Comédienne et réalisatrice ivoirienne de renommée internationale, Akissi Delta fait partie des grosses têtes du théâtre ivoirien. Après la réalisation de la première saison du célèbre téléfilm « Ma famille », cette passionnée des arts de la scène connaît une traversée de désert. Dans cet entretien, Delta évoque ses déboires et livra aussi ses espoirs. Entretien.
Si vous devriez résumer votre parcours en quelques mots, que diriez-vous?
J’ai démarré ma carrière dans les années 1973 par la danse, les photoromans. Et par la grâce de Dieu, j’ai rencontré Léonard Groguhé qui est aujourd’hui comme un père pour moi. N’ayant pas été à l’école, c’est lui qui m’a mis à l’école de la vie. Et c’est lui qui a fait de moi ce que je suis devenue. Avec lui j’ai fait mes premier pas de comédienne à travers Comment ça va. Après son départ, j’ai eu la chance de figurer au grand écran avec d’autres grands noms que je considère aussi comme mes papas. Feu Henri Duparc, dans « Bal poussière », « Rue Princesse », « couleur café », et d’autres cinéastes comme Roger Gnoan M’balla dans « au nom du Christ » avec Kramo Fadiga dans « Wariko ». Par la suite, j’ai assuré avec Feu Camara Yêrêfê dit H, la direction artistique de Qui fait ça? C’est justement après Qui fait ça qu’en 2002, j’ai décidé de travailler à mon propre compte et j’ai commencé Ma famille.
Justement parlant de Ma famille, vous avez achevé la première saison qui a connu un franc succès ici en Côte d’Ivoire comme ailleurs en Afrique. Que retenez-vous de cette première expérience en tant que réalisatrice?
Je retiens beaucoup de choses parce que Ma famille n’était en vérité qu’un coup d’essai. Dieu merci, le film a eu du succès. Mais ce succès m’a aussi créé pas mal de problèmes. Les gens ont cru que ce succès médiatique était suivi d’un succès économique et financier. Et pourtant la réalité était tout autre. J’ai vécu des méchancetés. Autant cette première expérience a donné le goût aux autres de faire comme moi, autant cela m’a causé d’énormes soucis. Des gens se sont levés contre moi parce qu’ils ont cru que j’avais eu beaucoup d’argent. Mais, au bout du compte, ces derniers à travers leur propre expérience, ont compris qu’il ne suffit pas de réaliser un film pour devenir riche. Bientôt, nous allons reprendre Ma famille.
Vous venez de le dire, Ma Famille vous a causé beaucoup de soucis. Cela a failli vous coûté la vie puisque vous avez failli vous suicider. Peut-on dire aujourd’hui qu’Akissi Delta s’est véritablement remise de ses déboires?
Oui. Je vais bien. Certes, j’ai vécu des moments difficiles, mais grâce à Dieu aujourd’hui tout va bien.
Avez-vous réglé vos problèmes avec la Rti et sa directrice commerciale et marketing Da Chagas?
Oui. Tout va bien. Nous nous appelons souvent. Nous nous voyons, il n’y a plus de problèmes.
Après la première saison de Ma famille, à quoi les téléspectateurs doivent s’attendre pour la deuxième saison?
Nous aurons les mêmes acteurs, mais d’autres acteurs d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et centrale viendront apporter leur grain de sel. Quant au scénario, ce sera à peu près la même histoire même si il ya aura quelques bouleversements. Pour l’heure souffrez que je n’en dise pas plus.
Il ya bien longtemps que les téléspectateurs attendent cette seconde saison qui malheureusement tarde. Quel est le problème?
