- A son excellence Monsieur le Président de la République ;
- A Monsieur le Premier Ministre et aux membres du Gouvernement ;
- A nos parlementaires et élus locaux ;
- A tous les partis politiques et mouvements associatifs ;
Le jeudi 30 août 2012, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) de Mauritanie procédait à un vaste mouvement d’affectation parmi le personnel supérieur de la police. A la publication de ces mesures individuelles, des voix ont exprimé ici et là, notamment sur les médias électroniques, surprise et émotion face au caractère mono ethnique de ces nominations, aussi stratégiques pour la sécurité des personnes et des biens, dans un Etat dont la Constitution consacre la pluralité humaine. Après maints recoupements, aux fins de vérifier l’effectivité des faits allégués, le trouble ressenti par certains de nos compatriotes s’est mué en inquiétude. Inquiétude du reste légitimée par le constat d’une succession d’actes qui -certes à des degrés divers- se sont inscrits ces dernières années dans la même perspective, notamment au sein de l’appareil judiciaire, la diplomatie, l’administration territoriale, et jusque dans l’octroi des bourses d’études, aussi bien à l’étranger que dans nos établissements publics d’enseignement.
Au fil des décisions, ainsi prises et plus ou moins suivies de protestations qui s’estompent et finissent par se diluer dans la lassitude et l’oubli, notre communauté de destin subit des dégâts qu’il est urgent de circonscrire. Elle s’érode de plus en plus, par une série d’actes qui fragilise les équilibres vitaux du pays dont la Constitution porte l’empreinte initiale : du principe d’égalité des citoyens devant la loi, procède l’éthique de l’intérêt général. La règle dicte alors de manier avec lucidité et prescience aigüe du risque, les paramètres qui structurent notre appareil d’Etat et son fonctionnement, à commencer par les critères de choix de son personnel dirigeant, afin de veiller à ménager durablement le sentiment collectif d’implication et de coresponsabilité.
L’héritage douloureux et encore récent de deux décennies de pouvoir autoritaire peut rattraper la Mauritanie à tout moment, et s’imposer à son devenir, comme une fatalité. Tous les périls à l’œuvre avant le coup d’Etat du 3 août 2005, peuvent se dresser à nouveau, et de l’intérieur, en travers du chantier de régénération d’une identité nationale.
La Mauritanie, terre de brassages et de passages, pays de peuplements divers et maintes fois recomposés, ne saurait s’offrir le luxe d’ignorer l’adversité globale, au point de se croire à l’abri des logiques de déstructuration, très actives alentour. La frustration tue, sans égard aux frontières.
Nous n’y résisterions qu’en nous adossant à l’équité ; notre antidote souverain reste l’application, concrète, sans ambiguïté ni orgueil, des normes qui régissent la vie en République. L’équivalence de traitement des citoyens, à elle seule, cimente et raffermit la solidarité, donc détermine l’intensité de l’engagement pour les autres. Les distinctions, les sélections, les prérogatives et privilèges, ne se justifient que selon le critère absolu de l’utilité sociale, en somme le mérite. En deçà de ce minimum fondateur de toute civilisation, la déception et le désarroi font le lit de l’acrimonie, et le ressentiment accouche de la révolte.
C’est ainsi, sous nos yeux, qu’en Afrique et ailleurs, des associations de territoires et de peuples, encore plus homogènes et solides que la Mauritanie, ont disparu, dans un bain de sang, et peinent à se reconstruire.
Ici comme ailleurs, l’histoire comme l’actualité récente nous rappelle à chaque instant qu’aucun Etat, aucune nation n’est à l’abri des déchirures les plus extrêmes, si le vivre ensemble n’est pas bâti sur les fondamentaux que sont la justice sociale, l’équité et l’égalité des chances entre tous les citoyens.
Aussi, lançons-nous un appel citoyen à nos plus hautes autorités civiles et militaires, à nos parlementaires et élus locaux, à nos partis politiques et mouvements associatifs, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition, à nos intellectuels, à tous les autres acteurs de notre vie politique nationale, pour qu’ensemble, nous prenions toute la mesure de l’urgence et de la nécessité d’une gouvernance plus inclusive et plus participative de toutes les composantes de notre peuple, seul gage de parachèvement de notre chantier de nation et de son idéal républicain.
Le présent appel, émanant du Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés, se veut citoyen, hors des joutes politiciennes, pour un sursaut collectif et une invitation à agir ensemble pour l’édification d’un Etat qui fédère toutes ses composantes, qui rassure et sécurise tous ses citoyens, à contresens du népotisme, de l’exclusion et de l’impunité. Dans des circonstances comparables, ce qui arrive aux autres peut nous arriver, et nous arrivera si nous continuons sur le chemin des discriminations et de la complaisance.
La Mauritanie, pour durer et prospérer, devra s’approprier, dans la constance, l’exigence universelle de justice.
