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Économie Publié le vendredi 29 juin 2012 | Le Patriote

Interview / Kah Zion (PCA de la POSTE de Côte d’Ivoire) : “Ce que nous attendons de l’Etat”

© Le Patriote Par DR
Médias : Le Nouveau Réveil célèbre ses employés
Mardi 27 décembre 2011. Abidjan. Le Nouveau Réveil célèbre ses employés photo : Denis Kah Zion (Pdg) de Le Nouveau Réveil
Après l’Assemblée générale du jeudi 28 juin, nous avons rencontré Dénis Kah Zion, Pca de La Poste de Côte d’Ivoire. Il fait l’état des lieux de la structure, à son arrivée, ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Evoquant au passage les ambitions de l’entreprise et les attentes de La Poste de Côte d’Ivoire vis-à-vis de l’Etat.

Le Patriote : Monsieur le Président, quel était l’état des lieux à La Poste de Côte d’Ivoire à votre prise de fonction ?

Denis Kah Zion : Permettez-moi d’entrée de jeu de vous remercier pour votre intérêt pour notre institution, La Poste de Côte d’Ivoire. Je voudrais Aussi remercier tous les Administrateurs, le Comité de Direction et l’ensemble du personnel de La Poste, qui ne ménagent aucun effort pour relever cette prestigieuse institution. Sur votre question, je dirai simplement que nous avons trouvé une Poste plus que fragilisée, à tous les niveaux. Comme vous le savez, la crise socio-politique de ces 10 dernières années en Cote d’Ivoire n’a pas épargné l’entreprise, qui connaissait déjà ses propres crises internes. Le diagnostic émanant du séminaire de grand Bassam que nous avons trouvé au moment de notre prise de fonction, faisait ressortir l’état des lieux suivant : Une situation financière extrêmement préoccupante, un environnement juridique et institutionnel non propice, une coopération internationale sinistrée, un climat social délétère, une politique commerciale et marketing non agressive, un système informatique limité et en déphasage avec les évolutions technologiques dans le domaine, et bien d’autres difficultés. Cette situation était la conséquence de 4 facteurs : la restructuration inachevée de 1998, l’amputation des services financiers de la Poste, la crise socio-politique, les crises internes. C’est un héritage avec beaucoup de maux que nous avons trouvé, aussi bien au plan social, commercial que financier. Tout était donc à faire.

L.P. : Après la période d’observation et surtout, après l’assemblée générale que vous venez de tenir, comment se présente La Poste aujourd’hui ?
D.K.Z. : Il convient d’abord d’indiquer que depuis 2004, les comptes de la Poste ne sont pas certifiés. Ainsi de novembre 2011 à juin 2012, le Conseil d’Administration, la Direction générale et les commissaires aux comptes se sont mis à pied d’?uvre et aujourd’hui, c’est chose faite. C’est pour cela que nous avons tenu l’Assemblée générale ordinaire, ce jeudi 28 juin 2012. Ceci dit, La Poste de Côte d’Ivoire est aujourd’hui sur la voie du redressement. Après la crise Post-électorale, la Direction générale a dû engager d’énergiques actions pour : rassurer le personnel et le remettre au travail, rassurer les partenaires nationaux et internationaux, rassurer les clients, rassurer l’état et inspirer confiance.
C’est une nouvelle « fiancée » à reconquérir, à fréquenter et à pratiquer.
Il nous fallait rétablir les fondamentaux, les règles de gestion et les conditions de crédibilité de notre institution commune. Vous savez qu’une entreprises avec près de huit ans d’exercices non certifiés par les commissaires aux comptes n’est pas crédible. Cette assemblée générale qui vient de se tenir, marque le retour de La Poste de Cote d’Ivoire dans l’arène des entreprises crédibles du pays, avec qui l’on peut faire des affaires.

