Pour un coup d’essai, la Tanzanie qui abrite depuis le 28 mai dernier et ce, jusqu’à aujourd’hui 1er juin, les 47èmes Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement, a réalisé un coup de maître. 2.400 participants venus des 50 États d’Afrique et de 24 pays d’Europe, d’Amérique et d‘Asie. Selon les organisateurs, c’est un record en matière d’affluence dans l’histoire des Assemblées annuelles, depuis la création de la Banque en 1964. En attendant que la capitale marocaine qui va abriter la 48é édition l’année prochaine, ne relève le défi de la mobilisation, Arusha, peut se vanter d’avoir réuni au Centre de conférence internationale, la crème de la finance africaine. Seul président de la République en fonction d‘un pays étranger présent aux assises, le chef de l ‘État ivoirien, Alassane Ouattara a pris la parole devant les sommités du monde de la finance, pour livrer son discours en relation avec le thème de la 47 ème Assemblée annuelle de l’Institution financière africaine, à savoir : «l’Afrique et le nouveau paysage mondial: défis et opportunités». Dans son allocution, il a révélé que «l’Afrique est aussi de plus en plus intégrée dans l’économie mondiale,» du fait de ses partenaires de plus en plus diversifiés «qui ouvrent de nouvelles perspectives de développement sans précédent». Puis, comme il fallait s’y attendre, en sa qualité de président du pays qui a toujours abrité le siège de la BAD, Alassane Ouattara a fait savoir aux illustres invités que «la Côte d’Ivoire sollicite la fin de la période de relocalisation de la BAD et elle attend son retour avec impatience». Le président ivoirien espère surtout que la Banque tiendra son cinquantenaire «chez elle à Abidjan, en novembre 2014.» Convaincu de la légitimité de cette requête, le président du Groupe de la BAD, Donald Kaberuka n’a pas dit autre chose. S’adressant aux participants, il leur a demandé d’examiner «la feuille de route pour le retour ordonné du siège à Abidjan. Un retour ordonné dans des conditions optimales qui permettraient à la Banque de continuer à fournir sans interruption les services de qualité irréprochable à tous ses clients dans un environnement sécurisé». Il a souligné en outre, dan son discours, la grave crise qui a secoué l’économie mondiale: c’est-à- dire, «la crise dans la zone euro, l’une des plus graves et des plus longues jamais vécue de mémoire d’homme», provoquant par la même occasion, l’affaiblissement des banques, la persistance du problème de la dette souveraine et niveaux de chômage sans précédent». Cependant selon lui, au milieu de ce chaos, l’on a entendu parler du réveil de l’Afrique. C’est pour quoi, il a déclaré ceci: «Nous sommes là pour dire au monde que les opportunités d’investissement en Afrique sont de plus en plus faciles à saisir et font partie de la solution aux problèmes mondiaux d’aujourd’hui. (…) La plupart des économies d‘Afrique subsaharienne continuent d’obtenir des résultats tout à fait solides: 5,9% de croissance en 2011 et probablement 6% en 2012». Poursuivant, il précise que «un tiers des pays de la région affichent un taux de croissance de 7% voire plus, et quelques-uns, des taux à deux chiffres». Par conséquent, «une nouvelle ère est sans doute en passe de s’ouvrir pour l‘Afrique, pourvu que nous prenions les bonnes décisions,» suggère-t-il. A savoir, entre autres, « (…) mettre l’accent sur la création d’emplois, gérer les ressources naturelles intelligemment, développer le secteur énergétique, promouvoir la sécurité alimentaire (…)». Des enjeux certes complexes, mais réalisables si l’on s’inspire «des bonnes pratiques qui consistent à combiner des instruments solides relatifs aux filets de sécurité et l’accès des enfants des pauvres à l’éducation.» Pour sa part, et justement à ce propos, le président tanzanien, Jakaya Kikwete a fait savoir qu’il faut éradiquer la pauvreté par la création d’emplois, la lutte contre l’inflation, l’intégration régionale. «Si tout cela est fait, l’Afrique sera le futur pôle économique du 21è siècle». Et il en est convaincu car «nous en avons les moyens (…). Avec le respect de la démocratie, des droits de l’Homme, je vois mal ce qui pourrait nous en empêcher. Beaucoup de richesses sont inexploitées. L’Afrique peut se nourrir et nourrir le monde», a ajouté le président tanzanien. Dans cette perspective, il pense que «la BAD a un rôle crucial à jouer aujourd’hui et demain». S’exprimant au nom du Roi du Maroc, Omar Kabbaj, ancien président de la Banque, a souligné que «l’Afrique est un véritable espoir de développement économique ». Quant au président du conseil des gouverneurs, il a plaidé pour que le continent ne vive pas replié sur lui-même. Disposant d’énormes potentialités, il devrait plutôt s’ouvrir pour s’offrir de nouvelles perspectives. Les ministres Albert Toikeusse Mabri et Charles Diby Koffi, respectivement en charge du Plan et du Développement, et de l’Économie et des Finances, ont pris une part active à ces travaux. Ainsi que l’Administrateur de la BAD pour la Côte d’Ivoire, le ministre Amadou Koné et Kablan Yao Sahi, le gouvernement de la BCEAO-Côte d’Ivoire, qui ne ménagent aucun effort pour le retour de la Banque en Côte d’Ivoire.
Yves-M. ABIET Envoyé spécial à Arusha (Tanzanie)
Yves-M. ABIET Envoyé spécial à Arusha (Tanzanie)