Lors d’une session extraordinaire tenue le mercredi 10 avril dernier, les députés ivoiriens ont adopté une loi d’habilitation autorisant le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, à prendre par ordonnance des mesures relevant du domaine de la loi pendant la gestion 2013 pour l'exécution de son programme en matière économique et sociale. En termes plus simples, les députés, élus par une partie des Ivoiriens, ont décidé de ne plus faire le principal travail pour lequel ils sont à l’Assemblée nationale. A savoir voter les lois. En effet, le texte adopté par 178 voix pour, 6 contre et 4 abstentions permet au chef de l’Etat de contourner le parlement pendant un an et met de facto les députés en congé. Outre les lourds préjudices qu’elle porte à la démocratie en Côte d’Ivoire, cette loi peut être également source d’une injustice sociale. De fait, nombreux sont les Ivoiriens qui s’interrogent sur le traitement qui sera réservé à leurs représentants qui ont délibérément décidé de ne pas travailler là où l’Etat mène une guerre sans merci contre les fonctionnaires grévistes. Ces élus continueront-ils de percevoir leurs indemnités pendant la période où ils ne travailleront pas ? Le bon sens voudrait que le salaire des députés démissionnaires soit purement et simplement suspendu pour cette année 2013 pendant laquelle ils vont se tourner les pouces. Il serait totalement incongru et injuste que l’Etat prenne l’argent du contribuable pour payer des gens qui refuse délibérément de faire leur travail alors que les fonctionnaires font l’objet de ponctions sévères sur les salaires pour avoir observé quelques jours de grève justifiée. La maxime selon laquelle « sans travail pas de salaire » conviendrait bien à ces curieux élus qui viennent de trahir la confiance placée en eux par les quelques Ivoiriens qui ont voté pour eux.
Jean Khalil Sella
Jean Khalil Sella