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Politique Publié le jeudi 3 janvier 2013 | Le Temps

Discours de nouvel an : Tout sur les grandes contradictions de Ouattara

Les Vœux de Ouattara pour 2013, un triste bilan trop confus et sans lien avec la réalité des attentes des Ivoiriens. Dans un discours trop technique et en réalité, trop confus pour être compris, même par ses propres partisans, Ouattara continue dans la démagogie et se perd dans des promesses déjà mille fois répétées ! Comme si les Ivoiriens étaient sans mémoire, l’emploi, la lutte contre la pauvreté et les promesses de meilleur système de santé…
Ouattara dit : «Je me suis personnellement engagé à donner un autre visage à la Côte d’Ivoire». Quelle est cette image qu’il vise ? Car, en réalité, l’image du pays est pathétique et déplorable, surtout après ces derniers jours de l’année 2012. Ouattara dit : «La fin d’année est une période particulière, où se mêlent à la fois, satisfaction, incertitudes et espoir.» Comment on peut ressentir en même temps des sentiments aussi opposés et même antagonistes, comme l‘enthousiasme, l’incertitude et l’espoir ? Fatalement, ça ne peut que mal finir !
Ouattara dit : «Dans le courant du premier trimestre, le Conseil économique et social sera mis en place». Mais le Ces a un président depuis plus d’un an, donc on croyait que l’institution était en place, conformément aux prescriptions de la Constitution qui établit que le président et son bureau sont issus des membres du Ces. Par quel tour extraordinaire de magie, l’institution peut avoir un président, des vice-présidents et un bureau, sans avoir de membres, sans être installée ? Incroyable ! Sommes-nous dans un Etat de droit ? Ouattara dit : «Avec un taux de croissance qui sera parmi les plus élevés du continent et même du monde, notre économie est en pleine mutation et se diversifie.» Et aussi, sur le même sujet. Mais, si le pays a réalisé un tel taux de croissance, pourquoi le chômage y augmente autant (plus de 45%)? Pourquoi la pauvreté y prend une ampleur aussi dramatique (au-delà de 60%) ? Pourquoi les ménages se plaignent tant de la cherté de la vie, du coût élevé de l’éducation, de l’inaccessibilité de la santé ? Sur quoi de concret se vérifie ce taux de croissance ? Dans le nombre d’avions et de voyages de Ouattara ? Dans le train de vie de ses ministres, dont certains s’offrent des suites d’hôtels à plus de 90 millions par mois ? Ouattara dit : «Et pourtant, j’entends dire que «l’argent ne circule pas !» ; sachez cependant que l’argent travaille….», En voulant prétendre que c’est parce que l’argent sert à financer des projets, à payer des investissements, qu’il «est rare dans les poches des ménages» ? Ça alors, c’est le bouquet ! Est-il besoin d’écouter plus et de débattre encore ? Ce monsieur veut nous faire croire que le flux monétaire dans l’économie est altéré par l’utilisation qu’on en fait pour travailler. Alors, une question est de savoir si ces investissements sont faits en Côte d’Ivoire, si ces travaux sont faits dans ce pays ? Ensuite, il faut se demander si les paiements de ces investissements et travaux sont effectués dans ce pays ? Enfin, il faut nous dire si ces entreprises et leurs employés, au profit de qui sont faits ces paiements, sont logés en Côte d’Ivoire, y habitent et y dépensent ce qu’ils gagnent ? Si, à ces réponses, on nous répond oui, alors, Ouattara se paie de notre poire ou n’a rien à dire ! Car, nul n’est besoin d’être économiste pour savoir que cet argument est aussi fallacieux que celui qui l’avance et que celui qui l’avance fait preuve d’une profonde méconnaissance de l’expertise qui lui est pourtant prêtée ! Économiste, banquier, et financier, pour venir nous servir ça ? Pauvres ivoiriens, on dit que vous êtes trop bêtes et qu’on peut vous faire avaler n’importe quoi. Sinon, rappelons-nous juste un petit point d’une théorie qui pourrait soutenir ce que dit Ouattara ici, mais que lui-même contredit totalement par sa vacuité : pour relancer une économie, une des théories est celle de la dépense, qui consiste, pour l’Etat, à engager de gros investissements, notamment dans les grandes infrastructures, grosses «consommatrices de beaucoup de capitaux», en sachant qu’en réalité, ce faisant, l’Etat «injecte de l’argent dans l’économie en dépassant ainsi et que cet argent va dans les caisses des entreprises qui elles transfèrent une partie, dans les poches des salariés et en garde une partie, afin de renflouer les ménages et susciter la consommation» ! Au final, le but est donc, exactement de «faire circuler l’argent» ! L’Etat espérant se faire payer par l’utilisation des projets réalisés et par les impôts, puissent que plus de gens ont de l’argent. Enfin, comme on voit, notre économiste à dû faire des confusions… en écrivant et en lisant ça, sinon, nous qui avons fait de l’économie élémentaire, c’est ce qu’on nous apprend et ça marche, surtout quand l’Etat a les moyens de sa politique. Ça crée de l’emploi, ça injecte de l’argent dans l’économie et ça relance la machine. Sauf en Côte d’Ivoire, seul pays ou presque dirigé par un «vrai économiste» ! Qui a-t-on trompé sur la marchandise.
Ouattara dit : «En matière de logement, 2013 verra aussi l’intensification de la réalisation de logements sociaux et économiques. L’objectif pour les trois prochaines années est de réaliser 50 000 logements à Abidjan et 10 000 logements à l’intérieur du pays.» Mais ceci contredit ses promesses de campagnes, qui offraient plus de 10 fois les promesses d’aujourd’hui. Que s’est-il donc passé, pour qu’on tombe à si peu de logements sociaux pour les Ivoiriens ? Sont-ils moins exigeants ou sont-ils devenus subitement moins nombreux ? Ouattara dit : «Par conséquent, il est important que les revendications catégorielles ne prennent pas le pas sur la vision d’avenir.» Si vous avez compris, expliquez-moi ? De quelles catégories il parle, à qui cela s’adresse ? Tout le reste, et tout ce que Ouattara a dit le 31 décembre dernier n’est qu’une vaine litanie de promesses confuses, de théories incertaines et de proclamations surréalistes et inapplicables au quotidien des Ivoiriens. Ouattara s’enferme dans un monologue suicidaire, qui répète des thèses trop éloignées de l’état d’esprit des Ivoiriens en l’état actuel de la situation de crise profonde qui sépare un prétendu Etat de ses valeureuses populations, trop disciplinées et trop soucieuses du pays, pour garder encore patience, en espérant qu’il se réveille très bientôt des effluves d’une lune de miel qui n’a jamais eu lieu, mais dont il veut prétendre avoir pourtant jouit. Mais, Ouattara les entend-il ?
Une contribution de Ba Bemba Ci
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