Le mardi 06 novembre dernier, dans la capitale sénégalaise, Dakar, le drapeau ivoirien a flotté sur le podium de la Bceao. Et pour cause ! Le jeune Professeur, Keho Yaya, statisticien-économiste, enseignant à l’école nationale de statiques et d’économie appliquée d’Abidjan (ENSEA), a été déclaré lauréat de l’édition 2012 du prix Abdoulaye Fadiga de l’institution financière sous-régionale. A 40 ans, il voit ainsi récompenser son ardeur au travail et se voit investi désormais d’une mission exaltante: celle d’approfondir les recherches qui lui ont valu cette prestigieuse distinction.
L’Express a mis la main sur ce passionné de l’effort. Professeur, Sur quoi a porté votre recherche qui a séduit le jury ?
Le travail que j’ai proposé au jury porte sur le rôle des institutions dans le développement économique et financier des pays de l’Uemoa. Quand on regarde l’histoire des pays de l’Afrique de l’Ouest, on se demande si notre continent n’est pas en train de résister, de défier les grandes théories économiques, parce que ce qui marche ailleurs ne marche pas en Afrique. Quand on observe les pays d’Asie, on constate qu’il y a des choses qui ont bien marché là-bas mais une fois ces choses importées chez nous, ne marchent pas. On en vient donc à la question de savoir pourquoi l’Afrique résiste aux grands paradigmes de développement. Après des recherches et analyses, je me suis dit que ce sont les institutions. Leur qualité est très déterminante dans le développement économique et financier. Et dans le domaine des finances, c’est tellement vrai qu’il s’agit de l’argent. Un investisseur ne peut investir son argent dans un pays où il n’y a aucune garantie sécuritaire et juridique. Dans mon travail, je soutiens que la qualité des institutions est un facteur important pour le décollage économique des Etats de l’Union.
Que proposez-vous concrètement pour venir à bout de cette situation qui s’apparente à une fatalité?
Dans l’étude, je propose que les pays de l’Uemoa définissent ensemble des actions en vue d’améliorer et maintenir la stabilité socio-politique au sein de l’Union. Il faut également améliorer le cadre juridique des investissements, cela est extrêmement important. Il s’agit, en outre, de favoriser l’émergence de micro-entreprises capables d’investir et développer le micro-crédit en faveur des pauvres.
Que faut-il donc pour juguler les problèmes d’insécurité et d’absence de Démocratie ?
Si les institutionnelles sont bien définies, et que les rôles sont bien définis par des acteurs bien identifiés, je pense qu’on pourra avoir des pays où les choses fonctionnent normalement, étant donné les institutions en sont pas antonymiques. Une fois la sécurité, le droit et la justice sont garanties, les investisseurs pourront entreprendre aisément.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire, votre pays, au regard de la situation actuelle ? L’émergence est-elle vraiment possible ?
C’est une question d’actualité. Quand on regarde l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, on peut effectivement se demander si on est réellement bien parti pour atteindre l’émergence. Je pense qu’il y a des signes encourageants qu’on peut déjà noter, et qui montrent que le pays peut être émergents. Lorsque vous prenez les Etats émergent comme le Brésil, l’Inde et autres, vous vous rendez compte que nous avions plus ou moins le même niveau de développement à une période pas très reculée. Mais, ils ont mis en œuvre des réformes structurelles, en profondeur, ils ont reformé leurs économies et sont parvenus, aujourd’hui, à ce qu’on appelle pays émergents. La Côte d’Ivoire peut y parvenir également. Les nouvelles autorités en sont conscientes et la création, par exemple, d’un tribunal commercial en est un signe intéressant. C’est une innovation qui va permettre de régler les contentieux entre les opérateurs économiques et les consommateurs. La promotion de la réconciliation à travers la Cdvr, le dialogue républicain, etc., sont des facteurs qui concourent à la stabilité politique.
Vous vous retrouvez avec le président Alassane Ouattara à Dakar et vous décrochez le jackpot. Comment tout cela a été mené ?
