Les planteurs de Côte d’Ivoire, dont les revenus se sont rétrécis comme une peau de chagrin, broient du noir depuis l’avènement du régime Ouattara. Dans un contexte de hausse vertigineuse du coût de la vie. C’est pour dénoncer la paupérisation alarmante des paysans, planteurs et cultivateurs que le Syndicat national des paysans de Côte d’Ivoire (Synpaci), par la voix de sa secrétaire générale Michelle Zeneb Ouattara, a organisé un point de presse au siège du dit syndicat sis à Attécoubé , quartier Mossikro, hier jeudi 7 mars 2013. Au lendemain de l’annonce du prix bord champ du cacao fixé officiellement à 725 Fcfa, soit une baisse de 275 F par rapport à la campagne passée (1000 Cfa). D’entrée, la conférencière a rappelé que l’économie de la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture. Et que par conséquent, « si le cacao meurt, toute la côte d’ivoire se meurt ». Avant de regretter que les agriculteurs, en particulier les producteurs de cacao, qui assurent la base de cette économie soient aujourd’hui des laissés pour compte. Privés d’accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable, à l’électricité, confrontés au manque de voies d’accès dans les zones rurales pour évacuer leurs produits, exposés à l’insécurité grandissante, Michelle Zeneb Ouattara et les planteurs du Synpaci sont dépités. D’autant plus que: «malgré le changement de gouvernants on ne voit rien venir». Pis, la « situation s’est aggravée », a-t-elle déploré. Avant de révéler qu’en fait, malgré l’annonce officielle du prix bord champ de cacao (725) par les autorités, le prix proposé aux paysans par les acheteurs de produit ne dépasse pas en réalité les 400 Fcfa sur le terrain. Michelle Zeneb Ouattara a évoqué par ailleurs le vieillissement du verger, l’abandon de la politique d’encadrement des paysans, l’inexistence du crédit agricole en Côte d’Ivoire, la raréfaction de la main d’œuvre, le désintérêt des jeunes pour les zones rural et l’agriculture, la mauvaise politique agricole au niveau de l’Etat. Non sans s’affliger de l’expropriation des populations Wê de l’Ouest de leurs terres par les nouveaux colons burkinabé qui arrivent par convois entiers. Autant de problèmes qui amplifient la misère qui frappe actuellement le monde paysan. Pour le Synpaci : « l’Etat n’écoute pas les paysans, ne fait rien pour eux. La situation est devenue pire». En outre, Michelle Zeneb Ouattara s’est élevée contre la strangulation des paysans ivoiriens par les multinationales agroindustrielles qui mènent les gouvernants par le bout du nez avec leur pouvoir financier, au détriment des planteurs. Avant de prévenir en substance en ces termes : « Les paysans souffrent trop. Ils sont aujourd’hui sur le pied de guerre et ils vont se réunir bientôt au niveau national pour faire entendre leur voix ». La conférencière, entourée d’agriculteurs et d’experts agricoles, a eu le soutien du ministre Daniel Anikpo qui s’est inquiété du sous-développement dans lequel s’enfonce la Côte d’Ivoire. Bientôt notre dossier sur la paupérisation croissante des planteurs et des masses paysannes en Côte d’Ivoire.
K. Kouassi Maurice
K. Kouassi Maurice