Cela fait tout au juste trois mois qu’Alain Michel Lobognon est à la tête du ministère de la promotion de la jeunesse, des sports et loisirs. Après 100 jours, le ministre a voulu s’arrêter pour regarder ce qui a été fait. Et surtout expliquer à la presse et au mouvement sportif ivoirien son plan d’action. C’était au cours d’un déjeuner de presse à Treichville. Devant un parterre d’invités très variés, avec des journalistes des dirigeants de fédérations ou encore de structures sous tutelle, le ministre a reconnu que «le sport ivoirien est profondément sinistré et a besoin d’une thérapie de choc». C’est pour cela qu’il est revenu sur les grandes articulations de sa politique pour un développement harmonieux du sport en Côte d’Ivoire. De la politique nationale de sport au financement, en passant par la loi sur le sport, les infrastructures, la gestion des fédérations, la formation, le Fonds d’aide au sport…, le ministre, qui a également en charge la jeunesse et les loisirs, a reconnu que l’Etat doit véritablement s’impliquer. Tant il est convaincu que «le sport mondial est devenu aujourd’hui une industrie et la Côte d’Ivoire pour en tirer profit doit se lancer sur la voie du professionnalisme ». C’est pourquoi, il a dit fonder beaucoup d’espoir sur la loi sur le sport qui selon lui se chargera «de définir le cadre juridique du sport dans notre pays». Dans son allocution, il a dit que le ministère s’engageait à faire adopter les textes relatifs à la politique nationale de sport et à la loi sur le sport. Conscient que tout ceci ne peut se faire sans un cadre d’expression adéquat, le ministre a affiché la ferme volonté de son département à doter la Côte d’Ivoire d’infrastructures sportives pour booster la pratique du sport en côte d’Ivoire. «Les premières salles seront construites à Korhogo, Bouaké, Yopougon, Abobo et Cocody, en vue de rapprocher les aires de jeu des amateurs de disciplines sportives», a-t-il révélé. L’autre volet qui a particulièrement permis au ministre d’être encore plus prolixe, c’est la question de la gestion des fédérations sportives. A ce niveau le ministre a réitéré sa volonté de ne plus confier l’organisation des assemblées générales à un comité directeur mais à la commission de supervision et de contrôle. Poursuivant, il a souhaité que toutes les fédérations, à terme, doivent être dotées de statuts types pour «éviter les querelles incessantes». Mieux, le ministre des sports a fait savoir que dans un souci de vulgarisation de la discipline, les fédérations doivent être présentes dans les 14 districts administratifs de la Côte d’Ivoire. Tous ces vœux pieux ne pourraient être traduits en réalité que si une véritable politique de financement les soutiens. Abordant le chapitre des structures sous tutelle, il est revenu sur l’affaire de l’INJS. «Le concours d’entrée à l’INJS a été suspendu mais l’école n’est pas fermée», a-t-il clarifié. Pour ce qui concerne l’ONS et l’OISSU (office ivoirien du sport scolaire et universitaire), il a expliqué des reformes devront leur permettre de mieux aider au développement du sport et d’étendre la pratique du sport sur toute l’étendue du territoire national à travers l’école. Pour aider à la détection, le ministre Lobognon va bientôt lancer «Les jeux de la Nation». Ces Jeux seront organisés tous les deux ans dans l’un des 14 districts du pays et contribueront à la politique de construction des infrastructures adaptées à la pratique sportive. Dix disciplines sont concernées par ces Jeux. Ce sera une sorte de «Jeux Olympiques» au niveau national. Tout comme le sport civil, Alain Lobognon a un plan de réforme pour le sport militaire. Ce plan prévoit la création d’une fédération des sports militaires. Après 100 jours, le ministre a reconnu qu’il reste beaucoup à faire. C’est pourquoi il a pris la ferme résolution de poursuivre la réalisation de ses projets pour dit-il, permettre au Président Alassane de faire de la Côte d’Ivoire un pays de sport. Mais le ministre des sports et ses collaborateurs doivent se rendre à l’évidence en ne perdant pas de vue le plus important. L’appui direct aux premiers encadreurs de la jeunesse sportive que sont les associations et les fédérations. Car en réalité, tant que l’Etat ne donnera pas des moyens conséquents aux clubs, associations et autres fédérations sportives, tout ce projet, aussi beau soit-il, tombera à l’eau. Ce sont les clubs qui, au quotidien, gèrent le sport et les athlètes. Sans moyens, ils continueront de former au rabais des sportifs de petits niveau qui au final ne gagneront rien.
Koné Lassiné
Koné Lassiné