Il faut dire que le prix remporté est un prix de la Bceao institué à la mémoire du gouverneur feu Abdoulaye Fadiga. La compétition court sur une année et tous les ressortissants des huit(8) pays de l’Uemoa, où qu’ils se trouvent dans le monde, peuvent postuler et il y a un jury qui siège pour choisir la meilleure recherche. C’est donc à ce titre que j’ai fait acte de candidature avec les travaux dont je vous ai parlé tantôt. La candidature est libre. Évidemment, les thèmes de recherches qui sont indiqués dans les conditions. Nous étions 21 au départ. J’ai été retenu comme lauréat, mais je n’avais pas l’information. J’ai, juste, été invité au symposium. Le président Alassane Ouattara ne le savait pas. C’est à la clôture du symposium que, à l’occasion du point du processus d’évaluation des travaux, le président du jury a déclaré que j’étais le lauréat 2012. Il a ensuite précisé que c’est le président Alassane Ouattara qui devait me remettre le prix.
Que vous a dit le président Ouattara après la proclamation des résultats?
Le Président m’a, d’abord, félicité. Il était content. Non seulement, il a été honoré d’être invité en qualité de gouverneur honoraire mais il devait remettre ce prix qui porte le nom d’Abdoulaye Fadiga. Et quand il a appris que le lauréat était un Ivoirien, sa joie était d’avantage grande. Il m’a dit, ensuite, qu’avoir ce prix était bien mais le plus important est de persévérer dans l’effort. Il m’a sérieusement exhorté au travail.
Une vraie source de motivation supplémentaire, n’est-ce pas ?
Vous savez, les derniers n’ont pas de problème mais les premiers en ont parce que lorsque vous arrivez a un niveau élevé, vous devez maintenir le cap, et ce n’est toujours pas facile. Ce prix est donc, pour moi, une incitation à travailler davantage et à mieux faire. Il doit ouvrir d’autres chantiers, d’autres voies de recherches afin de poursuivre, approfondir et améliorer les idées que j’ai développées dans l’étude.
Quels conseils à notre jeunesse blasée, manipulée et malmenée par certains hommes politiques, qui pensent que l’horizon est totalement bouché ?
Je dis aux jeunes que la facilité ne conduit pas loin. Elle peut vous permettre d’obtenir quelques gains mais c’est éphémère. La seule chose qui paie dans la durée et de façon durable, c’est le travail. Qu’ils apprennent à réfléchir d’eux-mêmes et développent des solutions à leurs problèmes. C’est à ce prix qu’ils pourront tendre vers l’épanouissement. Qu’ils évitent d’emprunter des raccourcis politiques pour arriver à leurs fins.
Réalisée par MASS DOMI
L’Express a mis la main sur ce passionné de l’effort. Professeur, Sur quoi a porté votre recherche qui a séduit le jury ?
Le travail que j’ai proposé au jury porte sur le rôle des institutions dans le développement économique et financier des pays de l’Uemoa. Quand on regarde l’histoire des pays de l’Afrique de l’Ouest, on se demande si notre continent n’est pas en train de résister, de défier les grandes théories économiques, parce que ce qui marche ailleurs ne marche pas en Afrique. Quand on observe les pays d’Asie, on constate qu’il y a des choses qui ont bien marché là-bas mais une fois ces choses importées chez nous, ne marchent pas. On en vient donc à la question de savoir pourquoi l’Afrique résiste aux grands paradigmes de développement. Après des recherches et analyses, je me suis dit que ce sont les institutions. Leur qualité est très déterminante dans le développement économique et financier. Et dans le domaine des finances, c’est tellement vrai qu’il s’agit de l’argent. Un investisseur ne peut investir son argent dans un pays où il n’y a aucune garantie sécuritaire et juridique. Dans mon travail, je soutiens que la qualité des institutions est un facteur important pour le décollage économique des Etats de l’Union.
Que proposez-vous concrètement pour venir à bout de cette situation qui s’apparente à une fatalité?
Dans l’étude, je propose que les pays de l’Uemoa définissent ensemble des actions en vue d’améliorer et maintenir la stabilité socio-politique au sein de l’Union. Il faut également améliorer le cadre juridique des investissements, cela est extrêmement important. Il s’agit, en outre, de favoriser l’émergence de micro-entreprises capables d’investir et développer le micro-crédit en faveur des pauvres.
Que faut-il donc pour juguler les problèmes d’insécurité et d’absence de Démocratie ?
