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Société Publié le mardi 25 septembre 2012 | L’Elephant Déchaîné

Adjamé «black market » : «Vous n`êtes pas dans le réseau ? Dehors alors !

La bataille pour la survie quotidienne se joue dans plusieurs espaces sur toute l'étendue du territoire national. Mais le marché noir d’Adjamé, non, dites «au black », a cette singularité d'être la concentration par excellence de plusieurs nationalités de la sous-région. Certains Ivoiriens mal informés, appréhendent avec stupeur le fonctionnement de cet autre monde. Juste un tour dans ce milieu le temps de quelques achats et on apprécie...

Ils «n'y comprennent » pas grand-chose
«Le Black » d’Adjamé, est un endroit réputé pour la vente de «tout» ! Téléphones portables ou non portables, vêtements déjà utilisés venant de l’Occident, ustensiles de tous ordres...objets volés ou pas, tout y est. Et la sécurité ? Allez chercher loin. C'est dans cet environnement que se côtoient vendeurs et acheteurs. Et tout le monde, peut y trouver son compte. C’est l’endroit par excellence de l'apprentissage du sens des affaires, où aucun cadeau n'est fait aux novices de toutes les nationalités. « Une école » dont les premiers inscrits semblent être les ressortissants de la sous-région avec en tête de peloton, Nigérians et Sénégalais, particulièrement rompus au sens du « business ». Donc du coup d’œil «noir». Le «black market». Rompus à l'art du risque, ils ne reculent devant rien sur le chemin du contrôle total de l'espace acquis et conquis. Certains Ivoiriens qui s'y essaient, s’y brisent ! Eh ben, ils ne comprennent pas le fonctionnement de cet autre monde.

Vous cherchez un magasin ?
Pendant deux week-ends de suite, nous, nous sommes laissés aller au jeu de balades dans le milieu. Plusieurs personnes rencontrées, femmes comme hommes et la plupart jeunes, n'ont fait que se perdre en lamentations, mais sans toutefois baisser la garde. «Nous savons que cette partie de la capitale économique est l'un des centre des affaires, donc s'y installer ne peut qu'être le début d'une bonne affaire. Mais voici déjà deux jours que je tourne à la recherche d'un magasin selon mes possibilités financières, mais je sais ce que j'endure...les vrais magasins sont chers», confie, Eric K. T. un jeune Ivoirien qui dit avoir reçu un soutien financier de l'un de ses amis vivant hors du pays (il évolue, lui, dans le milieu du football). Le coût exorbitants des magasins et certaines obligations pour la cohabitation, sont donc l'un des premiers obstacles. Libéralisme économique oblige, pour parler comme Dagobert Banzio ! Une autre voix se veut plus précise, cette fois, c'est une jeune dame (aussi) : «Nous savons que ce n'est pas facile, mais lorsque tu arrives à t'installer, tu ne regrettes pas. Mais, pour y parvenir, c'est un terrible combat, puisqu'il arrive que tu fasses la rencontre de plusieurs intermédiaires pour avoir une place où t'installer. C'est un système bien organisé surtout…». Mais qui contrôle le parcours des installations ? «C’est un Nigérian qui gère ici. Je ne sais pas qui est au-dessus de lui, mais c’est lui qu’il faut voir pour avoir une place facilement. Il est chargé de faire les encaissements. Il est la tête pensante du marché. Pour avoir une place, les Ivoiriens, c’est 200.000FCFA et pour les autres, c’est 30. 000FCFA», lance un commerçant. Après avoir obtenu, l'espace, vient la paie des taxes municipales : « à Adjamé, les maires se frottent les mains. Mais nous ne savons pas exactement ce qu'ils font avec tous ces prélèvements, puisque voilà plus de trente ans, le visage de cette commune n'est pas plus reluisant que le « le Black », s'indigne un habitant de la «cité Bracody».
Qui dit marché noir parle évidemment de magouille. «Les jeunes ivoiriens s'y essaient mais, ils ne sauront jamais égaler les Nigérians en la matière. Ce sont eux qui font la loi du marché. Si l’un d’eux vend des téléphones et que l’Ivoirien prend un magasin à ses côtés, il sera contraint à vendre d’autres articles sans même qu'on ne le lui recommande. Il s'en rend compte tellement les jeux sont déjà faits pour ne pas lui faire la concurrence ».

Mais que pense la mairie de cette situation?
Pour le savoir, nous mettons le cap sur la mairie d’Adjamé où une nouvelle découverte nous attendait. Avant de franchir le portail d’entrée de la municipalité, l’un des policiers que nous avons approché pour savoir à qui nous devions nous adresser pour l'obtention d' un magasin, nous apprend que le grand patron du black est un Sénégalais. «Vous voulez savoir ? La mairie n'a rien à avoir avec l'organisation interne du black. Ce sont eux ( les étrangers) qui ont eu le temps de créer cet espace depuis des années, donc ce sont eux qui gèrent cette zone. Si vous le voyez il pourra vous aider parce qu’avec lui vous n’aurez plus de problème et c’est sûr». Et pourtant les commerçants parlent d'un Nigérian qui perçoit les loyers. Qu'importe ! Mais, notre agent de sécurité persiste : «Non ! Le vrai patron est un sénégalais. C’est lui qui gère tout le black. C’est lui qui est à la tête du système». Où le trouver ? «Faites vos recherches», Un autre agent nous apprend que seuls les magasins du « Forum des marchés » d'Adjamé, sont gérés, par la Mairie, pour le reste, retour au «black ».
Nous continuons quand même notre route dans l’espoir d’être situé et là, un homme nous accoste et nous demande l’objet de notre présence en ces lieux. «Ce genre de chose, c’est mieux d’aller au black pour gérer ça avec quelqu’un. Et après vous venez ici faire les papiers en votre nom. Sinon ici c’est difficile et c’est cher en plus. Sur place il y a toujours quelqu’un pour vous aider à avoir un magasin. Ceux qui gèrent y sont », nous apprend-il. Nous voilà donc situé.
La mairie d’Adjamé ne gère donc pas l’espace appelé « Black » situé dans la commune d’Adjamé. Et on dit que ce pays n’est pas beau ?
Mireille Appini
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