L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative pays pauvre très endetté (Ppte) est devenue l’argument des autorités Ivoiriennes pour faire patienter tous ceux qui lui réclament un mieux être. Fonctionnaires et agents de l’Etat, populations rurale et urbaine, etc., tous ont eu droit à leur part de promesse. L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte permettra au gouvernement, selon le régime Ouattara, de régler tous les problèmes. En fait, la réalité est tout autre. L’initiative Ppte n’est pas le remède miracle qui viendra transformer la vie déjà pénible des Ivoiriens, en un conte de fée. En tous cas, si l’on s’en tient aux analyses et autres commentaires des experts de la Banque mondiale. « La Côte d’Ivoire a atteint le point de décision en mars 2009. Depuis, elle est dans un processus de point d’achèvement non-atteint. Le 26 juin, il est possible qu’elle l’atteigne. Les nouvelles s’annoncent bonnes. Mais, ce qu’il y a dans le package n’est pas terrible. En réalité, ce à quoi on doit s’engager, c’est la création de richesses, les investissements, … », tels sont les propos de Jean-Noël Gogoua, économiste principal de la Banque mondial en Côte d’Ivoire. C’était lors de la formation des journalistes économiques, organisée par la Banque mondiale et Fraternité matin, du 5 au 7 juin dernier, à la résidence Ohinéné aux II-Plateau-Rue des jardins.
Le volume de la dette globale de la Côte d’Ivoire s’élève à un peu plus de 6.500 milliards FCFA. Sur la question du volume de réduction de la dette après l’atteinte du point d’achèvement, les autorités Ivoiriennes, depuis le ministère de l’Economie et des Finances jusqu’à la présidence de la République et passant par la Primature, entretiennent un flou. Tantôt l’on avance une réduction de la dette de 5.000 milliards FCFA tantôt l’on soutient que la Côte d’Ivoire bénéficiera d’une remise totale de sa dette. En réalité, selon les experts de la Banque mondiale, le volume global de réduction de la dette de la Côte d’Ivoire variera entre 3000 milliards FCFA et 3500 milliards FCFA. Elle aura donc à encore supporter près de la moitié de sa dette.
En plus, au dire des experts de la Banque mondiale, l’un des problèmes viendra des créances de la France. En effet, jusqu’ici, le remboursement de la dette contractée avec la France est gelé. L’atteinte du point d’achèvement, comme ils l’ont clairement expliqué, impliquera son remboursement immédiat sous la forme de contrat désendettement développement (Cdd). C’est une procédure pour l’annulation des créances d’Aide Publique au Développement (Apd), un des volets spécifiques français entrant dans le cadre général de l’initiative de traitement de la dette renforcée. Elle vise à procéder à un refinancement par dons, dans le budget du pays, des échéances d’Apd remboursées par les États partenaires. En clair, dès que la Côte d’Ivoire rembourse à la France, cette dernière ramène cet argent dans les comptes de la Côte d’Ivoire avec pour obligation d’investir dans des projets de développement préalablement identifiés d’un commun accord. Le Cdd n’est pas un appui budgétaire mais revient sous la forme d’un don. Même si la procédure dure 15 ans, il n’empêche qu’il y a d’abord remboursement. La créance de la France étant de près de 1500 milliards FCFA, il n’empêche qu’il y aura remboursement d’environ 100 milliards FCFA par an, préalable à tout refinancement dans la mise en œuvre du Cdd. Toute chose qui a amené Emmanuël N. Noubissié, chargé principal des opérations à la Banque mondiale, à révéler : « Après le franchissement du point d’achèvement, le service de la dette pourrait même s’accroître de manière mécanique. Il va connaître un pic ». Surtout que, depuis 2007, la Banque mondiale ne fait que des dons à la Côte d’Ivoire. Il n’est pas évident qu’il en soit de même après l’atteinte du point d’achèvement.
Les retombées de l’initiative Ppte pourront-elles permettre de résoudre les problèmes des fonctionnaires et autres agents de l’Etat ? Sur ce point, M. Noubissié est très clair. Selon lui, le Ppte devrait bénéficier à l’ensemble des Ivoiriens. « Ne vous attendez pas à ce que le peu de ressources qui sera tiré du Ppte soit consacré à quelques milliers d’Ivoiriens », ajoute-il. En clair, les fonctionnaires ne constituant pas la majorité des Ivoiriens, ils ne doivent pas s’attendre à ce que les fruits de la réduction de la dette soient utilisés pour l’amélioration de leurs conditions salariales. A ce propos, un expert de la Banque mondiale soutenait : «le point d’achèvement n’est pas une panacée. Il va juste permettre de desserrer l’étau».
Pire, les retombées de l’initiative Ppte ne seront évidentes qu’à condition que certaines reformes soit effectives et/ou continuent d’être mises en œuvre. Elles concernent notamment l’environnement des affaires, la filière café-cacao, le secteur des mines et de l’énergie, etc.
Concernant l’utilisation des ressources tirées du Ppte, elles sont destinés à être affectés à des secteurs ciblés que sont la lutte contre la pauvreté, l’éducation, la santé, l’assainissement et l’eau, les infrastructures, l’agriculture, etc. Et les bailleurs de fonds sont très regardants sur ces programmes.
Au finish, le point d’achèvement de l’initiative Ppte n’est pas une panacée. Certes, la Côte d’Ivoire en tirera un profit certain. Mais, ce n’est pas le remède miracle qui viendra mettre fin, par un coup de baguette magique, aux souffrances des Ivoiriens comme veut le faire croire le régime Ouattara. Les autorités Ivoiriennes utilisent plutôt le Ppte comme une échappatoire pour détourner les regards des Ivoiriens qui ont de nombreux problèmes.
Koné Modeste
konemo2002@yahoo.fr
Le volume de la dette globale de la Côte d’Ivoire s’élève à un peu plus de 6.500 milliards FCFA. Sur la question du volume de réduction de la dette après l’atteinte du point d’achèvement, les autorités Ivoiriennes, depuis le ministère de l’Economie et des Finances jusqu’à la présidence de la République et passant par la Primature, entretiennent un flou. Tantôt l’on avance une réduction de la dette de 5.000 milliards FCFA tantôt l’on soutient que la Côte d’Ivoire bénéficiera d’une remise totale de sa dette. En réalité, selon les experts de la Banque mondiale, le volume global de réduction de la dette de la Côte d’Ivoire variera entre 3000 milliards FCFA et 3500 milliards FCFA. Elle aura donc à encore supporter près de la moitié de sa dette.
En plus, au dire des experts de la Banque mondiale, l’un des problèmes viendra des créances de la France. En effet, jusqu’ici, le remboursement de la dette contractée avec la France est gelé. L’atteinte du point d’achèvement, comme ils l’ont clairement expliqué, impliquera son remboursement immédiat sous la forme de contrat désendettement développement (Cdd). C’est une procédure pour l’annulation des créances d’Aide Publique au Développement (Apd), un des volets spécifiques français entrant dans le cadre général de l’initiative de traitement de la dette renforcée. Elle vise à procéder à un refinancement par dons, dans le budget du pays, des échéances d’Apd remboursées par les États partenaires. En clair, dès que la Côte d’Ivoire rembourse à la France, cette dernière ramène cet argent dans les comptes de la Côte d’Ivoire avec pour obligation d’investir dans des projets de développement préalablement identifiés d’un commun accord. Le Cdd n’est pas un appui budgétaire mais revient sous la forme d’un don. Même si la procédure dure 15 ans, il n’empêche qu’il y a d’abord remboursement. La créance de la France étant de près de 1500 milliards FCFA, il n’empêche qu’il y aura remboursement d’environ 100 milliards FCFA par an, préalable à tout refinancement dans la mise en œuvre du Cdd. Toute chose qui a amené Emmanuël N. Noubissié, chargé principal des opérations à la Banque mondiale, à révéler : « Après le franchissement du point d’achèvement, le service de la dette pourrait même s’accroître de manière mécanique. Il va connaître un pic ». Surtout que, depuis 2007, la Banque mondiale ne fait que des dons à la Côte d’Ivoire. Il n’est pas évident qu’il en soit de même après l’atteinte du point d’achèvement.
Les retombées de l’initiative Ppte pourront-elles permettre de résoudre les problèmes des fonctionnaires et autres agents de l’Etat ? Sur ce point, M. Noubissié est très clair. Selon lui, le Ppte devrait bénéficier à l’ensemble des Ivoiriens. « Ne vous attendez pas à ce que le peu de ressources qui sera tiré du Ppte soit consacré à quelques milliers d’Ivoiriens », ajoute-il. En clair, les fonctionnaires ne constituant pas la majorité des Ivoiriens, ils ne doivent pas s’attendre à ce que les fruits de la réduction de la dette soient utilisés pour l’amélioration de leurs conditions salariales. A ce propos, un expert de la Banque mondiale soutenait : «le point d’achèvement n’est pas une panacée. Il va juste permettre de desserrer l’étau».
Pire, les retombées de l’initiative Ppte ne seront évidentes qu’à condition que certaines reformes soit effectives et/ou continuent d’être mises en œuvre. Elles concernent notamment l’environnement des affaires, la filière café-cacao, le secteur des mines et de l’énergie, etc.
Concernant l’utilisation des ressources tirées du Ppte, elles sont destinés à être affectés à des secteurs ciblés que sont la lutte contre la pauvreté, l’éducation, la santé, l’assainissement et l’eau, les infrastructures, l’agriculture, etc. Et les bailleurs de fonds sont très regardants sur ces programmes.
Au finish, le point d’achèvement de l’initiative Ppte n’est pas une panacée. Certes, la Côte d’Ivoire en tirera un profit certain. Mais, ce n’est pas le remède miracle qui viendra mettre fin, par un coup de baguette magique, aux souffrances des Ivoiriens comme veut le faire croire le régime Ouattara. Les autorités Ivoiriennes utilisent plutôt le Ppte comme une échappatoire pour détourner les regards des Ivoiriens qui ont de nombreux problèmes.
Koné Modeste
konemo2002@yahoo.fr