Le 10 mars dernier, la Confédération africaine de football a organisé son 35ième congrès qui a réélu Issa Hayatou à sa tête. Ici, nous revenons sur ce congrès avec la seule femme membre du comité exécutif de la FIFA. Lydia Nsekere, c’est son nom, parle de la place de la femme dans le football africain et mondial. Le Patriote : Madame la Présidente, vous venez de donner un nouveau mandat à Issa Hayatou à la tête de la CAF. Quel bilan faites-vous de ses 25 années de gestion? Lydia Nsekera : 25 années, c’est beaucoup et beaucoup de choses se sont passées dans le football africain. En 25 ans, le football africain a considérablement évolué. Je pense que c’est 25 ans de bonheur, de gloire. Moi, je suis présidente de fédération de football depuis 8 ans et je ne me plains pas en ce qui concerne le développement du football africain. LP : Ce congrès est-il celui de la majorité ? LN : Le congrès s’est bien déroulé. Tout s’est bien passé. Il y a eu bien sûr des candidats qui ont fait leur campagne dans le calme comme d’habitude et les délégués ont fait leur choix. LP : Depuis 1904, vous êtes la première femme à intégrer le comité exécutif de la FIFA. Comment avez-vous accueilli cette ascension ? LN : En 2011, quand le président de la FIFA, Joseph Sepp Blatter a annoncé que pour le prochain congrès, il y aura une femme au comité exécutif d la FIFA, j’étais en tant que président de fédération de football très satisfaite de cette volonté. Parce que je me disais que cela va encourager les femmes à intégrer les clubs, et à se faire élire au niveau des associations nationales. Aujourd’hui, on compte 209 associations et mon souhait est qu’il y ait plus de femmes à la tête d’associations nationales. LP : Ce grand honneur est fait à la femme mais également à toute l’Afrique. Car la seule femme qui siège au comité exécutif de la FIFA est africaine ? LN : Effectivement, la seule place aujourd’hui est occupée par une Africaine, ce qui est une grande fierté pour l’Afrique. Surtout que l’Afrique est un continent où dans beaucoup de pays, la femme est reléguée aux secondes tâches, c’est-à-dire qu’elle occupe une deuxième place derrière l’homme. C’est le cas de mon pays. Donc ce choix d’une femme africaine au comité exécutif de la FIFA est très important pour l’Afrique pour l’intégration de la femme dans la société. LP : L’intégration de la femme sera alors le point focal de votre combat ? LN : En réalité, ce n’est pas un combat. Le football est pratiqué aussi bien par les hommes que les femmes. C’est donc normal qu’il y ait des places pour les femmes dans les comités exécutifs de la FIFA. Mais pour moi, le plus important aujourd’hui, c’est le développement du football féminin. Notre place au comité exécutif de la FIFA n’est pas de développer le football féminin, mais d’amener les associations nationales à le développer dans leurs pays respectifs. Parce que le football féminin est absent dans certaines associations nationales. Egalement, nous devons encourager la formation des entraîneurs et des arbitres femmes. Il faut surtout encourager l’ascension de femmes dirigeantes. LP : Est-ce un appel que vous lancez aux femmes pour intégrer totalement le football ? LN : C’est un appel pour qu’elles puissent intégrer le football dans toutes ses articulations. Depuis 2009 avec mon entrée au comité international olympique où je suis membres de la Commission femmes et sports, l’intégration de la femme est également très importante à ce niveau. LP : D’où vous vient cette passion pour le football ? LN : Je suis née dans le football. Parce que mon père fut un dirigeant d’un club de football. Dans ma famille, plusieurs de mes frères ont joué au football. Mais pas à un niveau professionnel, parce qu’au Burundi, la priorité c’était de faire les études. Mais à la maison, toute ma famille aime le football. C’est le sport que nous aimons tous.
Par Koné Lassiné à Marrakech
Par Koné Lassiné à Marrakech