Il faut beaucoup d’argent pour tourner un film. Avant je tournais et par la suite je payais les acteurs. Mais cette fois, j’ai décidé de procéder autrement. Tant que je n’aurai pas l’argent entre mes mains, on ne tournera pas. Parce que je ne veux pas de problèmes. L’autre problème concerne les acteurs. Figurez-vous qu’à chaque fois qu’un acteur qui fait partie du film meurt, je suis obligée de trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer et ce n’est pas facile. Marie Laure et Atiahi qui sont décédées avaient un rôle dans le film, leur décès m’a causé des désagréments. J’ai mal parce que si j’avais l’argent, j’aurais fini de tourner et tous ces désagréments ne seraient pas arrivés. Aujourd’hui, au niveau des banques, c’est compliqué parce qu’elles ne nous font pas confiance. De plus, personne ne veut débourser des millions pour financer un film. Chez nous, les banques financent tout le monde sauf le cinéma. Je ne sais pas ce qu’on leur a fait. Je ne demande pas qu’on m’offre de l’argent. Je demande un prêt. Si les Ivoiriens ont aimé Ma famille et s’ils pensent que ce téléfilm a vendu l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur, je pense qu’ils doivent réagir. Tenez-vous bien, la première saison a été financée par des Nigériens. Je vous apprends que le comédien Mahamane s’est proposé de financer la deuxième saison. Il ya beaucoup de milliardaires dans ce pays, mais où sont-ils passés et ce sont d’autres venus d’ailleurs qui vont financer Ma famille? On dit qu’on est la locomotive de l’Afrique de l’Ouest et puis, on n’a pas d’argent pour financer un film, ce n’est pas digne de la Côte d’Ivoire.
Qui avez-vous contactez pour le financement de cette deuxième saison?
Je ne veux pas citer des noms pour ne pas avoir des problèmes. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de courir après les gens. Il faut qu’en Côte d’Ivoire, on comprenne qu’en dehors du cacao et du café, d’autres secteurs d’activités rapportent de l’argent et donnent de l’emploi. On est 1er en Cacao, on peut aussi être premier en cinéma. Lorsqu’on parle de pays émergent, ce n’est pas un ou deux secteurs qui y participent, mais c’est l’ensemble des secteurs d’activités dont le cinéma qui doivent y contribuer.
Vous avez été décorée l’an dernier, qu’est-ce qui selon vous a milité en votre faveur?
J’avoue que j’ai été surprise par cette décoration. Mais je considère que c’est parce que j’ai fait un film que beaucoup de gens ont apprécié que j’ai été décorée. A partir de là, je ne devrais plus pleurer pour avoir un financement. Malheureusement, malgré la médaille que j’ai reçue, je n’ai toujours pas ce dont j’ai besoin pour continuer ce que j’ai commencé et qui m’a valu cette décoration. C’est vrai que ça m’a fait plaisir, mais j’aurais aimé que cela m’aide à produire mon film. On m’a décoré et je suis à la maison, je ne travaille pas faute de moyens.
Akissi Delta est une très belle femme, mais elle n’est pas mariée. A-t-elle décidé de rester seule?
Le mariage ne fait pas partie de mon programme. Mon cœur est en congés.
Il ya quelques années, on a appris qu’Akissi vivait un « big love » avec un homme qui vit à Londres. Aujourd’hui, vous dites que votre cœur est en congé. Qu’est-ce qui n’a pas marché?
Le moment venu j’en parlerai. Mais, j’ai trop à faire, j’ai trop de problèmes pour m’occuper d’un homme. Chaque jour, je suis le journal télévisé espérant entendre qu’on a donné de l’argent pour subventionner les artistes. Chaque fois, on donne des milliards aux autres sauf aux artistes. C’est ce qui me préoccupe. Je ne crois pas qu’un homme puisse suivre le rythme de ma vie. D’ailleurs qu’est ce que je vais faire avec homme ? Qu’est ce qu’un homme peut faire pour moi ? Je crois que le temps pour moi de vivre avec un homme et de me marier est révolu.
Akissi Delta est-elle déçue de la vie?
Non. Lorsque j’étais déçue de la vie, je voulais mourir, mais ce n’est pas facile de mourir. Le mieux, c’est de laisser la vie là où elle est et de la vivre simplement. Il faut que les hommes puissent s’entraider pour simplifier les choses parce que comme le chantent des zouglou men, c’est l’homme qui fait l’homme. Le drame dans la vie d’aujourd’hui, c’est que personne ne veut aider personne. Les gens sont devenus méchants, égoïstes. L’Ivoirien d’aujourd’hui n’est pas généreux alors qu’au temps d’Houphouët-Boigny, les gens étaient plus gentils et ils partageaient. Je demanderai donc pour clore cet entretien aux Ivoiriens d’être plus généreux et d’être aussi reconnaissant parce que lorsqu’on est reconnaissant, cela encourage celui qui donne à plus de générosité. C’est pourquoi, je ne cesserai jamais de dire merci à mon papa Léonard Groguhet pour tout ce qu’il a fait pour moi.
