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Société Publié le mardi 24 avril 2012 | L’Inter

Reportage / Parcs et réserves : Ce que cache la forêt du Banco - Cette plante qui menace sa survie

© L’Inter Par G. Kouessan
Forêt classée : Le ministre Nabo Clément supervise l`opération de déguerpissement.
Le ministère des eaux et forêts et la sodefor ont procédé à une vaste opération de déguerpissement sur les sites des forêts classées d`Anguédédou le vendredi 31 decembre 2011 supervisée par Le ministre Nabo Clément.
Erigé en parc national en 1953, le parc national du Banco est un massif forestier de 3.474 hectares situé au cœur de la ville d’Abidjan. Jadis considéré comme un nid de bandits, ce parc a connu plusieurs aménagements pour devenir aujourd’hui un lieu d’attraction, un site touristique, malheureusement méconnu des Ivoiriens. Une incursion en ce lieu aux allures paradisiaques, nous a permis de découvrir ses merveilles et sa face cachée. Reportage.
Pour se rendre au parc national du Banco, à cheval sur les communes de Yopougon, Abobo, Attécoubé et Adjamé, trois voies d’accès s’offrent aux visiteurs. D’abord, l’entrée par l`autoroute du nord, au niveau de l`échangeur du pont de ``Mossikro``, puis les entrées sud et enfin ouest qui se trouve du côté de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Pour notre visite-découverte des lieux, nous optons pour l`entrée ``autoroute du nord`` qui est en pleine construction. Parvenue au poste de surveillance à 9h20mn ce vendredi 6 avril 2012, nous sommes accueilli par un groupe d’officiers des Eaux et forêts détachés à l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR). Il s’agit des capitaines Richard Zouo, Coordonnateur de la Brigade mobile, Gervais Bomisso, chef secteur du parc et Yéo Kassoum. Le dernier cité, à savoir le capitaine Yéo, nous sert de guide pour la circonstance. ‘’Ces paillotes en construction ont été financées par l’Etat ivoirien avec le soutien de l’ambassade du Japon. A droite, vous avez la billetterie et l’accueil. A gauche, il y a la salle d’exposition et plus en arrière, le restaurant’’, a-t-il présenté, avant de nous engager dans l’antre du parc national du Banco.
Ces sites touristiques !
Une forêt dense avec une piste tellement étroite que les feuillages s’entrelacent pour donner l’image d’un tunnel. Nous passons une quinzaine de minutes de route en voiture pour parvenir au centre du parc, à un carrefour. La voie laisse apparaître des morceaux de bitume par endroits. Les responsables de l`OIPR nous renseignent que cette voie a été, jadis, bitumée grâce à une âme généreuse. ``Cette voie longue de 15 Km a été bitumée grâce à l`épouse de l`ancien président de France, Georges Pompidou``, ont-ils révélé ajoutant qu`elle est tombée en désuétude depuis des décades. C`est d`ailleurs à cet endroit précis que l’on note les premières présences humaines. Des maisons de fortune y sont construites où vivent des familles. Interrogés, les agents de l’OIPR nous rassurent qu’il s’agit des familles du personnel de l`École forestière implantée au sein du parc. Un regard circulaire permet de constater l’existence de plusieurs panneaux indicatifs orientant le visiteur. Notre guide de circonstance invite notre équipe de reportage à amorcer la «Route des Avodirés» à la droite. Après quelques mètres de route, la délégation parvient dans un espace aménagé avec des bancs en béton. ‘’Tout le monde descend. La visite pédestre commence par ici’’, nous a enjoint le guide. Mais avant, ce dernier et les autres officiers de l’OIPR, nous donnent le plan du parc avec ses sites à découvrir à partir d’un tableau mobile installé sous un préau et offert par un club service international. Après cette brève escale, notre équipe de reportage décide de visiter des sites touristiques triés sur le volet. D’abord, la maison du gouverneur Reste (premier gestionnaire du parc), qui est une bâtisse perchée en hauteur et érigée en éco-musée ; puis les trois étages, la piscine naturelle ; ensuite, le site des rituels qui permet, dit-on, à la population abidjanaise de perpétuer ses traditions ancestrales. Et surtout, l`École forestière de la région ouest-africaine qui a ouvert ses portes en 1937.
Un arbre de 500 ans d`existence
Mais avant de parvenir à cette école située «Route de l’inspecteur Martineau», nous passons un pont jeté sur la rivière Banco. Et là, nos hôtes nous apprennent que la forêt du Banco doit son nom à cette rivière qui prend sa source à l’intérieur du parc. ‘’Lorsqu’on voit que la rivière est salle, c’est qu’il a plu à Abobo. Et quand il pleut de trop, il y a immédiatement inondation de la Baie qui est en aval’’, a commenté au passage le chef secteur, le capitaine Bomisso, qui nous a conduit à l’entrée de l’école forestière. Une école qui, selon lui, a formé tous les forestiers de l’Afrique de l’Ouest. Mais qui ne tourne plus à plein régime du fait de la crise post-électorale ayant occasionné le départ des frères venus des autres pays d`Afrique. Cependant, a-t-il rassuré, cette école continue de former les agents techniques des Eaux et Forêts de la Côte d`Ivoire. Après la visite de ces infrastructures aux architectures coloniales, notre équipe s’est ensuite intéressée à certaines essences du parc en se rendant à l’arboretum qui est une collection vivante d’arbres de 12,6 hectares créée en 1931 et comprenant 94 parcelles. ‘’Le parc national du Banco qui a subi des aménagements, est un véritable musée vivant de plantes. Les arbres proviennent de l’Amérique Latine et centrale, sans oublier ceux provenant de toute l’Afrique. Ces arbres sont regroupés par séries et par parcelles’’ , a indiqué le capitaine Yéo Kassoum, avant de nous conduire au pied d’un gros arbre dominant tous les autres dans les parages. ‘’Cet arbre s’appelle le Kossipo. Il est impressionnant et est âgé de 500 ans avec 250 cm de diamètre’’, a-t-il révélé, non sans préciser que chaque arbre a, à ses pieds, une pancarte avec des références servant à la formation des forestiers. Poursuivant, notre guide a fait savoir que le Parc a connu une mauvaise expérience à travers les visites guidées, en dévoilant le nom d’une espèce très sollicitée dans la pharmacopée africaine. ‘’Au cours d’une visite guidée, nous avons eu la malchance de montrer le cure-dent Gouro (Ndlr ; sorte d`aphrodisiaque) aux visiteurs. Ils sont venus tout couper et déraciner, de sorte que nous évitons désormais de montrer certaines espèces d’arbres...’’, a regretté notre guide en arborant un large sourire.
Comment la sécurité est assurée
Cette menace qui pèse sur la conservation de certaines espèces du parc a conduit notre équipe de reportage à poser le délicat problème de la sécurisation du parc national du Banco. Car, il n’y a pas seulement que la faune et la flore qui font l’objet d’agression ; il y a également la sécurité des hommes. Pendant longtemps, ce parc s’est taillé une triste réputation de nid de bandits. Sur cette inquiétude majeure, les assurances sont venues du capitaine Zouo, Coordonnateur de la Brigade mobile du parc national du Banco depuis septembre 2011. A l’en croire, il est révolu le temps où ce parc servirait à désosser les voitures volées ou de lieu de refuge de bandits. ‘`En terme de répartition spatiale, nous avons 5 postes de relais qui nous permettent d`être plus proches des différentes zones du parc. A travers ces garderies, les visiteurs sont rassurés parce que la présence est permanente``, a confié le capitaine Zouo, qui affirme qu`il ne peut y avoir d`agression au sein du parc. En outre, ce dernier a plaidé pour le renforcement des capacités opérationnelles de ses agents. En les dotant, selon lui, de moyens de mobilité (véhicules 4x4, motos), de GPS pour surprendre l`ennemi, d`armes à feu. ``Nos agents ont perdu leurs armes pendant la crise. Heureusement que pendant les patrouilles pédestres et mobiles, nous sommes appuyés par les agents des FRCI``, a rassuré notre interlocuteur. Bref, après une journée passée dans le parc national du Banco, l`on ressort l`esprit débarrassé de tous les clichés et autres stéréotypes qui ont souvent présenté cette forêt comme un refuge de bandits ou de drogués. La seule idée qui nous revient est celle d`avoir découvert la vitrine de la conservation du patrimoine forestier ivoirien où l`on peut aller respirer l`air frais d`une forêt vierge, sans toutefois quitter le territoire d`Abidjan.

