Les vieilles habitudes ont la peau dure. Mai 2012-février 2013. Cela ne fait pas même pas une année que les bassins du lycée technique, Fraternité Matin et carrefour de l’Indénié, situés entre Cocody et le Plateau, sont dans un piteux état. Ces bassins qui font partie du bassin du Gourou manquent véritablement d’entretien et l’on n’a pas besoin d’un microscope ou d’une jumelle pour s’en apercevoir. Que ce soit celui situé après le pont du lycée technique, celui qui se trouve non loin du journal gouvernemental Fraternité Matin ou celui situé au carrefour de l’Indénié, le spectacle est ahurissant. Idem pour le canal de drainage ou d’évacuation des eaux qui se trouve avant l’entame de la Corniche, en venant du Café de Rome. Ces sites sont aujourd’hui garnis de déchets solides, sables mouvants, eaux usées. L’endroit marécageux est devenu à ce jour, le nid et le lit des reptiles de tout genre. Aucun entretien apparent. Il suffit tout juste d’y jeter un regard ou de s’y approcher pour savoir qu’il est l’antithèse de ce qui avait été érigé en mai 2012 et qui faisait la fierté du régime Ouattara. Une odeur nauséabonde se dégage de ces bassins. Il ne suffit donc pas de construire seulement. Il faut aussi entretenir. Mais sous nos tropiques, et malheureusement en Côte d’Ivoire, l’entretien d’un ouvrage ne semble pas la chose la mieux partagée. Aucun suivi. Comment accepter qu’une telle infrastructure, conçue à coût de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa soit dans un état de délabrement auss avancé ? Qu’adviendrait-il si une pluie torrentielle survenait ces jours-ci ? La réponse on la connaît puisque la construction des bassins à ces endroits avait été maintes fois expliquée et les objectifs bien définis. Les travaux qui ont été très bien effectués sous l’avènement du président Alassane Ouattara ont trait à la réhabilitation des canaux, la construction des canaux, la réhabilitation des barrages et la construction de barrages. Les trois bassins réalisés permettent de réguler la vitesse de l’eau, comme c’est le rôle de tout barrage. Mais spécialement, ces trois bassins servent à arrêter le sable, les déchets solides, tels que les bouteilles, chiffons, plastiques pour que cela n’arrive pas à la lagune. Ces bassins en général, sont faits de deux parties. Une partie où stagne l’eau et l’autre où se trouvent les déchets. Ces bassins et canalisations qui ont vu le jour l’année dernière, s’inscrivent dans le vaste projet du Bassin du Gourou qui couvre une superficie d’environ 28,6 km2. Il s’étend du Nord au Sud (d’Abobo à l’échangeur de l’Indénié) sur environ 9 km. D’une largeur moyenne de 3 km, il est limité à l’Est par le prolongement du boulevard Latrille vers le quartier des II Plateaux et à l’Ouest par la ligne du chemin de fer (Adjamé-Anyama). Le projet de gestion intégrée du bassin du Gourou consiste en la mise en œuvre d’actions stratégiques au niveau du bassin afin d’assurer : une meilleure régulation des eaux de drainage vers l’exutoire, en particulier, au niveau du carrefour de l’Indénié ; une meilleure gestion de l’environnement et des déchets solides, etc. Le danger qui guette les populations Le bon fonctionnement de ces bassins favorise la suppression des eaux stagnantes, l’amélioration du cadre de vie des populations, la réduction de la prévalence des maladies hydriques dont le paludisme. En outre, les barrages écrêteurs et canaux de drainage réhabilités ou construits améliorent la valeur des propriétés voisines, réduisent le dégagement d’odeur dans l’atmosphère dans un certain périmètre, éliminent le déversement des eaux usées dans le bassin. Si ces bassins ne sont plus fonctionnels ils risquent de polluer les sols, les eaux de surface du fait d’une contamination résiduelle en germes fécaux, kystes de protozoaires, œufs de vers comme les ténias, ascaris, oxyures, les larves d’anophèles de bilharziose, etc. Et la population en pâtirait. Les dégâts seront alors très énormes. La Côte d’Ivoire n’a pas besoin d’un éternel recommencement. Il ne faut pas investir pour les mêmes dépenses alors qu’un soupçon d’entretien peut nous éviter le pire. Aujourd’hui, l’usager qui passe à proximité des différents bassins reste stoïque tant les sites sont à l’abandon. Pas de curage périodique, pas de nettoyage, pas de désensablement. Alors qu’une exploitation efficace du réseau et un travail d’entretien rigoureux et permanent s’avère nécessaire. Mais rien de tout cela. « Ces barrages sont faits pour être nettoyés. Et il sera procédé à l’enlèvement de tous ces déchets retenus afin qu’ils ne se retrouvent pas dans la Lagune. Car ce sont ces déchets qui bouchent les dalots (Ndlr : Passages sous voie qui emmènent toutes ces eaux à la lagune) et généralement, empêchent l’eau de circuler », avait avoué en mai 2012, un des responsables de l’Assainissement. Le 24 décembre 2012, c’est le ministre de la Construction, de l’Assainissement, Mamadou Sanogo, lors d’une visite sur le site qui indiquait que les bassins ne devaient pas être un dépotoir. Demandant à cet effet aux chefs des communautés d’être son interprète auprès des populations. Mais cela ne doit pas empêcher l’entretien du site devenu aujourd’hui, un vrai bourbier !
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA