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Politique Publié le jeudi 3 janvier 2013 | LG Infos

Message de nouvel an du chef de l’Etat : Ouattara a honte de son bilan

Comme cela est de coutume, le chef de l’Etat Alassane Ouattara a délivré, le 31 décembre 2012, son message de nouvel an à la Côte d’Ivoire. Outre qu’il ne diffère vraiment pas de celui de l’année dernière, le message de cette fin d’année traduit toute la gêne qu’a le numéro 1 ivoirien d’évoquer son bilan très peu flatteur. En effet, passé le salamalec habituel, Alassane Ouattara a planté le décor en affirmant : «En cette veille de nouvel an, j’ai décidé de m’adresser à chacun et à chacune de vous, (…) pour vous rendre compte de l’Etat de notre chère Côte d’Ivoire, dont vous m’avez confié les destinées.» Ce bout de phrase nous a mis de l’eau à la bouche, car pour une fois, «le président de tous les Ivoiriens» veut «rendre compte de l’état de notre chère Côte d’Ivoire». Bien que nous la sachions agonisante. Surtout que pour l’année 2013, son vœu le plus cher est que «chaque Ivoiriens bénéficie d’un climat de paix et de bien-être.» Ainsi, en cette fin d'année qui «est une période particulière, où se mêlent à la fois, satisfaction, incertitudes et espoir», Ouattara a regardé les Ivoiriens, droit dans les yeux, et a déclaré : «cette année (2012), l’espoir l’emporte très largement sur l’incertitude car notre pays se porte mieux.» Pour la majorité des Ivoiriens, cette affirmation du chef de l’Etat est à la limite de l’intox. En effet, l’année 2012 est celle-là même qu’il faut très vite oublier. L’insécurité a culminé à des sommets jamais atteints en Côte d’Ivoire, avec l’attaque du camp des déplacés Wê de Nahibly à Duékoué. Ce massacre de plus de 200 personnes, selon les Wê, a été justifié par le président Ouattara alors en voyage en France comme un acte de représailles contre des braqueurs. Toujours au plan sécuritaire, des camps militaires, des postes de police, des brigades et escadrons de gendarmerie ont été à plusieurs reprises la cible de raids sanglants et parfois mortels. Chacune de ces attaques a donné lieu à des enlèvements et des détentions arbitraires des pro-Gbagbo torturés au plastique fondu. Cette façon de traiter des personnes présumées innocentes par le droit positif n’a pas échappée aux enquêteurs de l’Onu, Amnesty International, Human Rights Watch et International Crisis Group. Tous ont cloué au pilori le régime totalitaire d’Abidjan. Le tableau des violations des droits humains est davantage assombri par la longue liste des exilés de toute sorte qui ont fui la justice des vainqueurs… Avec tout ça, seul le président Ouattara peut affirmer devant la nation, à cette tribune aussi solennelle qu’en 2012 «l’espoir l’emporte très largement sur l’incertitude car notre pays se porte mieux.» A part lui, personne dans ce pays ne vit des moments de plaisir et de bonheur. A preuve, à peine quelques heures après son message, selon les chiffres officiels, plus 60 personnes ont péri au Plateau et plusieurs autres sont blessés. Plus de 100 morts et 200 blessés selon d’autres sources. Pour des feux d’artifice. Non, le pays ne se porte pas mieux ! Et l’espoir est d’artifice. Au contraire, tout est incertain !
Non, l’argent de la dette ne circule pas, ne travaille pas !
Alassane Ouattara s’est voulu offensif dans son message à la nation. Il a voulu envoyer des flèches à ses adversaires politiques, notamment ceux de l’opposition. Mais il est allé droit dans le mur. Et vous allez comprendre pourquoi. «J’entends dire que l’argent ne circule pas ! Sachez cependant que l’argent travaille. Et c’est grâce à cet argent qui est au travail, que chaque jour, la construction d’un pont progresse, qu’un grand axe routier voit le jour…», a attaqué le chef de l’Etat. C’est évidemment une contre-vérité, de l’intox, au point qu’Alassane Ouattara s’est senti obligé de s’étaler. Car, si l’argent travaillait, les Ivoiriens l’auraient vu au travail. Puisqu’ils sont dans ce pays avec celui qui est le premier et le dernier à voir que «l’argent ne circule pas ! Sachez cependant que l’argent travaille.» Les Ivoiriens ont raison de se poser des questions sur ce que le régime Ouattara fait du fruit des dettes qui s’accumulent sur leurs têtes. S’ils s’inquiètent de ce que «l’argent ne circule pas», c’est parce qu’ils redoutent de payer des dettes qui ne leur ont rien procuré en termes de bienêtre. Non seulement les réalisations que le chef de l’Etat cite pour apaiser la colère de ceux qui ne savent pas où va l’argent des dettes datent du temps de Laurent Gbagbo, mais celles d’aujourd’hui sont surfacturées, à l’instar des travaux de raccommodage de l’université de Cocody. Non, l’argent ne circule pas ! Ne travaille pas ! Il profite aux adeptes du rattrapage…
Est-ce possible de réduire le chômage sans créer d’emploi ?
«Nous suivons avec une attention particulière la question de l’emploi. L’enquête qui vient de s’achever sur la situation de l’emploi dans notre pays indique une nette réduction du taux de chômage tant dans le milieu rural que dans le milieu urbain.» Parole du chef de l’Etat. Quelle chance pour la Côte d’Ivoire d’avoir à sa tête Alassane Ouattara, un président qui réduit nettement le «taux de chômage tant dans le milieu rural que dans le milieu urbain» sans créer d’emplois. Car, outre lui, les Ivoiriens ont du mal à localiser ce «milieu rural» et «milieu urbain» où le chômage est en nette réduction en ce moment. Ce qui crève plutôt les yeux, ce sont les licenciements à la pèle qui ont frappé la Rti, la Sotra, le port autonome d’Abidjan, à la Présidence de la République, sans oublier dans plusieurs entreprises privées et parapubliques ; ainsi que les «recrutements parallèles» à la police, à la gendarmerie, aux Impôts, Trésor etc. Est-ce que c’est la réduction du chômage dont parle le numéro 1 ivoirien ? Si oui, il peut avoir raison. En France, on appelle les gendarmes les ruraux et les policiers les urbains. Or, de toute évidence, il ne s’agit pas de cela. Sinon, le président aurait fourni des données statistiques précises et fiables ainsi que des informations claires sur l’enquête qui a fait ce précieux travail. En vérité, Alassane Ouattara nous a tous roulés dans la farine. Une fois encore ! Hélas !
Barthélemy Téhin
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