L.P. : Au cours de cette assemblée, vous avez examiné les états financiers de 2005 à 2011. Pouvez-vous nous commenter ces résultats ?
D.K.Z. : Les résultats financiers ne sont pas reluisants. Mais il faut dire que La Poste a subi et continue de subir les effets de la crise de 2002 qui a entrainé la fermeture de plus de 70 de ces agences. A cela, il faut ajouter la grave crise interne qui a considérablement altéré la confiance de notre clientèle financière que nous sommes en train de reconquérir. Cela a inévitablement un impact négatif sur le chiffre d’affaires et par ricochet, sur tous les autres indicateurs clés de gestion. Mais la situation n’est pas désespérée et l’Etat dans la mesure de ses moyens, nous accompagne. Cette réelle volonté politique se matérialise par le Plan de Redressement en cours d’adoption et d’autres mesures comme le transfert en pleine propriété des biens mis à la disposition de La Poste pour son fonctionnement, et la prise en charge de la dette mandat à l’égard du Burkina Faso, la dette à l’égard de la CGRAE, la CNPS. Toutes ces actions ont amélioré significativement les capitaux propres de l’entreprise mais beaucoup reste à faire.

L.P. : Quels avantages la Poste tire-t-elle de la certification de ses comptes ?
D.K.Z. : C’est d’abord et avant tout un acte de bonne gouvernance, notion très chère au Président de la République et à l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Les états financiers constituent pour une entreprise, la carte d’identité. Ils confèrent aux dirigeants sociaux la crédibilité vis-à-vis des partenaires d’affaires. Ces comptes certifiés permettront à n’en point douter, d’aller sur le marché financier et de bénéficier de concours pour le financement de l’activité postale.

L.P. : Quelles sont les perspectives pour les Postes en général et pour la Poste de Côte d’Ivoire en particulier ?
D.K.Z. : Du 20 septembre au 12 Octobre se tiendra à DOHA au Qatar, le Congrès Mondial de l’UPU. L’occasion sera ainsi donnée aux Postes du monde de faire le bilan de la Stratégie Postale de Nairobi et de tracer les perspectives à venir pour les Postes durant les 4 nouvelles années à venir. Pour rappel, les Postes au niveau mondial face à l’évolution de l’environnement, du marché et les exigences des clients, sont en perpétuelle mutation avec l’apparition des TIC et l’évolution des services financiers. Les politiques de Gouvernance électronique, de reformes de l’administration dans presque tous les pays ambitieux sont une nouvelle alternative pour la modernisation des Postes. En Cote d’Ivoire, en plus de la redynamisation des services traditionnels de la Poste (Courrier, mandats, Colis, Express), un vaste chantier d’informatisation des bureaux de poste est en cours afin d’offrir à la population des services nouveaux basés sur les TIC (Mobile Money, eCommerce, CyberPoste, eServices etc). La Poste de Cote d’Ivoire sera désormais plus proche du citoyen, car elle lui offrira la majorité des prestations qu’il attend au quotidien.

L.P. : Qu’attend la Poste de l’Etat de Côte d’Ivoire en tant qu’actionnaire unique ?
D.K.Z. : Je voudrais saisir cette opportunité pour remercier notre Ministre de tutelle, M. Bruno Nabagnè KONE, qui sans cesse, est à nos cotés par son encadrement et ses conseils avisés. Il traduit par ses actions, l’engagement du gouvernement de son Excellence le Président Alassane OUATTARA, de relancer l’institution publique : La Poste de Cote d’Ivoire. De nombreuses initiatives ont déjà été prises et des actions sont en ce moment en cours pour relever La Poste. Ce que nous attendons de l’Etat, en tant qu’actionnaire, c’est de faire adopter le plan de redressement opérationnel et financier soumis il y a quelques mois au gouvernement ; que les textes de lois sur le secteur postal soient approuvés et que le secteur soit enfin règlementé. Ensuite, que La Poste, de part l’étendue de son réseau d’agences, comme dans bien d’autres pays, soit reconnue comme le point central pour les prestations de l’Administration envers les citoyens. De nos jours, les bulletins scolaires de nos enfants ne sont pas acheminés via La Poste vers les parents comme par le passé. Ce qui constitue une porte ouverte à la falsification ou au camouflage des résultats par les élèves et étudiants vis-à-vis des parents. L’excellence ne peut pas être au rendez-vous. Enfin, que La Poste soit le coursier par défaut de l’Administration ivoirienne, de l’Etat de Cote d’Ivoire. De plus, en cette période de reconstruction post-crise, la réouverture des bureaux des zones ex CNO apparait à nos yeux comme une priorité. Il faut ajouter à cela que la Poste de Côte d’Ivoire est l’une des rares Postes à être privée de ses services financiers. Alors que notre pays est signataire de l’arrangement sur les services financiers de l’Union Postale Universelle (UPU). La reconstitution des services financiers postaux qui fait partie des propositions contenues dans le plan de redressement est également une des attentes fortes des Postiers. Par ailleurs, il y a des fonds de financement des activités des Postes auprès de certains organismes financiers internationaux, tels que la Banque mondiale. Pour en bénéficier, la Poste doit figurer au rang des priorités de l’Etat et ses projets doivent être portés par l’Etat. C’est pourquoi, il est nécessaire pour ces organisations que la Poste figure au rang des priorités de la Côte d’ Ivoire.

