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Politique Publié le mercredi 19 septembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

10ème anniversaire de la mort de Guéi Robert / Tia Koné révèle : ‘‘Guéi Robert ne s’est pas trompé, il est venu en politique trop tôt’’

© L’intelligent d’Abidjan Par Emma
1er mai - Les travailleurs présentent leurs doléances au président Laurent Gbagbo
Samedi 1er mai 2010. Abidjan, Palais présidentiel du Plateau. Le président Gbagbo assiste au défilé des travailleurs et à la présentation de leurs doléances. M. Tia Koné, président de la Cour suprême
« Le général Guéi Robert et l’houphouétisme ». C’est autour de ce thème qu’un panel a été organisé par la direction de l’Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci), le mardi 18 septembre 2012 à la Caistab, au Plateau.

Le ministre Yoro Badia, conseiller politique du président de l’UDPCI, Coulibaly Naningany, vice-président de l’UDPCI et l’honorable Mahi Clarisse, députée à l’Assemblée nationale ont, chacun dans leur exposé, rendu témoignage de la vie du général Guéi Robert, président-fondateur de l’UDPCI, ancien chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, assassiné aux premières heures de la rébellion armée du 19 septembre 2002. «Guéi Robert est arrivé en politique au moment où il était déjà forgé comme militaire, comme responsable, ce qui nécessite le retour sur soi-même et c’est très difficile. Les autres l’ont compris, c’est pourquoi ils ont commencé la politique très tôt. C’est aussi la raison pour laquelle Robert Guéi a souvent été incompris, malgré sa volonté de faire progresser tout le monde dans les valeurs inspirées de la doctrine d’Houphouët-Boigny qu’il voulait inculquer à la classe politique (…) Faire la politique comme les politiques lui posait des problèmes, de sorte qu’il a été victime de manipulations (…) Il a refusé de réprimer le boycott actif en 1995 pendant qu’il était chef d’Etat-major des FANCI, mais d’aucuns disaient que ce n’était pas un acte républicain. Mais cela démontre l’amour du général Guéi pour la vie et il disait : «la vie vaut mieux que le pouvoir». Son entrée en politique sans être adossé à un parti politique ressemblait à propos à un agneau dans l’antre du tigre. L’homme n’a pas su s’adapter aux réalités et aux exigences de la politique en Afrique, faite de suspicions, de trahison, d’infidélité et de non respect avec la parole donnée. Guéi Robert était en déphasage avec cette façon de faire la politique. C’est pourquoi il a essayé d’inculquer à l’UDPCI la recherche du consensus, la probité morale, la vérité, a indiqué le ministre Yoro Badia. Cette présentation a poussé l’ex-président de la Cour suprême, Tia Koné, à réagir. «Présenté sous cet aspect nous laisserait penser que Robert Guéi n’avait rien à faire en politique, parce qu’on aurait dit qu’il s’est trompé en venant en politique. Je ne crois pas que Robert Guéi se soit trompé, je crois plutôt que c’est la politique qui s’est trompée, parce qu’on fait la politique de façon irréelle en Côte d’Ivoire. On a l’impression que faire la politique, c’est faire le mensonge, ce n’est pas être sincère, c’est faire étalage de sa qualité d’insulteur public, c’est critiquer sans chercher à comprendre l’autre. Mais, ce n’est pas cela la politique. Guéi Robert est justement venu dans la politique pour apporter à celle-ci une nouvelle vision : faire la politique dans la sincérité, le respect de l’autre, pour une construction harmonieuse. C’est pourquoi il n’a pas été compris. Guéi Robert est arrivé trop tôt en politique, mais nous devons retenir que lui parti, nous à l’UDPCI, nous continuons de faire comme ce qu’il a voulu : ne pas mentir en politique pour se faire plaisir ou pour faire plaisir à l’autre, ne pas se transformer en insulteur public, demeurer sincères dans nos relations que nous aurons à tisser avec l’ autre, aimer notre pays, aimer la paix et le dialogue, faire de ce dialogue que Félix Houphouët-Boigny appelait de tous ses vœux, l’arme des forts et non des faibles. C’est ce que le général Guéi, tout au long de son bref passage sur l’échiquier politique, a essayé d’inculquer à tous», a expliqué Tia Koné. «La politique est éthique, morale, sincérité et honnêteté, contrairement à ce que pensent certaines personnes pour qui, plus on est roublard, plus on est politique. Ceux qui pensent ainsi n’ont rien compris parce que cette politique n’a pas d’avenir en Côte d’Ivoire», a souligné le secrétaire général du parti arc-en-ciel, Alhassane Salif N’diaye. Il a aussi expliqué les raisons de la formation d’une alliance avec le Front populaire ivoirien (FPI), cette option étant, selon lui, «une attitude de visionnaire» de la part du général Guéi. «En 2000, tout était mélangé, or l’Assemblée nationale devait siéger, voter les lois. C’est alors que Guéi Robert a mis les députés du groupe parlementaire UDPCI à la disposition du FPI pour que l’Assemblée nationale puisse travailler et que l’Etat puisse fonctionner. Il y avait un autre choix : rester campé et regarder les Ivoiriens s’entredéchirer et la Côte d’Ivoire sombrer. Au contraire, Guéi Robert a choisi que l’Etat fonctionne. Si on n’avait pas fait cette alliance avec le FPI, l’Assemblée nationale n’aurait pas pu fonctionner et l’UDPCI n’aurait pas pu se construire. Cela a été l’attitude d’un visionnaire et nous devons croire en tout ce que Robert Guéi a posé comme actes », a-t-il. « Je voudrais confirmer que le général Guéi Robert était un vrai houphouétiste. La preuve, qui ne connaît pas ici en Côte d'Ivoire, l'attachement de Balla Kéita à Nanan Félix Houphouët-Boigny ? L'homme qui a vénéré Houphouët était tout le temps avec le général Guéi Robert, c'est pourquoi, je dis que les hommes de la trempe du général Guéi Robert ne meurent jamais", a renchéri pour sa part M. Doumbia Ibrahima dit Nivaquine, fidèle compagnon du ministre Balla Kéita, premier secrétaire général de l'UDPCI, mort au Burkina Faso , le 1er août 2002.

