le sucre en Côte d’lvoire. Ces mesures faut-il le préciser, ont pour objectif premier de permettre aux producteurs locaux de sucre de produire, lutter contre la fraude et vendre dans les meilleures conditions possibles sur un marcher bien protégé. Malheureusement, en retour, ces industriels sucriers dont Sucaf, ne font pas travailler les usines locales pour l’approvisionnement en intrants, notamment en ce qui concerne les emballages et les pièces de rechange, alors que les entreprises locales du secteur de l’emballage qui font travailler des milliers d’Ivoiriens et aident à la lutte contre la pauvreté. Deuxième motif de griefs contre l’entreprise mise en cause, c’est sa forte propension à se tourner carrément vers l’extérieur dans ses opérations d’approvisionnement en emballage et autres pièces de rechanges. «Ce sont tous ces besoins en sacherie et en pièces de rechange qui se font à travers ses propres centrales d’achats installées en Europe qui surfacturent ces produits et qui permettent ainsi à Sucaf de conserver ses grosses marges en Europe au détriment de l’Etat Ivoirien. Ces marges illicites sont ainsi épargnées de taxes», précise une source. Or, faisant tant de facilités, d’exonérations au titre de la Tva, et l’instauration de mesures d’interdiction d’importer le sucre, l’Etat attend de ces industries sucrières et donc des opérateurs privés, une participation à l’économie du pays, et non à son sa déstructuration. Ce qui apparemment, ne semble pas être le cas. Car, à la longue, il y va de la suppression de milliers d’emplois dans l’industrie de l’emballage en Côte d’Ivoire. C’est à juste titre que des employés et des syndicats des travailleurs du secteur de l’emballage rencontrés tiennent à interpeller le gouvernement ivoirien quand ils disent : «l’Etat ivoirien, à travers les ministères de l’Economie et des finances, du Commerce et de l’Industrie doit être assez vigilant au risque de se faire gruger. En mettant en place, un suivi rigoureux de la gestion interne de ces sociétés qui bénéficient de sa protection».
Bamba Mafoumgbé
Bamba Mafoumgbé