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Afrique Publié le vendredi 8 février 2013 | AIP

Procès Habré; lancement officiel des chambres africaines extraordinaires à Dakar

L’administrateur général Aly Ciré Bâ a procédé vendredi à Dakar au lancement officiel des activités des chambres africaines extraordinaires pour le procès de l’ex-président tchadien, Hissène Habré, en présence des magistrats récemment désignés pour cette juridiction spéciale.

"L’accusation comme la défense vont disposer d’une entière liberté pour conduire leurs investigations sur le sol tchadien. C’est une condition sine qua non pour la bonne conduite des procès et nous y veillerons tout particulièrement", a déclaré Aly Ciré Bâ.

Réfugié au Sénégal depuis sa chute en 1990, l'ancien président tchadien est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, de tortures, commis entre le 07 décembre 1982 et le 1er décembre 1990 au Tchad.

"A l'aune d'un procès équitable et juste, ces chambres suscitent l'espoir'', a-t-il souligné, ajoutant que l’ensemble des juges doivent faire preuve d’objectivité.

Selon l’administrateur général des chambres africaines extraordinaires, environ 350 millions de FCFA seront consacrés à l'assistance judiciaire des parties en procès sur un budget de cinq milliards dont seul le quart est actuellement mobilisé, a fait savoir Aly Ciré Bâ.

Pour sa part, une coalition d’organisations de défense des droits humains estime que l’inauguration du tribunal spécial au Sénégal marque un "tournant décisif" dans la longue campagne pour traduire en justice l’ancien président Hissène Habré.

"Mon pays (Sénégal) montre l’exemple au reste de l’Afrique en prouvant que les Africains peuvent régler leurs propres problèmes. L’époque où les despotes pouvaient vider leurs comptes en banque et se réfugier tranquillement dans un pays voisin est aujourd’hui révolue", a déclaré Alioune Tine, président de la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme
(RADDHO), au nom du Comité international pour le jugement équitable de Hissène Habré, regroupant notamment la RADDHO, l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH), Human rights watch, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Ligue sénégalaise des droits de l’homme et Agir ensemble pour les droits de l’homme.

La phase préliminaire du procès, qui comprend une instruction conduite par quatre magistrats sénégalais, doit durer 15 mois.

Le Statut des Chambres extraordinaires prévoit la participation des victimes à tous les stades de la procédure en qualité de parties civiles représentées par leurs avocats, ainsi que l’attribution de réparations en leur faveur.

L’ex-président Hissène Habré a été inculpé une première fois au Sénégal en 2000. Mais les tribunaux sénégalais ont statué qu’il ne pouvait pas y être jugé et ses victimes ont alors déposé plainte en Belgique. En septembre 2005, après quatre années d’enquête, un juge belge a inculpé Habré et la Belgique a demandé son extradition. L’arrêt de la Cour internationale de justice du 20 juillet 2012 ordonnant au Sénégal de poursuivre en justice "sans autre délai" ou d’extrader l’ancien président du Tchad, l’Union africaine et le Sénégal se sont mis d’accord sur un projet pour créer les "Chambres africaines extraordinaires", en vue de mener le procès au sein du système juridique sénégalais.
(AIP)
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