Interview réalisée par Francis Kouamé
Si vous devriez résumer votre parcours en quelques mots, que diriez-vous?
J’ai démarré ma carrière dans les années 1973 par la danse, les photoromans. Et par la grâce de Dieu, j’ai rencontré Léonard Groguhé qui est aujourd’hui comme un père pour moi. N’ayant pas été à l’école, c’est lui qui m’a mis à l’école de la vie. Et c’est lui qui a fait de moi ce que je suis devenue. Avec lui j’ai fait mes premier pas de comédienne à travers Comment ça va. Après son départ, j’ai eu la chance de figurer au grand écran avec d’autres grands noms que je considère aussi comme mes papas. Feu Henri Duparc, dans « Bal poussière », « Rue Princesse », « couleur café », et d’autres cinéastes comme Roger Gnoan M’balla dans « au nom du Christ » avec Kramo Fadiga dans « Wariko ». Par la suite, j’ai assuré avec Feu Camara Yêrêfê dit H, la direction artistique de Qui fait ça? C’est justement après Qui fait ça qu’en 2002, j’ai décidé de travailler à mon propre compte et j’ai commencé Ma famille.
Justement parlant de Ma famille, vous avez achevé la première saison qui a connu un franc succès ici en Côte d’Ivoire comme ailleurs en Afrique. Que retenez-vous de cette première expérience en tant que réalisatrice?
Je retiens beaucoup de choses parce que Ma famille n’était en vérité qu’un coup d’essai. Dieu merci, le film a eu du succès. Mais ce succès m’a aussi créé pas mal de problèmes. Les gens ont cru que ce succès médiatique était suivi d’un succès économique et financier. Et pourtant la réalité était tout autre. J’ai vécu des méchancetés. Autant cette première expérience a donné le goût aux autres de faire comme moi, autant cela m’a causé d’énormes soucis. Des gens se sont levés contre moi parce qu’ils ont cru que j’avais eu beaucoup d’argent. Mais, au bout du compte, ces derniers à travers leur propre expérience, ont compris qu’il ne suffit pas de réaliser un film pour devenir riche. Bientôt, nous allons reprendre Ma famille.
Vous venez de le dire, Ma Famille vous a causé beaucoup de soucis. Cela a failli vous coûté la vie puisque vous avez failli vous suicider. Peut-on dire aujourd’hui qu’Akissi Delta s’est véritablement remise de ses déboires?
Oui. Je vais bien. Certes, j’ai vécu des moments difficiles, mais grâce à Dieu aujourd’hui tout va bien.
Avez-vous réglé vos problèmes avec la Rti et sa directrice commerciale et marketing Da Chagas?
Oui. Tout va bien. Nous nous appelons souvent. Nous nous voyons, il n’y a plus de problèmes.
Après la première saison de Ma famille, à quoi les téléspectateurs doivent s’attendre pour la deuxième saison?
Nous aurons les mêmes acteurs, mais d’autres acteurs d’autres pays d’Afrique de l’Ouest et centrale viendront apporter leur grain de sel. Quant au scénario, ce sera à peu près la même histoire même si il ya aura quelques bouleversements. Pour l’heure souffrez que je n’en dise pas plus.
Il ya bien longtemps que les téléspectateurs attendent cette seconde saison qui malheureusement tarde. Quel est le problème?
Il faut beaucoup d’argent pour tourner un film. Avant je tournais et par la suite je payais les acteurs. Mais cette fois, j’ai décidé de procéder autrement. Tant que je n’aurai pas l’argent entre mes mains, on ne tournera pas. Parce que je ne veux pas de problèmes. L’autre problème concerne les acteurs. Figurez-vous qu’à chaque fois qu’un acteur qui fait partie du film meurt, je suis obligée de trouver quelqu’un d’autre pour le remplacer et ce n’est pas facile. Marie Laure et Atiahi qui sont décédées avaient un rôle dans le film, leur décès m’a causé des désagréments. J’ai mal parce que si j’avais l’argent, j’aurais fini de tourner et tous ces désagréments ne seraient pas arrivés. Aujourd’hui, au niveau des banques, c’est compliqué parce qu’elles ne nous font pas confiance. De plus, personne ne veut débourser des millions pour financer un film. Chez nous, les banques financent tout le monde sauf le cinéma. Je ne sais pas ce qu’on leur a fait. Je ne demande pas qu’on m’offre de l’argent. Je demande un prêt. Si les Ivoiriens ont aimé Ma famille et s’ils pensent que ce téléfilm a vendu l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur, je pense qu’ils doivent réagir. Tenez-vous bien, la première saison a été financée par des Nigériens. Je vous apprends que le comédien Mahamane s’est proposé de financer la deuxième saison. Il ya beaucoup de milliardaires dans ce pays, mais où sont-ils passés et ce sont d’autres venus d’ailleurs qui vont financer Ma famille? On dit qu’on est la locomotive de l’Afrique de l’Ouest et puis, on n’a pas d’argent pour financer un film, ce n’est pas digne de la Côte d’Ivoire.