Guéi Robert et le coup d’Etat de 1999

Avec Gueu Dro, président du Parti communiste de Côte d’Ivoire, on apprendra un peu plus sur le coup d’Etat de décembre 1999. Dans son témoignage, Gueu Dro a voulu faire la lumière sur le rôle du général Guéi dans ce coup. «Des gens racontent que c’est à la Gesco que le général Guéi a été habillé, quand il revenait de Kabacouma et que c’est là qu’il a pris ses responsabilités. Ce n’est pas vrai. Pendant la transition militaire, je voyais le général Guéi à 7 heures et il partait au bureau à 8 heures. Le 23 décembre 99, Guéi était encore à Kabacouman. Quand il est arrivé, il est d’abord allé à sa résidence à l’Indénié et c’est de là qu’il a téléphoné à Bédié pour lui demander ce qui se passe avec les jeunes soldats. Bédié a demandé à les rencontrer, c’est ainsi que IB et Diomandé dit « La grenade » sont allés le voir pour discuter. Ce sont les soldats qui sont rentrés de Centrafrique qui réclamaient leurs salaires. Le Premier ministre de l’époque, Daniel Kablan Duncan, avait pris des dispositions pour régler leur situation, en leur payant 500 millions sur 1 milliard de FCFA. Si le président Houphouët était en vie, il aurait réglé le problème rapidement. Mais ce qui a énervé Bédié, c’est le fait que dans leurs revendications, les soldats ont demandé la libération des leaders du RDR détenus à la MACA. Or c’était là le piège, parce que lorsqu’ils sont revenus du domicile de Bédié, ils ont dit qu’ils n’y retournent plus. Ils ont dit à Guéi : «soit vous prenez vos responsabilités, soit nous prenons les nôtres». Entre donner le pouvoir à des sous-officiers comme ce qui s’est passé au Libéria, Guéi a réfléchi et a pris ses responsabilités, parce que les jeunes gens avaient décidé de choisir entre Boka Yapi et IB pour diriger la transition. C’est ainsi que Guéi est rentré dans sa chambre et s’est habillé en tenue militaire, a révélé Gueu Dro. Une projection de film et une exposition de photos ont mis fin à la journée d’hier. Le clou de cette commémoration à Abidjan sera marqué par une messe d’action de grâce à la Cathédrale Saint-Paul d’Abidjan, avant le départ pour Kabacouman, où d’autres cérémonies sont prévues.

Olivier Dion
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