Lille Olympique Sporting Club (LOSC) connaît une première partie de saison qui tâtillonne. Largement largué dans la course au podium de la Ligue 1 (6ème à l`issue de la 15ème journée), lamentablement éliminé de la Champion’s League, il a déjà compromis ses grandes ambitions. Il est vrai que ces dix-neuf derniers mois, l`équipe nordiste a laissé filer ses meilleurs talents : Moussa Sow, Adil Rami, Yohan Cabaye, Gervinho et le joyau belge Eden Hazard. Ça fait du monde. Mais le président Michel Seydoux avait de bonnes raisons d`espérer tenir la cadence. Enceinte ultramoderne, le grand stade inauguré début septembre avait séduit les fans Dogues et la commercialisation des abonnements avait été un succès. L`endroit idéal pour les artistes du cuir qui adorent faire vibrer les foules. Recrues stars du Losc, Marvin Martin et Salomon Kalou arrivés cet été dans la capitale des Flandres concentraient toutes les promesses. Surtout l`ancien Blues qui, libre de tout engagement, avait effectué le voyage en Eurostar, en compagnie de son aîné et manager Bonaventure Kalou pour parapher un contrat éléphantesque de 4 ans avec un club dont le budget 2012-2013 (100 millions d`euros) représente le tiers de celui du PSG: une prime à la signature de 1,5 million d`euros et un salaire mensuel de 200.000 euros ! Sans compter les primes de résultats. `` Je vais désormais prendre du plaisir ``, avait alors promis le nouvel attaquant lillois. Avec gourmandise, peut-être. Car après une dizaine de matchs toutes compétitions confondues, le bilan du Roi Salomon est déjà dans toutes les têtes, de la boutique officielle du club, rue de Béthune, au Grand Stade, à Villeneuve d`Ascq : une bonne partie dont une passe décisive face au FC Copenhague en match retour des préliminaires de la C1 (2-0 a.p.), un but contre Nancy (1-1) faisant de lui le premier buteur du Losc sur sa nouvelle pelouse. Une prestation remarquable face à Brest et Valenciennes. Buteur en Champion’s League contre le Bate Borisov et surtout le Bayern de Munich. Ah ! cette frappe de folie sous la barre, dans l`ambiance surchauffée de l`Allianz Arena et ce, en dépit d`une rousse historique (6-1). Du bon Kalou tel qu`on n`aurait aimé ne plus arrêter de le voir! Pour le reste, il était bel et bien sur le rectangle vert, mais personne ne l`a vu. Indécent pour une étoile dont la ville de Martine Aubry attendait la lune ! La blessure aux ischo-jambiers et les deux matchs de suspension à cause d`un rouge, ne suffisent pas ici comme excuse. Qu`a-t-il subitement fait de ses indéniables atouts (le dribble et la provocation balle au pied) ? Face à l`Olympique de Marseille (0-1), il a erré pendant 68 mn comme une âme en peine, avant d`être remplacé par Gianni Bruno. C`est à croire que Salomon Kalou n`a pas la flamme pour le Losc. Pour expliquer ses copies petit bras, ses fans (car il en a toujours) avancent que l`idole est mal alignée sur le front de l`attaque. Tantôt à gauche, tantôt à droite, lui qui a l`habitude de jouer derrière les attaquants en sélection. Mais pardi, qui mieux que Salomon peut le dire à coach Rudi s`il est muet comme une tombe? On ne peut pas avoir été bichonné, à Chelsea, par la légende Drogba, grand prêtre des vestiaires devant l`Eternel, et ne pas donner de la voix à Lille. Heureusement, la Can 2013, le grand bain dans la plus prestigieuse compétition continentale lui permettra d`imprimer toute sa classe et de porter haut le Losc. Sinon, il y a fort à parier que le ``Kalou bashing`` (l`impitoyable matraquage médiatique dont il fut la cible, il y a quelques semaines, à cause de ses performances décevantes) reprenne de plus bel et conduise pour longtemps Salomon Kalou sur le banc.
Michel Russel Lohoré, à Lille
Michel Russel Lohoré, à Lille