Phénomène destructeur !

Cela est indéniable, le parc national du Banco est un trésor de verdure que la Côte d`Ivoire a su conserver en plein coeur d`Abidjan. Cependant, un danger plane sur lui au quotidien et menace même sa survie. Ce parc fait l`objet de menace directe ou indirecte. A côté du prélèvement de la flore et de la faune à longueur de journée par les professionnels de la pharmacopée, il existe le problème de pollution. En effet, de l`eau usée quitte la commune d`Abobo et vient polluer tous les cours d`eau au niveau dudit parc national. Ces eaux usées, il faut le dire, stagnent avant de tuer les arbres. Cela est d`autant plus inquiétant que certaines essences sont rares sous les tropiques ; car importées d`Amérique latine ou centrale. Face à ce phénomène, les responsables de l`Office ivoirien des parcs et réserves militent activement pour la construction d`une station d`épuration pour solutionner les inondations.

Le poumon d`Abidjan

Le parc national du Banco est le poumon d`Abidjan. Cette forêt favorise la qualité de l`air dans le District en captant 34.000 tonnes de gaz carbonique par an émises par les véhicules, les usines, etc. Et par le biais de la photosynthèse, cette forêt produit de l`oxygène, gaz indispensable à la vie humaine. Avec ses 626 espèces végétales dont 26 déclarées rares en Afrique de l`Ouest, sa faune constituée de nombreux mammifères (rongeurs, antilopes royales, singes, chimpanzés), de reptiles, d`oiseaux, d`une ressource halieutique, etc, le parc national du Banco assure également la protection du bassin versant de la rivière banco qui appartient au grand bassin sédimentaire du sud-est de la Côte d`Ivoire. Lequel est caractérisé par l`existence d`une nappe aquifère souterraine d`un grand volume utilisé pour l`approvisionnement de la ville d`Abidjan. 29 forages d`eau ont été installés par la Sodeci autour du parc et permet de satisfaire 40 % des besoins en eau des Abidjanais. Malheureusement, ce parc subit des abattages de quelques espèces d`arbres en voie de disparition ainsi que l`extinction des chimpanzés qui y vivent et le régénèrent. Conséquence, l`écosystème risque de connaître un bouleversement avec la disparition programmée de ces primates. D`où l`intérêt pour les pouvoirs publics d`oeuvrer à sa préservation. C`est en cela qu`il faut saluer l`action du ministère de l`Environnement, qui a engagé des discussions avec un organisme international en vue de mobiliser des fonds nécessaires.



G. DE GNAMIEN
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