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Politique Publié le vendredi 1 mars 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Duncan à la primature / Cent jours après : la rigueur contrariée ?

© L’intelligent d’Abidjan Par Prisca
Coopération ivoiro–saoudienne : le ministre Daniel Kablan Ducan a reçu son altesse royale, le Prince Abdul Aziz Bin Abdullah Aziz Al Saud.
Vendredi 22 juin 2012. Abidjan. Hôtel Ivoire. le Ministre d`Etat, ministre des Affaires étrangères Daniel Kablan Ducan a eu une séance de travail avec le Prince Abdul Aziz Bin Abdullah Aziz Al Saud, Prince héritier et vice-ministre des Affaires Etrangères du Royaume d’Arabie Saoudite.
Cent jours de travail acharné, cent jours de stress sans doute. Le 22 novembre 2012, Daniel Kablan Duncan héritait de la maison blanche du Plateau qui avait servi avant cette date, de bastille à son camarade et frère de parti, Jeannot Ahoussou Kouadio.

Peut-être peu, pour faire un bilan conséquent, mais les cent jours ont valeur de symbole. La sagesse africaine ne dit-elle pas que l’arbre qui doit porter des fruits se reconnaît à ses fleurs. Taille de basketteur, l’embonpoint retrouvé, l’homme est plutôt gai et affiche toujours un sourire radieux devant le ballet de visiteurs qui arpentent au quotidien, les couloirs de la primature. La calvitie est peut-être une marque de vieillesse, mais en Afrique, l’adage dit que lorsque la calvitie arrive dans un village, à l’absence des vieillards, elle se rabat sur les plus jeunes. Celle de Daniel Kablan Duncan est certainement une marque de sagesse qu’il a contractée très tôt avant ses 70 ans qu’il a aujourd’hui. Il ne se sépare point de son style d’énarque avec la veste à six boutons toujours hermétiquement attachés. Duncan connaît bien la maison. C’est fin 93 qu’il inaugure sa fonction de Premier ministre sous Henri Konan Bédié au lendemain du décès du père fondateur Félix Houphouët-Boigny. Il restera à ce poste pendant six ans. Quand il y revient quatorze ans plus tard, le décor n’est peut-être plus le même, le rythme de travail non plus.

«Il vient tôt au bureau et retourne tard»

Les Tics ont fait leur entrée dans les mœurs : des tablettes Ipad au téléphone le plus sophistiqué. Il faut s’y mettre. Daniel Kablan Duncan s’y connaît. C’est la mode aux Conseils des ministres hebdomadaires. ‘’L’homme est un travailleur infatigable, ponctuel et respectueux des rendez-vous. Il vient tôt au bureau et retourne tard, le temps de conclure la dernière audience’’, reconnaît l’un de ses collaborateurs. Ce lève-tôt, contrairement à ce qu’on aurait pensé, est encore capable d’innovation. Il a sa méthode et son style. Il les implémente, fait des injonctions à ses collaborateurs. ‘’On ne sait jamais avec ce type. Il vaut mieux être au bureau avant lui’’, plaisante un autre collaborateur de Duncan sous l’anonymat, arguant qu’il ne donne pas forcément des ordres à suivre mais déjà sa méthode par exemple, à elle seule, est une pression. L’un des plus anglophones des ministres d’Alassane Ouattara, financier de formation, avec une solide expérience acquise d’abord à la CNPS puis à la Bceao, est un homme de rigueur, appliqué et adepte des règles de l’orthodoxie financière. Ne cumule-t-il pas les postes de Premier ministre et de ministre de l’Economie et des Finances ?

De la diplomatie à la Primature

Il n’est plus dans le bilan trimestriel des voyages du Chef de l’Etat auquel il avait habitué la presse pendant son magistère au ministère des Affaires étrangères. Désormais, ce sont d’interminables audiences à des personnalités des milieux économiques, diplomatiques, culturels et politiques du monde entier. Au moment où il arrive à la primature fin novembre 2012, le quotidien des Ivoiriens rimait avec la cherté de la vie. Le dialogue avec l’opposition, même s’il avait débuté, connaissait un certain balbutiement. Le Front populaire ivoirien qui demandait un dialogue direct avait du mal à trouver une oreille attentive. Le front social était quelque peu apaisé dans l’attente d’un dialogue social, prolongement du forum social entamé en 2007. L’université avait lancé ses activités et des cours avaient même repris après deux années d’hibernation. La Côte d’Ivoire avait un programme économique avec les bailleurs de fonds internationaux dans le cadre de l’exécution du programme post-PPTE. Les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et ses partenaires habituels sont au beau fixe. Duncan y est pour quelque chose, lui qui était le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères. L’environnement sécuritaire était préoccupant avec les attaques contre les positions des FRCI (armée nationale) par des individus non clairement identifiés. Le gouvernement d’avant Duncan était miné par des dissensions internes où des ministres étaient en conflit voilé avec le Premier ministre Ahoussou. Duncan remplace Jeannot Ahoussou dans une situation ni trop rose ni trop catastrophique. Il aura eu le mérite de poursuivre avec le FPI le dialogue. Un dialogue qui va se conclure dans sa première phase le 4 février 2013, par un document de synthèse contenant des points d’accord et de désaccord. Pour certains observateurs, cet effort a été contrarié en considérant l’objectif visé qui était la participation de l’opposition aux élections locales. Alors que le FPI s’attendait à un second round de discussion, il apprendra à son corps défendant, la fixation de la date des élections.

Cent jours de défi, cent jours d’obstacles

Qu’a-t-il fait de ses cent jours ? La confiance est-elle de retour au gouvernement ? Les milieux économiques et financiers ont-ils retrouvé un second souffle ? Les cent jours de Duncan à la primature ne sont pas à analyser séparément du travail de ses ministres. Il est dans une sorte de bateau dont il est le capitaine, chef du gouvernement ès-qualité. Le chroniqueur de l’IA Ben Ismaël dresse un bilan mitigé du Premier ministre d’Alassane Ouattara : ‘’Il s’est compromis dans une déclaration partisane dans Jeune Afrique et offensant l’ancien Président Laurent Gbagbo dont il fait savoir que le cercle des partisans se rétrécit chaque jour. A la suite, il s’est ressaisi, mais cent jours après, je n’ai pas vu d’actes concrets. Il a brillé sous Bédié. Aujourd’hui, il navigue sous Ouattara dans un contexte où l’économie mondiale est dans le gouffre, les feux sont au rouge avec perte de triple. Dans ce contexte, il ne peut rien faire’’. Duncan est aux manettes. Cent jours après, les prix des denrées alimentaires n’ont pas baissé. Pis, il y a quelques semaines, le gouvernement qu’il dirige, procédait à un ‘’ajustement’’ des prix de l’essence super. Un signe annonciateur ? La rumeur enfle quant à une flambée générale des prix. Les remous sociaux ont repris de plus belle. Les enseignants, les médecins, les assistants sociaux, les secrétaires, les ingénieurs… ont tour à tour débrayé avant de suspendre leurs mouvements, le temps d’examiner les propositions du gouvernement. Les syndicats ont été reçus à la mi-février par le Premier ministre et le feu couve toujours.

S.Debailly
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