Là où la règle doit être la concurrence et la compétition saine entre les acteurs du secteur privé ivoirien, l’on assiste à la montée en puissance de monopoles de fait. Aussi bien dans l’industrie qu’entre les entreprises opérant dans le secteur des services. Des pratiques déloyales dont la Côte d’Ivoire ne devrait plus s’accommoder avec l’Atteinte du Point d’Achèvement dans le cadre de l’initiative des Pays pauvres très endettés (Ppte) annoncée pour fin juin 2012. En effet, depuis 20 ans, la Banque mondiale a fait de la libéralisation des secteurs de production, une conditionnalité à travers des avantages de toutes sortes accordés aux entreprises locales. Ces avantages avaient pour objectif de permettre à ces entreprises une bonne maîtrise de leur coût de production, dans le but de faire bénéficier aux consommateurs un meilleur prix d’achat sur le marché, et ce conformément au plan gouvernemental de la lutte contre la cherté de la vie. Malheureusement, toutes ces initiatives ont débouché sur un échec patent. Aujourd’hui, nous constatons que bien qu’ayant bénéficié en amont de protection de toutes sortes, certaines entreprises n’ont pu améliorer leur coût de production. Bien au contraire elles se sont plutôt constituées en cartels de monopole déguisés dans un but commun d’imposer aux consommateurs, sur le marché national, des produits de base aux coûts renchéris par leur incapacité de gestion. Selon des experts, ce type de monopole a cours principalement dans le secteur de l’emballage du sac en jute, avec la Société de filature et de tissage (Filtisac) d’une part, et le secteur de la brasserie avec le Groupe Castel d’autre part. Il en est de même dans l’industrie du sucre avec la Sucaf du Groupe Castel. Pendant que dans l’univers de la logistique portuaire et de la grande distribution, les groupes Bolloré et Hayat bénéficient également de monopole de fait. Et pourtant, lors de la crise post-électorale née du deuxième tour de la présidentiel de novembre 2010, la majorité des entreprises n’ont pas échappé aux pillages. On estime les dégâts à plus de 600 milliards Fcfa, selon le ministère d’Etat, ministère de l’Industrie et de la Promotion du Secteur privé ivoirien. Aussi, durant cette crise les entreprises qui tenaient les monopoles ont créé une rupture ou procédé à une augmentation du prix de leurs produits sur le marché. C’est le dynamisme des sociétés d’importations qui a permis au marché de respirer. Dans un tel contexte, la Côte d’Ivoire étant un pays dont l’économie repose sur l’agriculture, il vaut mieux prévenir que guérir. «Il faut prendre en compte le jeu de la concurrence dans les filières café cacao, principalement sur les produits qui sont utilisés pour la commercialisation de notre produit phare. Citons entre autres, les produits phytosanitaires, les semences, le transport, le pesage, les sacs brousse, les sacs export pour lesquels un monopole serait un grand risque pour l’Etat», estime un expert très au fait de l’environnement du Commerce International. En clair, au moment où le gouvernement lutte vainement contre la flambée des prix des produits de grande consommation, en Côte d’Ivoire, il serait bon d’encourager davantage une saine concurrence entre les acteurs du secteur privé.
Bamba Mafoumgbé
Bamba Mafoumgbé