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Politique Publié le vendredi 17 mai 2013 | Primature

Allocution de Monsieur le premier ministre, ministre de l’économie et des finances à la rencontre avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF)

© Primature Par DR
Activité gouvernementale : Réunion du premier ministre, Kablan Duncan avec les Partenaires Financiers au Développement (PFD)
Vendredi 17 mai 2013. Abidjan. Plateau. Primature. Réunion du premier ministre, Kablan Duncan avec les Partenaires Financiers au Développement (PFD) . Photo : Thierry de Saint Maurice, Ambassadeur de l`Union Européenne en Côte d`Ivoire et chef de déléguation au micro (à droite).
• Madame et Messieurs les Ministres ;

• Excellence Monsieur le Chef de Délégation de l’Union Européenne ;

• Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, et représentants du Corps Diplomatique ;


• Mesdames et Messieurs les Représentants des agences et Institutions bilatérales, multilatérales et régionales de développement ;

• Excellences, Mesdames et Messieurs ;

Je voudrais, avant tout propos, vous adresser mes vifs remerciements pour votre présence effective et distinguée à cette rencontre, dans la continuité de celle du 14 février 2013.

Je voudrais également saisir l’opportunité de cette nouvelle réunion avec l’ensemble de nos partenaires au développement pour, en guise d’introduction, vous exposer succinctement les actions réalisées par le Gouvernement sous la haute autorité de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, qui se félicite de votre engagement à soutenir et à accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin de son développement économique et social.

Excellences, Mesdames et Messieurs,
L’action gouvernementale, je le rappelle, s’articule autour des trois axes stratégiques suivants :
- Paix et Sécurité ;
- Réconciliation nationale et cohésion sociale ;
- Relance économique et reconstruction post-crise.


• Sur le volet Paix et Sécurité
Il est bien connu que la « Paix est une condition préalable du Développement». Il s’agit donc là d’une priorité majeure de l’action gouvernementale. La Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) vise à rebâtir, moderniser notre outil de défense et de sécurité à la hauteur des ambitions que le Président de la République a pour ce pays, celle d’être «Un pays émergent à l’horizon 2020 ».

Sur cette base, le Président de la République a mis en place le 08 août 2012, le Conseil National de Sécurité (CNS) afin de rendre plus efficaces toutes nos forces de sécurité (Armée, Gendarmerie et Police).

Le Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles (CCDO) a été également créé pour lutter plus efficacement contre l’insécurité et le grand banditisme.

L’accélération de la RSS ne peut se faire sans le processus du Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) des 64 777 ex-combattants identifiés.

Il s’agit non seulement d’un facteur de paix et de stabilité, mais également un amplificateur du processus de réconciliation en cours de consolidation. Une structure unique et forte a été créée dans ce sens, à savoir l’Autorité pour la Démobilisation, le Désarmement et la Réinsertion (ADDR). Le Gouvernement ambitionne de régler cette question en deux ans 2013 et 2014, donc bien avant 2015.

Au niveau sous-régional et régional, les différentes actions entreprises en direction des pays voisins ont permis de renforcer la bonne entente, la cohésion et la Paix entre ces Etats et la Côte d’Ivoire. Elles ont aussi permis, dans le cadre des organisations sous-régionales (Conseil de l’Entente, Union du Fleuve Mano, UEMOA,CEDEAO, CEN-SAD, CILSS) de développer des synergies en vue de faire face aux défis de notre espace régional que sont notamment la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière, les bandes armées, le trafic de drogue, la piraterie maritime, etc…, mais aussi et surtout, de promouvoir notamment l’UEMOA avec 100 millions d’habitants et la CEDEAO avec 300 millions d’habitants.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Toutes les réformes menées et les actions associées ont permis l’amélioration notable de la situation sécuritaire. Ainsi, l’Indice Général d’insécurité qui était de 3,8 en janvier 2012 est descendu à 1,9 au début de l’année 2013 et à 1,6 au cours de ce mois de mai. Il convient de noter que cet indice prend en compte, entre autres, le phénomène des coupeurs de route, les attaques de domiciles, les attaques de commerces, les agressions de rue, les accidents de la circulation et les vols de véhicules, etc.

• Sur le plan de La réconciliation nationale et la cohésion sociale

Pour le Gouvernement, il n’est pas question de choisir entre la paix et la justice. IL s’agit de les associer ; car, dans un environnement post-conflit, il ne peut y avoir de réconciliation durable sans justice.

Des efforts importants visant à réconcilier les communautés se poursuivent, non seulement et d’abord à travers la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), mais également à travers les personnes ressources que sont les leaders religieux et traditionnels.

C’est également dans le souci de la consolidation de la paix que le Gouvernement a mis en place d’une part, une plate-forme de discussion avec l’opposition dénommée Cadre Permanent de Dialogue et, d’autre part, un processus de dialogue direct avec le Front Populaire Ivoirien qui est le parti de l’ex-Président Laurent Gbagbo.

Des avancées significatives ont été accomplies sur ce dossier, même si beaucoup reste encore à faire.