Qui avez-vous contactez pour le financement de cette deuxième saison?
Je ne veux pas citer des noms pour ne pas avoir des problèmes. D’ailleurs, je n’ai pas besoin de courir après les gens. Il faut qu’en Côte d’Ivoire, on comprenne qu’en dehors du cacao et du café, d’autres secteurs d’activités rapportent de l’argent et donnent de l’emploi. On est 1er en Cacao, on peut aussi être premier en cinéma. Lorsqu’on parle de pays émergent, ce n’est pas un ou deux secteurs qui y participent, mais c’est l’ensemble des secteurs d’activités dont le cinéma qui doivent y contribuer.
Vous avez été décorée l’an dernier, qu’est-ce qui selon vous a milité en votre faveur?
J’avoue que j’ai été surprise par cette décoration. Mais je considère que c’est parce que j’ai fait un film que beaucoup de gens ont apprécié que j’ai été décorée. A partir de là, je ne devrais plus pleurer pour avoir un financement. Malheureusement, malgré la médaille que j’ai reçue, je n’ai toujours pas ce dont j’ai besoin pour continuer ce que j’ai commencé et qui m’a valu cette décoration. C’est vrai que ça m’a fait plaisir, mais j’aurais aimé que cela m’aide à produire mon film. On m’a décoré et je suis à la maison, je ne travaille pas faute de moyens.
Akissi Delta est une très belle femme, mais elle n’est pas mariée. A-t-elle décidé de rester seule?
Le mariage ne fait pas partie de mon programme. Mon cœur est en congés.
Il ya quelques années, on a appris qu’Akissi vivait un « big love » avec un homme qui vit à Londres. Aujourd’hui, vous dites que votre cœur est en congé. Qu’est-ce qui n’a pas marché?
Le moment venu j’en parlerai. Mais, j’ai trop à faire, j’ai trop de problèmes pour m’occuper d’un homme. Chaque jour, je suis le journal télévisé espérant entendre qu’on a donné de l’argent pour subventionner les artistes. Chaque fois, on donne des milliards aux autres sauf aux artistes. C’est ce qui me préoccupe. Je ne crois pas qu’un homme puisse suivre le rythme de ma vie. D’ailleurs qu’est ce que je vais faire avec homme ? Qu’est ce qu’un homme peut faire pour moi ? Je crois que le temps pour moi de vivre avec un homme et de me marier est révolu.
Akissi Delta est-elle déçue de la vie?
Non. Lorsque j’étais déçue de la vie, je voulais mourir, mais ce n’est pas facile de mourir. Le mieux, c’est de laisser la vie là où elle est et de la vivre simplement. Il faut que les hommes puissent s’entraider pour simplifier les choses parce que comme le chantent des zouglou men, c’est l’homme qui fait l’homme. Le drame dans la vie d’aujourd’hui, c’est que personne ne veut aider personne. Les gens sont devenus méchants, égoïstes. L’Ivoirien d’aujourd’hui n’est pas généreux alors qu’au temps d’Houphouët-Boigny, les gens étaient plus gentils et ils partageaient. Je demanderai donc pour clore cet entretien aux Ivoiriens d’être plus généreux et d’être aussi reconnaissant parce que lorsqu’on est reconnaissant, cela encourage celui qui donne à plus de générosité. C’est pourquoi, je ne cesserai jamais de dire merci à mon papa Léonard Groguhet pour tout ce qu’il a fait pour moi.
Interview réalisée par Francis Kouamé