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Économie Publié le mercredi 12 décembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Fuite du cacao / Boa Bonzou, porte-parole du Président la République, chargé du monde agricole : ‘‘Nous étions en train de tuer notre économie au profit d’un tiers’’

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
Photo d`illustration : Manutention et transport du cacao ivoirien.
Boa Bonzou est le porte-parole du Président la République, chargé du monde agricole. Dans cette interview, il jette un regard critique sur la campagne en cours.
Depuis l’ouverture de la campagne, les financements tardent à venir et les coopératives ont du mal à travailler. Comment expliquez-vous cela?
C’est un problème général à la Côte d’Ivoire. Nous sommes venus trouver un système où tout le monde faisait partir le cacao hors du pays. Sinon, une coopérative qui a bien travaillé et livré son produit à Abidjan, il n’y a pas de raison valable qu’un exportateur ne la finance pas. En envoyant notre cacao au Ghana, nous étions en train de tuer notre économie au profit d’un tiers. Aujourd’hui, avec le système, des coopératives vont disparaître d’elles-mêmes. C’est en cela que lorsqu’il a été décidé d’identifier les coopératives, j’ai souhaité qu’en raison de ce paramètre là, qu’on sursisse à l’identification. Pendant ma tournée, j’ai constaté que les coopératives qui travaillent ne sont pas beaucoup. D’ici peu, il y aura un assainissement dans le milieu des coopérations, et les coopératives qui ne vont pas travailler seront considérées comme fictives.

A qui donc incombe cette responsabilité du manque de financement des coopératives ? Est-ce le Conseil-café cacao ou les exportateurs?
Je ne peux accuser un exportateur. Le système en lui-même est bon, mais il y a des failles. Ce sont des choses que nous discuterons en interne. Mais, les coopératives doivent comprendre qu’elles sont en partie responsables. Vous savez, les exportateurs avaient déclaré la ‘zone de l’Est ‘’zone rouge’’. Mais le prix du cacao étant intéressant maintenant, le cacao ne va plus trop au Ghana.

La fuite du cacao vers le Ghana serait l’œuvre de certains trafiquants bien connus de la région. Qu’en dites-vous ?
Je voudrais, d’emblée, dire à ces personnes là d’arrêter cette manière de faire parce que bientôt, beaucoup vont regretter. Mais il faut comprendre une chose, comme je l’ai dit tantôt, un constat s’est dégagé de ma tournée. C’est que nos parents producteurs qui sont à 99% analphabètes ne sont pas bien sensibilisés. Désormais, cette histoire de planteur individuel va disparaître. Puisque une coopérative est une entreprise que les gens créent, les parents doivent comprendre que c’est leur chose qu’ils doivent entretenir. Il y aura incessamment une brigade qui sera installée. Puisque la surveillance sera militarisée.

Vous parlez d’installer une brigade. Comment comptez-vous vous y prendre, étant donné que ces personnes sont financièrement puissantes?
Je ne suis pas au courant d’une corruption généralisée. Mais j’exhorte les personnes qui s’adonnent à cette pratique de mettre un terme à cela, puisque bientôt les choses vont changer. Je ne peux pas leur dire ce qui va se passer. Lorsque je suis arrivé (Abengourou), j’ai eu des échos et j’ai même alerté un haut responsable pendant mon étape d’Abengourou. Je lui ai signifié d’envoyer des agents sur le terrain pour vérifier cela. Mais vous savez, on ne vit pas seulement de rumeurs.

Pour cette campagne, un accent particulier a été mis sur la qualité, mais le hic, c’est que les sacs appropriés manquent.
Le Conseil café-cacao a livré 6.000.000 de sacs. Mais le système mis en place n’est pas encore bien compris par nos techniciens. C’est que partout où je suis passé, j’ai été interpellé sur le problème des sacs. Mais je rassure toutes les coopératives qui travaillent correctement qu’au moment venu, elles seront pourvues en sacs.

Que dites-vous des rumeurs qui font état de ce que des sacs seraient vendus ?
Pour l’instant, il n’y a pas de sacs qui soient vendus parce qu’à ma connaissance, ce n’est pas ce qui nous a été dit, c’est autre chose. A l’époque, c’est vrai, il y a eu ces gabegies de vente de sacs, mais le système actuel ne le permet pas.

Le différentiel de 80F est jugé insuffisant pour les coopératives. Avez-vous quelque chose à ajouter?
Vous savez, c’est un nouveau bébé qu’on a mis au monde. Même, l’Etat pouvait aussi dire que sa part est insuffisante, si l’Etat voulait prendre la grande partie du gâteau, comme à l’époque, cela se faisait. Je demande aux gens que le bébé qui vient de naître va grandir. Donc que les gens nous accordent cette année, comme une année sabbatique. Le vrai problème et sur lequel nous sommes interpellés, c’est le problème des distances. Celui qui quitte à Agboville ou Aboisso pour Abidjan et celui qui quitte Bondoukou ou Lakota pour Abidjan sont soumis au même différentiel alors que les distances varient. Nous allons revoir cela. Tout le monde va s’en sortir, donc que les gens se calment. C’est pour cela que j’insiste pour demander à nos frères de ne plus faire partir le cacao au Ghana, parce que quand on a fixé le prix, nous avions fait une prévision de récolte et si nous n’atteignons pas le tonnage qui nous a permis de faire cette prévision, l’année prochaine, il sera difficile pour nous d’améliorer ce prix ou de le maintenir.
Ernest Famin, correspondant régional
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