L.P. : La Côte d’Ivoire a été élue à la tête de la CPEAO, avec la désignation d’un cadre de la Poste de Côte d’Ivoire au poste de Secrétaire Exécutif. Votre commentaire…
D.K.Z. : Cela fait partie du couronnement des actions que mène son Excellence Monsieur le Président de la République pour que la Côte d’Ivoire retrouve sa place dans le concert des nations. Ainsi, en moins d’un mois, la Côte d’Ivoire a eu à abriter deux rencontres internationales : à savoir un atelier sur la qualité de service organisé par l’UPU et la rencontre des Experts, suivie de la Conférence des Ministres en charge des Postes de la CEDEAO. Cette élection donc est un honneur pour le pays et une satisfaction pour les postiers de Côte d’Ivoire. Il faut signaler qu’en plus du Poste du Secrétaire Exécutif, la Côte d’Ivoire préside pour 2 ans, le Conseil d’Administration et pour 4 ans, la Conférence des Ministres de la CEDEAO. C’est une lourde responsabilité que l’ensemble des pays de la CEDEAO vient de nous confier. Nous mesurons la responsabilité et l’envergure de la mission. Mais la Côte d’Ivoire sait relever les défis et soyez sûr que tout sera mis en ?uvre pour que cet honneur soit mérité. C’est donc un sentiment de fait confiance.

L.P. : Bientôt la Côte d’Ivoire prendra part aux assises de l’UPAP à Addis Abeba et au Congrès mondial de l’UPU à DOHA, au Qatar. Quel rôle entend-elle jouer et quelles sont ses attentes ?
D.K.Z. : Il faut rappeler que jusqu’en 1999, la Côte d’Ivoire était très active sur la scène postale mondiale. Elle entend aujourd’hui mettre fin à son isolement qui a duré plus de dix ans et renouer avec ce passé, sinon à être d’avantage plus active. C’est pourquoi elle participera aux assisses de l’UPAP à Addis Abeba en juillet 2012 et au Congrès Mondial en Septembre et Octobre 2012 ainsi qu’à toutes les rencontres internationales. Déjà pour les assises de l’UPAP, elle a été cooptée pour être « modérateur » des débats tandis qu’à Doha, elle fait partie du Secrétariat du Congrès. Comme vous le constater, la Côte d’Ivoire « is back » dans le concert des Postes du monde. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire est candidate au Conseil d’Administration de l’UPAP et entend figurer parmi les 20 membres que compte cet organe. De même à DOHA, notre pays brigue un poste au Conseil d’Administration de l’Union Postale Universelle qui compte 51 pays sur les 189 pays membres. Ces élections qui se feront grâce à la crédibilité retrouvée, constitueront un positionnement majeur pour notre pays. En sollicitant son élection dans ces organes, la Poste de Côte d’Ivoire, entend mettre à la disposition de ces institutions, son expertise et partager avec l’ensemble des pays de la Communauté postale mondiale, ses expériences par une participation active à tous les forums et à tous les rendez-vous.

L.P. : A l’endroit des travailleurs qui ont tant souffert de crises internes, que pouvez-vous dire pour les rassurer, les mettre en confiance voire les remobiliser ?
D.K.Z. : Merci pour cette question qui me paraît très pertinente. Effectivement pour qui a suivi l'actualité nationale dans un passé récent, a pu se rendre compte de la situation très difficile qu'ont connue les postiers. Mais qui pouvait prédire qu'en un temps record on pouvait établir les comptes, les faire certifier, jusqu'à en arriver à l'organisation de l'AG de la Poste. Tout ceci pour dire aux travailleurs que leur entreprise est désormais fiable et viable. C'est dire aux travailleurs qu'ils n'ont plus de souci à se faire. Je les exhorte au travail comme ils savent si bien le faire car les perspectives sont bonnes pour leur épanouissement.

Réalisée par JEA
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