Malgré certaines divergences qui subsistent, les élections locales du 21 avril 2013 ont pu se tenir avec la participation de personnalités de l’opposition.

Ces divergences portent essentiellement sur la perception de l’Etat de Droit où la justice est indépendante.

Nous estimons qu’il est indiqué, dans un Etat de Droit, de laisser la Justice faire son travail. On peut relever ainsi que les juridictions ont accordé la liberté provisoire à trente-sept (37) partisans de l’ex-président Laurent GBAGBO dont dix-sept (17) personnalités de son camp.
Le Gouvernement tient à réaffirmer son engagement à poursuive les discussions afin d’aboutir à une normalisation progressive et intégrale de la vie politique.

Je voudrais terminer sur ce chapitre, en réaffirmant une fois de plus, la volonté du Président de la République qui est celle de faire en sorte que « tous ceux qui ont commis des crimes, quel que soit leur camp, répondent de leurs actes devant la Justice nationale ou internationale. »

En ce qui concerne la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion publique, le Gouvernement met en œuvre plusieurs mesures sur la base de deux principes :

- La sanction, et
- La reconnaissance du mérite

Au nombre de ces mesures nous pouvons citer entre autres :

- La mise en place d’une Charte éthique des membres du Gouvernement ;
- L’adoption d’un Code d’éthique et de déontologie des fonctionnaires et agents de l’Etat ;
- La ratification le 06 décembre 2011 des conventions de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (dite convention de Maputo) et la Convention des Nations Unies contre la corruption ;

- La réinstitution du Prix d’Excellence qui récompense les meilleurs ivoiriens dans les différents secteurs d’activités ; la prochaine édition aura lieu le 06 Août 2013. La remise des prix sera faite par le Président de la République le 6 août de chaque année au Palais de la Présidence de la République.

Très bientôt suivront d’autres mesures au nombre desquelles figurent de nouvelles lois relatives à la lutte contre la corruption. Le Plan National de Bonne Gouvernance et de lutte contre la corruption sera présenté officiellement dans les prochains jours.


La grande réforme de la Justice pour la rendre plus performante et plus équitable est en cours. L’un des résultats de cette réforme est la mise en place du Tribunal du Commerce, après celle de la Cour d’arbitrage de Côte d’Ivoire en 1997.

• Sur le volet de la relance économique et la reconstruction post-crise

Le Gouvernement met en œuvre d’importantes réformes structurelles et sectorielles afin d’assurer une croissance forte et durable, et réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 2015.
Notre économie a renoué avec une croissance forte en 2012, résultant notamment des efforts d’assainissement de tous les secteurs économiques. L’évolution du PIB qui était en repli de – 4,7 % en 2011, année de fin de crise, a connu une forte progression pour se situer à 9,8% en 2012.

Le regain de dynamisme de tous les grands secteurs de l’activité économique a été stimulé par la relance de l’investissement, dont le taux ressort à 13,7% du PIB en 2012, contre 8,2% du PIB en 2011. De même, l’évolution de la consommation des ménages a atteint le taux de 13 % en 2012.

L’année 2013 devrait confirmer le rebond économique de la Côte d’Ivoire. Nous travaillons ardemment pour que le taux de croissance atteigne 9% en 2013, et 10% en 2014 et 2015.
Tous ces résultats ont été reconnus par la dernière mission conjointe FMI / Banque Mondiale en mars 2013.

Les réformes structurelles et sectorielles réalisées ou en cours portent notamment sur :
- l’adoption d’un nouveau Code des Investissements plus incitatif et plus attractif ;
- la mise en place du Guichet Unique de Facilitation des Formalités des Entreprises qui permet la création des entreprises en 48 heures maximum, la délivrance de l’agrément à l’investissement en 21 jours et l’accès aux terrains industriels ;

- La mise en place du nouveau cadre institutionnel des PPP. A ce titre, les membres du Comité National de Pilotage ont été nommés par arrêté n°153/PM/CAB du 24 avril 2013 et ont tenu leur première réunion le vendredi 10 mai 2013 ;

- La réactivation du Comité de privatisation pour relancer le programme de privatisation afin de reconcentrer davantage notre administration dans les missions régaliennes de l’Etat. Il nous faut « moins d’Etat mais mieux d’Etat » ;

- l’amélioration de l’environnement des affaires qui permet de réduire les coûts de création des entreprises. Le Président de la république a signé, au cours du Conseil des Ministres du 24 avril 2013, une ordonnance relative à la réduction du droit de mutation en matière immobilière (le taux applicable passe de 10 % à 7 %), une seconde ordonnance portant réduction des coûts fiscaux en cas de création d’entreprises et un décret portant tarification des émoluments et frais de justice en matière civile, commerciale, administrative et sociale. Plusieurs arrêtés ont été pris dans le sens de la facilitation des formalités fiscales et administratives. Toutes ces actions ont permis de réduire de 72% le coût de création des SARL au capital de moins d’un million de FCFA ;

