L’auteur-compositeur malien, Salif Keïta, explore avec son nouvel album «Talé» (Universal) de nouvelles pistes artistiques alliant les racines de la musique mandingue qu’il porte depuis plus de 40 ans, et des sonorités contemporaines de l’ère numérique apportées par le compositeur français, Philippe Cohen Solal. «Je n’ai jamais voulu que mes disques se ressemblent. Donc, ça va être une autre sonorité, ça c’est certain», lance, dans le teaser de l’album, l’artiste qui reprend ainsi son bâton d’aventurier pour aller s’enrichir à la rencontre d’autres expériences artistiques. Sorti ce mois-ci, «Talé» vient après «Moffou» (Universal, 2002), «Mbemba» (Universal, 2005), deux authentiques plongées dans les racines où ce sont les instruments traditionnels qui donnent le ton d’opus acoustiques, et «La Différence» (Universal, 2009), un disque plus métissé. Comme «Amen» (Island, 1991), produit de la collaboration du prince chantant malien avec le jazzman autrichien Joe Zawinul (1932-2007), «Talé» (11 titres), c’est l’histoire d’une rencontre entre Salif Keïta et Philippe Cohen Solal, l’un des fondateurs du trio Gotan Project qui s’est illustré en scellant un mariage à succès, entre le tango et la musique électronique. La rencontre de ces deux univers donne un album intéressant, épousant parfaitement les contours du combat de l’artiste malien contre l’ordre établi et l’amenant à bousculer des conventions, à risquer de nouvelles voies, pour correspondre le mieux à ce rebelle qui donne libre cours à son imagination, son génie et son talent. Keïta et Cohen Solal ont posé les bases du nouvel album au studio Moffou, à Bamako. Le reste s’est construit avec de prestigieux invités qui donnent la réplique au musicien malien: le Camerounais Manu Dibango est présent sur deux titres («Après-demain» et «Talé»); Bobby McFerrin, vocaliste et chef d’orchestre américain, improvise avec Salif Keïta un dialogue porté par une mélodie jouée au simby, l’ancêtre à sept cordes de la kora.
M. Sih Kah (avec Aps)
M. Sih Kah (avec Aps)