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Économie Publié le samedi 25 août 2012 | Le Mandat

Interview/ Koffi Georges, pdt du club Shalom de Côte d’Ivoire, à propos de la réinsertion: ‘‘L’agri business doit demeurer la base de l’ADDR’’

Koffi Georges, président de la Commission Insertion des jeunes du Club Shalom de Côte d’Ivoire explique sa vision de l’insertion des jeunes et les raisons d’espérer en ce projet d’envergure. Entretien.

Pouvez-vous nous expliquer votre vision de réinsertion des jeunes en Côte d’Ivoire ?
La réinsertion est fondamentalement basée sur la resocialisation de la population. Notre programme consiste à ramener la paix et raffermir les liens entre les Ivoiriens, à travers des projets de développement soutenables.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur ce projet ?
C’est depuis février 2006 que le Club Shalom (Ivoiriens ayant bénéficié des formations dans le programme Mashav israélien) travaille sur le projet IDD (Insertion, Démobilisation, Désarmement), en collaboration avec l’Ambassade d’Israël en Côte d’Ivoire et des experts israéliens, afin de rassurer ceux qui ont pris les armes à un moment donné de l’histoire de notre pays. En 2007, lorsque l’ex-Premier ministre, Guillaume Soro, nous avait rencontré, nous lui avons expliqué que notre proposition était le moteur de développement fondamental pour la jeunesse et pour la Côte d’Ivoire. Un programme cohérent de mise en œuvre avait été élaboré et remis à tous les décideurs sur la base de l’agri business et jusque-là, nous ne voyons pas sa mise en application effective.

De façon concrète, à quoi devait-on s’attendre ?
C’est un projet qui se veut pratique basé sur le développement de l’Agri business. Développer la création de gros villages agricoles, à l’image des mochav israéliens pouvant insérer plus de 600 jeunes par centre et par an ; pour dix centres, le projet insère 6 000 jeunes par an. Développer parallèlement à l’agriculture, l’emploi non-agricole, c'est-à-dire, l’industrie de petites et moyennes tailles pour insérer les jeunes.

C‘est quoi l’Agri business, mochav ?
L’Agri business est un projet économique qui combine l'ensemble des activités agricoles : la production, la transformation et la commercialisation par une intégration verticale sur un site unique dans un département, une région. C’est la base du développement de l’Etat d’Israël. C’est un type de communauté, coopératives à fonctions multiples associant plusieurs fermes agricoles. Pour mémoire, les mochavim ont été originellement développés par les partis sionistes vers la Palestine ottomane au début du XXème siècle.

Selon vous, comment peut-on adapter le mochav aux réalités ivoiriennes?
Les mochavim sont des villages couplés avec une «Coopérative à fonctions multiples». Tout membre du village est aussi membre de la coopérative. Le moshav organise une vie familiale classique et une exploitation communautaire des terres agricoles, centrées sur la cellule familiale. Il organise une coopérative multiforme entre les membres en mettant en place de nombreux services collectifs (matériel agricole, commercialisation de la production, centre de santé, centre de loisir, activités culturelles, micro finance, école…). Nous devons donc l’adapter à nos réalités pour l’insertion des jeunes en arme et les chômeurs. L’agri business doit demeurer la base de l’ADDR (l’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration). L’insertion des jeunes à travers les gros œuvres ne représente que 20 % du taux de chômage, 10% au niveau des concours et autres, et 70% au niveau de l’agri business. Nous avons visité le projet SONGHAI au Bénin au niveau sous régional; c’est ce même programme de développement qui avait été élaboré et adapté aux réalités de la Côte d’Ivoire et qui devait connaître sa mise en œuvre, car nous avons travaillé et travaillons toujours ensemble avec ces amis béninois et nos amis du Sénégal, avec le projet TIPA. Le Niger et le Burkina Faso le font et nous sommes toujours en contact pour des échanges.

Les autorités ivoiriennes sont-elles informées de votre vision d’insertion de la jeunesse ?
Oui, nous avons rencontré l’ex-Premier ministre, qui est aussi Shalomien ; il avait apprécié notre programme et notre méthode pour le succès dudit projet sur toute l’étendue du territoire. Nous avons aussi eu des rencontres avec les responsables de l’ex-PNRRC, celui du PSCN (programme de service civique National), et certains de ses collaborateurs; Alpha Blondy (Ambassadeur de la paix), l’état-major des forces de défense et de sécurité, les structures techniques de l’état telles que l’AGEFOP, le FNS, etc. Nous avions participé à plusieurs séminaires dans ce sens en Côte d’Ivoire et à l’extérieur, dans le cadre de la coopération avec l’Etat d’ISRAEL. Nous leur avons expliqué que ISRAEL est en guerre depuis plus de 2000 ans, mais rien n’a empêché son développement économique et social. Nous avons demandé aux membres du club Shalom qui sont à Bouaké, Korhogo, Biankouma et Séguela, Abidjan et partout d’aller à tous les endroits les plus reculés pour expliquer à la jeunesse d’accepter de rentrer dans les centres qui seront mis en place par l’Etat, sur toute l’étendue du territoire, pour leur permettre de bénéficier « du lait et le miel » qui couleront en Côte d’Ivoire. Nous attendons toujours que l’Etat de Côte d’Ivoire réalise ce grand rêve. Ce sera la contribution du club Shalom à l’édification du creuset national.

Quels sont les obstacles majeurs au démarrage effectif de vos activités ?
Seulement un « OUI » de l’Etat de Côte d’Ivoire. Vous savez, tous les projets d’insertion qui ont réussi dans le monde se sont financés sur fonds propre et rien d’autre ; Tout financement étranger déjoue la vraie vision nationale et accepte les conditions des capitaux étrangers. Pour les moyens humains, nous sommes plus de 200 techniciens et ingénieurs du Club Shalom, prêts à donner nos connaissances reçues en Israël pour ce grand projet initié par l’Etat de Côte d’Ivoire.

Etes-vous en contact avec des Israéliens ?
Oui, nous avons même des experts en développement communautaire experts en installation d’Agri business qui sont en Côte d’Ivoire et d’autres en Israël prêts pour sa mise en œuvre en collaboration avec l’Ambassade d’Israël en Cote d’Ivoire.
Ils sont même déjà venus recueillir l’eau et une poignée de terre dans toutes les régions de Côte d’Ivoire, ils ont étudié tout ce qui est capable de pousser sur les terres de ces localité (Togoniéré à Ferkéssédougou au nord, M’bahiakro au centre, Biankouma à l’ouest, Bassam au sud et Nassian à l’est) et ont localisé des sites appropriés pour la mise en œuvre de ce grand projet espoir.

Personnellement, croyez-vous au succès de ce projet dans la Côte d’Ivoire actuelle ?
Nous souhaitons que tous les projets d’insertion et de réduction du chômage mis en œuvre en Côte d’Ivoire soient réorientés vers l’Agri business qui est un incubateur ouvert d’insertion. Chaque centre peut enregistrer plus de 600 jeunes pour leur formation et leur insertion durable. C’est aussi une occasion pour rassurer définitivement ceux qui détiennent encore les armes. Ceci devait apporter, à n’en point douter, une nouvelle forme de cohabitation entre les Ivoiriens. Il permettra de révolutionner l’agriculture et la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire.
Réalisée par
RMK
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