Académie de la mer, un sous-quartier du quartier niangon nord à droite dans la commune de Yopougon. Une belle cité dortoir où le calme et la beauté des maisons attire de plus en plus de nouveaux habitants. Une cité qui surplombe la lagune ébrié, l’île Boulay, la forêt luxuriante du Centre national de la recherche agronomique (CNRA) et du Centre suisses de recherches scientifiques (CSRS). Une attirance qui n’empêche pas ce quatier d’être confronté à de multiples difficultés. Parmi celles-ci, la question de l’eau. Avoir de l’eau au quotidien est un luxe, et relève même d’un exploit. Chaque soir ressemble à une veillée d’armes. Parce qu’il faut se lever à deux heures, trois heures, voire quatre heures pour recueillir l’eau parfois sale du robinet. C’est l’exercice contraignant auquel se livre sans répit le couple Kouamé qui vit depuis deux ans dans un appartement de quatre pièces, au troisième étage d’un bel immeuble. Kouamé Gisèle, son épouse, descend à des heures tardives au rez-de chaussée pour puiser de l’eau potable dans une grosse bassine chez un locataire moyennant le paiement de 200 FCFA par jour. L’eau potable, cette denrée rare qui ne monte seulement qu’au premier étage, les occupants des seconds et troisièmes étages pénalisé, laissés pour compte. Au regard de cette situation déplorable et invivable pour les habitants de l’Académie de la mer, le déménagement est de plus en plus à l’ordre du jour dans beaucoup de foyers. N’Guessan Christine, elle, est célibataire. Agent commercial dans une société de téléphonie cellulaire, très amère, elle vit dans un studio un studio américain, situé au quatrième d’un immeuble haut standing qui fait face à la lagune. « Moi j’ai la tension et me lever à des heures tardives me met encore plus très mal en point. Je ne sais pas qui est responsable de cette triste situation. La Sodeci ou l’Etat ! Si ca continue comme ça, je vais aller ailleurs où il n’y a pas ce genre de problèmes. Ca nous crée énormément de préjudices. Nous arrivons au travail le sommeil dans les yeux, plus grave fatigués des efforts fournis la nuit malgré la fatigue de la veille » lance cette demoiselle, dépitée. Une situation encore plus dramatique dans un autre sous-quartier de Yopougon, Maroc. Une cité aux immeubles futuristes, mais non viabilisée et non bitumée comme à l’académie de la mer. Au Maroc, il faut faire avec les nuisances sonores à cause de ces nombreux maquis, restaurants et boîtes de nuit. Mais il faut surtout faire avec la pénurie chronique d’eau potable. Au Maroc, ils sont également ces habitants obligés d’aller à plus d’un kilomètres, à la merci des intempéries, des voleurs, des violeurs et des malfrats de tout acabit, chercher des points d’eau. Pauline Guédé, la cinquantaine environ, est une commerçante au marché du Maroc. Elle raconte l’enfer qu’elle a vécu lorsque le 17 juin 2011, après avoir quitté son mari et ses quatre enfants pour aller chercher de l’eau à 4 heures du matin au carrefour Anador, pas moins d’un kilomètre pour y arriver. « C’est un mauvais souvenir. Des individus ont voulu me violer. Ils m’ont brutalisé. Couteaux en main, ils m’ont obligé à me coucher. Ils ont enlevé mon pagne et voulaient me violer. Je me suis débattu comme je pouvais. Effrayés par mes cris, ils ont fui. J’ai failli mourir à cause de cette pénurie d’eau. Nous continuons de souffrir. Que Dieu touche le cœur de nos dirigeants, de la Sodeci pour que cette pénurie prenne fin » s’exclame t-elle, le cœur meurtri par cette souffrance éternelle. Du Maroc à Anananeraie, il n’y a seulement qu’un pas. La-bas aussi, les populations vivent le même calvaire. Derrière ces bâtiments modernes, les beaux appartements et studios de rêve, la désillusion des locataires dont certains relativement nombreux quittent ce sous-quartier par la petite porte, est grande. Ces apparitions sporadiques de l’eau potable sont également récurrentes dans la commune d’Abobo, notamment à Akéikoi, un village de cette commune où la fourniture de l’eau potable est à double vitesse. A Akéikoi extension, les populations en sont fréquemment privées. L’eau potable arrive dans les robinets par intermittence. En certains endroits d’Akéikoi extension, aucune goutte n’a été observée dans les robinets pendant deux semaines. En revanche, au quartier Yacouba du village, les habitants n’ont aucun problème d’approvisionnement quant à Djibi village, un autre village de la commune, quelques privilégiés ont de l’eau potable quant bon nombre d’habitants doivent se débrouiller pour avoir de l’eau potable. Des sources proches de la direction générale de la Sodeci, joints par téléphonie expliquent cette pénurie par la demande qui est plus forte que l’offre. Comme pour dire que les installations de la Sodeci sont dépassées.
Un reportage de
Charles Bédé
Un reportage de
Charles Bédé