Si les institutionnelles sont bien définies, et que les rôles sont bien définis par des acteurs bien identifiés, je pense qu’on pourra avoir des pays où les choses fonctionnent normalement, étant donné les institutions en sont pas antonymiques. Une fois la sécurité, le droit et la justice sont garanties, les investisseurs pourront entreprendre aisément.
Comment entrevoyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire, votre pays, au regard de la situation actuelle ? L’émergence est-elle vraiment possible ?
C’est une question d’actualité. Quand on regarde l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, on peut effectivement se demander si on est réellement bien parti pour atteindre l’émergence. Je pense qu’il y a des signes encourageants qu’on peut déjà noter, et qui montrent que le pays peut être émergents. Lorsque vous prenez les Etats émergent comme le Brésil, l’Inde et autres, vous vous rendez compte que nous avions plus ou moins le même niveau de développement à une période pas très reculée. Mais, ils ont mis en œuvre des réformes structurelles, en profondeur, ils ont reformé leurs économies et sont parvenus, aujourd’hui, à ce qu’on appelle pays émergents. La Côte d’Ivoire peut y parvenir également. Les nouvelles autorités en sont conscientes et la création, par exemple, d’un tribunal commercial en est un signe intéressant. C’est une innovation qui va permettre de régler les contentieux entre les opérateurs économiques et les consommateurs. La promotion de la réconciliation à travers la Cdvr, le dialogue républicain, etc., sont des facteurs qui concourent à la stabilité politique.
Vous vous retrouvez avec le président Alassane Ouattara à Dakar et vous décrochez le jackpot. Comment tout cela a été mené ?
Il faut dire que le prix remporté est un prix de la Bceao institué à la mémoire du gouverneur feu Abdoulaye Fadiga. La compétition court sur une année et tous les ressortissants des huit(8) pays de l’Uemoa, où qu’ils se trouvent dans le monde, peuvent postuler et il y a un jury qui siège pour choisir la meilleure recherche. C’est donc à ce titre que j’ai fait acte de candidature avec les travaux dont je vous ai parlé tantôt. La candidature est libre. Évidemment, les thèmes de recherches qui sont indiqués dans les conditions. Nous étions 21 au départ. J’ai été retenu comme lauréat, mais je n’avais pas l’information. J’ai, juste, été invité au symposium. Le président Alassane Ouattara ne le savait pas. C’est à la clôture du symposium que, à l’occasion du point du processus d’évaluation des travaux, le président du jury a déclaré que j’étais le lauréat 2012. Il a ensuite précisé que c’est le président Alassane Ouattara qui devait me remettre le prix.
Que vous a dit le président Ouattara après la proclamation des résultats?
Le Président m’a, d’abord, félicité. Il était content. Non seulement, il a été honoré d’être invité en qualité de gouverneur honoraire mais il devait remettre ce prix qui porte le nom d’Abdoulaye Fadiga. Et quand il a appris que le lauréat était un Ivoirien, sa joie était d’avantage grande. Il m’a dit, ensuite, qu’avoir ce prix était bien mais le plus important est de persévérer dans l’effort. Il m’a sérieusement exhorté au travail.
Une vraie source de motivation supplémentaire, n’est-ce pas ?
Vous savez, les derniers n’ont pas de problème mais les premiers en ont parce que lorsque vous arrivez a un niveau élevé, vous devez maintenir le cap, et ce n’est toujours pas facile. Ce prix est donc, pour moi, une incitation à travailler davantage et à mieux faire. Il doit ouvrir d’autres chantiers, d’autres voies de recherches afin de poursuivre, approfondir et améliorer les idées que j’ai développées dans l’étude.
Quels conseils à notre jeunesse blasée, manipulée et malmenée par certains hommes politiques, qui pensent que l’horizon est totalement bouché ?
Je dis aux jeunes que la facilité ne conduit pas loin. Elle peut vous permettre d’obtenir quelques gains mais c’est éphémère. La seule chose qui paie dans la durée et de façon durable, c’est le travail. Qu’ils apprennent à réfléchir d’eux-mêmes et développent des solutions à leurs problèmes. C’est à ce prix qu’ils pourront tendre vers l’épanouissement. Qu’ils évitent d’emprunter des raccourcis politiques pour arriver à leurs fins.
Réalisée par MASS DOMI