- Les amendements de la loi N°96 – 6699 du 29 Août 1996 relative aux hydrocarbures pour rendre le secteur plus incitatif ;

- L’adoption prochaine des nouveaux Code minier et Code de l’Electricité pour rendre ces secteurs plus attractifs, assurer un développement viable et durable. Nous avons transmis le projet de code minier au secteur privé et à la Banque Mondiale pour qu’ils apportent leur contribution afin de garantir un code consensuel qui arrange toutes les parties et qui relance très fortement le secteur minier en Côte d’Ivoire. Ce secteur devra devenir rapidement après l’agriculture, la deuxième grande mamelle de l’économie ivoirienne ;

- La mise en œuvre du PNIA, avec 2040 milliards d’investissements, et plus de deux millions d’emplois.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

La création d’emplois durables, notamment au profit des jeunes et des femmes représente un défi majeur à relever qui nous interpelle tous. Sur ce point plusieurs actions sont menées qui visent à créer des milliers d’emplois dans différents secteurs: agriculture dans le cadre du notamment du PNIA ; BTP ; agro-industrie, TIC, mines et énergie, services.

En matière d’emplois, après la mise en place du système LMD, il nous faut adapter notre système global de formation aux besoins du marché de l’emploi à travers notamment la formation qualifiante et la formation continue.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Nous avons convenu d’examiner de manière plus spécifique les actions qui sont menées dans les secteurs de l’Agriculture et des Infrastructures.

En ce qui concerne le secteur agricole, il convient de relever que la réforme de la filière Café/Cacao est fort avancée. Les résultats de la dernière campagne montrent une nette amélioration des revenus des planteurs qui bénéficient désormais d’un prix garanti équivalent à 60% du prix international.

La politique agricole, notamment, dans le cadre du PNIA, vise à assurer l’autosuffisance alimentaire et de faire de la Côte d’Ivoire « un grenier de la Sous-Région Ouest Africaine », notamment au niveau du riz qui fait l’objet d’importants projets avec le secteur privé.

La diversification de la base agricole à travers le développement plus soutenu des spéculations telles que l’anacarde, le coton, l’hévéa.

En ce qui concerne les infrastructures, nos efforts d’investissement s’intègrent dans une vision régionale, partagée par les Chefs d’Etat de la CEDEAO. L’objectif est de bâtir un espace économique viable et solidaire. De grands projets structurants traduisent cette vision, dans le but de faciliter les échanges commerciaux et les mouvements de populations. Il s’agit notamment des autoroutes transnationales, de l’électricité, du chemin de fer, des ports, du gaz, etc.

Au plan national, cette stratégie de promotion de l’investissement privé concerne tous les secteurs de l’économie : gaz, énergie, eau potable, routes et ponts à péage, transports collectifs, zones industrielles, marchés de gros, marchés communaux, abattoirs régionaux, gares routières interurbaines, collecte et traitement des ordures ménagères, etc. Une bonne partie de ces projets sera réalisée par des entreprises nationales.

Le secteur privé tant national qu’international sera le principal moteur de la relance de l’économie ivoirienne.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il est une évidence qu’«il n’est de richesse que d’hommes ». C’est pourquoi l’accès des populations ivoiriennes à tous les services sociaux, notamment l’éducation, la santé, le logement et l’eau potable est une priorité essentielle du Gouvernement.
Dans l’ensemble, les dépenses sociales ont évolué de 595,6 milliards de FCFA en 2011 à 762 milliards de FCFA en 2012, soit une hausse de 21,84 %. Ce qui correspond à 6 % du PIB en 2012 contre 5,2 % en 2011.

Les dépenses pro pauvres sont quant à elles passées de 843 milliards de CFA en 2011 à 1 080,3 milliards de FCFA en 2012, soit une hausse de 10,8 %. Elles sont évaluées à 1 127, 8 milliards de FCFA en 2013 ; ce qui correspond à une augmentation de 11,3 %.
La part de ces dépenses pro pauvres est passée de 7,4 % en 2011 à 8,6 % en 2012.
Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais rappeler que l’ordre du jour de la rencontre de ce jour a été élaboré au cours de notre rencontre du 14 février dernier. Il s’agit d’examiner avec les partenaires au développement notamment les principaux points suivants :

1. les réformes politiques, institutionnelles et économiques mises en œuvre ;

2. les difficultés d’exécution des projets ;

3. la situation des ressources attendues en 2013 sur la base des intentions de financements annoncés lors du Groupe Consultatif des 04 et 05 décembre 2012 à Paris.

Les défis à relever sont importants. Pour ce faire, nous devons maintenir le cap du dynamisme et de la croissance, car le niveau des investissements projetés sur la période 2013 – 2015 est évalué à 11.076 milliards de francs CFA.

Ce, non seulement pour remettre à niveau nos infrastructures économiques et sociales devenues vétustes et insuffisantes, mais également pour constituer l’amorce d’une société plus moderne, plus efficace au service de nos populations.

Je suis convaincu que nous aurons une discussion riche et fructueuse.


Dans cette attente, je vous remercie de votre aimable attention.
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