Signé le 10 Septembre 2012,
Le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés
- A Monsieur le Premier Ministre et aux membres du Gouvernement ;
- A nos parlementaires et élus locaux ;
- A tous les partis politiques et mouvements associatifs ;
Le jeudi 30 août 2012, la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) de Mauritanie procédait à un vaste mouvement d’affectation parmi le personnel supérieur de la police. A la publication de ces mesures individuelles, des voix ont exprimé ici et là, notamment sur les médias électroniques, surprise et émotion face au caractère mono ethnique de ces nominations, aussi stratégiques pour la sécurité des personnes et des biens, dans un Etat dont la Constitution consacre la pluralité humaine. Après maints recoupements, aux fins de vérifier l’effectivité des faits allégués, le trouble ressenti par certains de nos compatriotes s’est mué en inquiétude. Inquiétude du reste légitimée par le constat d’une succession d’actes qui -certes à des degrés divers- se sont inscrits ces dernières années dans la même perspective, notamment au sein de l’appareil judiciaire, la diplomatie, l’administration territoriale, et jusque dans l’octroi des bourses d’études, aussi bien à l’étranger que dans nos établissements publics d’enseignement.
Au fil des décisions, ainsi prises et plus ou moins suivies de protestations qui s’estompent et finissent par se diluer dans la lassitude et l’oubli, notre communauté de destin subit des dégâts qu’il est urgent de circonscrire. Elle s’érode de plus en plus, par une série d’actes qui fragilise les équilibres vitaux du pays dont la Constitution porte l’empreinte initiale : du principe d’égalité des citoyens devant la loi, procède l’éthique de l’intérêt général. La règle dicte alors de manier avec lucidité et prescience aigüe du risque, les paramètres qui structurent notre appareil d’Etat et son fonctionnement, à commencer par les critères de choix de son personnel dirigeant, afin de veiller à ménager durablement le sentiment collectif d’implication et de coresponsabilité.
L’héritage douloureux et encore récent de deux décennies de pouvoir autoritaire peut rattraper la Mauritanie à tout moment, et s’imposer à son devenir, comme une fatalité. Tous les périls à l’œuvre avant le coup d’Etat du 3 août 2005, peuvent se dresser à nouveau, et de l’intérieur, en travers du chantier de régénération d’une identité nationale.
La Mauritanie, terre de brassages et de passages, pays de peuplements divers et maintes fois recomposés, ne saurait s’offrir le luxe d’ignorer l’adversité globale, au point de se croire à l’abri des logiques de déstructuration, très actives alentour. La frustration tue, sans égard aux frontières.
Nous n’y résisterions qu’en nous adossant à l’équité ; notre antidote souverain reste l’application, concrète, sans ambiguïté ni orgueil, des normes qui régissent la vie en République. L’équivalence de traitement des citoyens, à elle seule, cimente et raffermit la solidarité, donc détermine l’intensité de l’engagement pour les autres. Les distinctions, les sélections, les prérogatives et privilèges, ne se justifient que selon le critère absolu de l’utilité sociale, en somme le mérite. En deçà de ce minimum fondateur de toute civilisation, la déception et le désarroi font le lit de l’acrimonie, et le ressentiment accouche de la révolte.
C’est ainsi, sous nos yeux, qu’en Afrique et ailleurs, des associations de territoires et de peuples, encore plus homogènes et solides que la Mauritanie, ont disparu, dans un bain de sang, et peinent à se reconstruire.
Ici comme ailleurs, l’histoire comme l’actualité récente nous rappelle à chaque instant qu’aucun Etat, aucune nation n’est à l’abri des déchirures les plus extrêmes, si le vivre ensemble n’est pas bâti sur les fondamentaux que sont la justice sociale, l’équité et l’égalité des chances entre tous les citoyens.
Aussi, lançons-nous un appel citoyen à nos plus hautes autorités civiles et militaires, à nos parlementaires et élus locaux, à nos partis politiques et mouvements associatifs, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition, à nos intellectuels, à tous les autres acteurs de notre vie politique nationale, pour qu’ensemble, nous prenions toute la mesure de l’urgence et de la nécessité d’une gouvernance plus inclusive et plus participative de toutes les composantes de notre peuple, seul gage de parachèvement de notre chantier de nation et de son idéal républicain.
Le présent appel, émanant du Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés, se veut citoyen, hors des joutes politiciennes, pour un sursaut collectif et une invitation à agir ensemble pour l’édification d’un Etat qui fédère toutes ses composantes, qui rassure et sécurise tous ses citoyens, à contresens du népotisme, de l’exclusion et de l’impunité. Dans des circonstances comparables, ce qui arrive aux autres peut nous arriver, et nous arrivera si nous continuons sur le chemin des discriminations et de la complaisance.
La Mauritanie, pour durer et prospérer, devra s’approprier, dans la constance, l’exigence universelle de justice.
Signé le 10 Septembre 2012,
Le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés