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Art et Culture Publié le vendredi 24 mai 2013 | LG Infos

Interview/ Alafé Wakili, auteur de « Notre Histoire avec Laurent Gbagbo »: « Laurent Gbagbo ne m’en voulait pas personnellement »

© LG Infos Par DR
Alafé Wakili, directeur général du journal L`Intelligent d`Abidjan
Et de deux pour Alafé Wakili. Sa deuxième œuvre, « Notre histoire avec Laurent Gbagbo » est depuis quelques semaines en librairie. Dans l’interview qu’il nous a accordée le jeudi dernier, il en livre la trame, les intrigues et se prononce bien évidemment sur la polémique inhérente à toute œuvre littéraire.

Après « Les instants de vie », votre premier ouvrage, vous venez d’écrire un second, « Notre histoire avec Laurent Gbagbo ». Est-ce Notre histoire commune ou votre histoire personnelle avec Laurent Gbagbo ?

Il est évident que ce n’est pas mon histoire personnelle. Sinon j’aurais indiqué « Mon histoire avec Laurent Gbagbo ». Quand on lit l’ouvrage, on se rend compte que c’est notre histoire à nous tous. Je pars du principe qu’ayant été Président de la Republique pendant 10 ans, chacun de nous a pu avoir une histoire avec lui. Au-delà de sa présidence, il a été syndicaliste étudiant, syndicaliste enseignant, opposant politique et adversaire des uns et des autres depuis Houphouët-Boigny. Porter un regard sur quinze années pendant lesquelles il a été Président pendant 10 ans, pouvait permettre qu’on intitule l’ouvrage, « Notre histoire avec Laurent Gbagbo ».

A travers l’ouvrage, vous occupez la majeure partie. Ce qui donne le sentiment de votre histoire personnelle avec Laurent Gbagbo…

Ce n’est pas mon histoire personnelle. Je pars de mon parcours pour jeter un regard sur la transition militaire. Ensuite sur la crise militaro-politique. Enfin sur la crise post-électorale. C’est vraiment notre histoire à nous tous.

Business ou souci de témoigner ?

En tant qu'auteur, j’ai moins de 10% sur l’ouvrage. Quand on sait qu’en Afrique, on ne s’enrichit pas par le livre, on ne peut me soupçonner d’avoir été guidé par l’argent. C’est un témoignage pour mettre à la disposition des jeunes, des journalistes, les joies, les privilèges, mais aussi les peines que le métier offre. C’est aussi une interpellation à l’endroit des politiques.

Pour la préface, votre choix s’est porté sur l’immense Mamadou Koulibaly. Y a-t-il une raison particulière ?

Pas vraiment. J’ai beaucoup d’estime pour lui. Je n’aurai pas la prétention de dire que c’est partagé. Lorsque nous avons été en relation, j’ai eu l’occasion de connaître son intégrité morale. Fort de cette qualité, lorsque mon livre était prêt, je lui ai demandé de lire et de faire la préface. Il a accepté volontiers. J’ai voulu profiter de ses avis. Il m’a fait des suggestions au niveau de la correction. Pour moi, c’est un honneur de l’avoir eu au niveau de la préface. J’ai poursuivi la postface avec Cissé Bacongo. C'est une manière de favoriser le pluralisme parce que chacun le sait, Koulibaly et Bacongo sont adversaires sur le plan politique et idéologique.

A la page 107, vous écrivez : « Parce que Laurent Gbagbo et les enquêteurs avaient sérieusement cru que je voulais fuir la Côte d’Ivoire ». Avez-vous eu le sentiment que Laurent Gbagbo vous en voulait ?

Laurent Gbagbo en voulait à une cause. Il en voulait aux fraudeurs de la nationalité ivoirienne. J’étais un coupable idéal. Il n’en voulait pas à l’individu. Je ne lui ai fait aucun mal personnel. A un moment donné, je symbolisais dans son esprit quelque chose qui était négatif pour la Côte d’Ivoire. Je symbolisais le prototype du faussaire idéal. Le communiqué de la police le disait clairement. J’étais un journaliste connu, éminent. Il fallait montrer qu’il n’y a pas d’impunité en Côte d’Ivoire. Sans doute qu’il avait de l’estime pour moi. Mais pour cette cause précise de defense de la nationalité ivoirienne , sans doute il a été douloureusement amené à prendre certaines décisions.

Récemment, vous avez confié à la presse qu’on vous a arrêté dans le bureau du ministre Tagro. Et que ce dernier vous aurait dit : « mais tu veux me créer des problèmes. Depuis des jours, le Président Gbagbo m’appelle et me demande ce qu’il y a entre toi et moi, et pourquoi je ne veux pas qu’on m’arrête. Ça aussi je le dis, ce sont des faits réels. ». Pensez-vous qu’une déclaration, fut-elle celle du ministre Tagro, constitue un fait réel ?

Vous voulez dire que le ministre Tagro ( paix a son ame) m’a menti ?

Pourquoi pas ?

Que gagnerait-il à mentir ? Il est ministre. Il est tout puissant?

Vous étiez amis. Il y a forcement un cas de conscience de vous voir arrêter ?

Il ne m’était redevable de rien. Cette amitié ne pouvait pas justifier qu’il me dise des contrevérités et mente sur son chef .

Pour nous, le regard du journaliste devait vous amener à recouper la déclaration du ministre Tagro…

Quel paramètre un journaliste a pour mettre en doute ce qu’un ministre dit. Il me rapporte ce qu’il a vécu. Dommage, il est décédé. D’autres acteurs de la chaine devraient pouvoir parler. Les enquêteurs ont là l’occasion de participer au débat. Dans le fond de l’affaire, c’est sur les allégations de Tapé Koulou,( paix a son ame), quelqu’un qui n’est pas au centre de ma vie, qu’on me juge. Le témoignage de mon père biologique n’a pas convaincu ceux qui m’en voulaient. Je n’ai donc pas à douter de la parole du ministre Désiré Tagro.

« A ma sortie de prison, ma révolte contre l’Unjci était plus forte (p101) ». Quand on sait que l’Unjci vous a affecté Me Kossougro pour votre défense, on se demande pourquoi…

Dans le contexte électoral pour la présidence de l’Unjci, certains n’ont voulu pas jouer un jeu loyal. Ils passaient leur temps à dire que je ne serais pas candidat. Parce que je ne suis pas ivoirien ou parce que je ne remplis pas les conditions, selon eux . Ils étaient sûrs de leur fait. Au fond de moi, je me dis que si j’avais été choisi comme candidat du bureau et que tout le bureau avait fait bloc derrière moi, toutes les allégations n’auraient pas éveillé un début soupçon chez le procureur de la République. Effectivement, il y a des documents faux. Mais entre le faux et la fabrication du faux qui serait de mon fait, il y a un grand écart. Entre le faux qui ont pu être commis à un moment donné et moi qui en use, il fallait faire la part des choses. Des individus que j’espérais affronter à la loyale, ont misé sur ma non candidature. C’est ce qui a renforcé mon sentiment de rejet pour l’Unjci.

A qui faites-vous allusion ?

A Tapé Koulou. A feu Criwa Zéli( pas a son ame), ; pas lui directement. Peut-être des gens autour de lui.

Hélas, ils ne sont plus en vie pour se défendre…

Il y a des témoins. Le National et Tapé Koulou ont fait des interviews. Il n’a pas besoin d’être en vie. Des documents existent. Vous êtes journaliste. Vous avez vécu cette période-là.

A votre sortie de prison, vous vous dites, « Unjci, j’arrête ! »…

J’en voulais aussi à la structure elle-même. Si je n’avais pas voulu être Président de l’Unjci, j’aurais vécu tranquillement. J’étais sur le point de saisir un avocat pour régulariser ma situation par rapport à ma filiation. Le problème aurait été réglé. J’aurais circulé librement.

On a ouïe dire que des gens désapprouvent vos témoignages à travers votre ouvrage. Qui sont-ils et pourquoi ?

Un groupe de gens proches de Laurent Gbagbo me reprochent d’avoir écrit ce livre pour gagner de l’argent. Sans toujours lire le contenu, ils m’accusent de faire le procès de Gbagbo. Pour eux, c’est un livre qui fait le jeu de Ouattara. Ils me disent de quel droit je prétends avoir une histoire avec Laurent Gbagbo. Pour moi, ce n’est pas solide. Tout le monde peut parler de Laurent Gbagbo. Des camerounais ont écrit sur lui. Des Africains et même des non Africains parlent de Laurent Gbagbo. A l’opposé, des pro-Ouattara me disent que Laurent Gbagbo est à la Haye. Il n’est plus dans notre histoire. Pour eux, c’est un livre de propagande pour Laurent Gbagbo.

Qui est le nommé Papa dans le livre ?

Je vous laisse le choix de deviner. Papa se reconnait. J’aurais dû donner un nom normal à Papa. Mais j’ai voulu exprimer une affection, une reconnaissance à ce Papa. J’ai écrit ce livre sans dire son nom. En dehors de quelques allusions qui ont souvent échappé. Mais je ne dévoilerai pas le nom de Papa.

De façon succincte, quelle est la trame de votre livre ?

C’est profiter de mon histoire avec Papa pour raconter l’histoire de la Côte d’Ivoire et notre histoire a tous avec Laurent Gbagbo.

Dans quel genre littéraire le classez-vous ?

C’est un roman-essai si vous me permettez l’expression. Ma première œuvre ressemblait à celle-ci, mais elle avait une grande part de fiction. Celle-ci a une grande part de faits réels.

Comment se comporte l’ouvrage dans les librairies ?

Les échos sont bons. Je voudrais inviter les gens à le lire. Et à ne pas s’en tenir au titre pour porter des jugements. J’ai eu des pro-Gbagbo qui ont été contents après avoir lu entièrement. Idem pour des pro-Ouattara. La seule inquiétude, c’est le prix. Il coûte 15 mille Fcfa. Parce qu’on a été imprimé en France. Et là-bas, c’est à 21 euros qu’on le vend.

A quand la dédicace ?
C’est imminent. Nous avons fait venir un lot pour certaines librairies. On a déjà écoulé environ 250 exemplaires. Nous attendons de faire venir des milliers d’exemplaires. A partir là, nous allons programmer la cérémonie de dédicace. Nous pensons la faire au mois de juin. La première quinzaine pour être plus précis.

« Notre histoire avec Alassane Ouattara », c'est pour quand ?

(Rires). Je compte écrire d’abord « Notre histoire avec Henri Konan Bédié ». En le mettant un peu plus en vedette. Et « Notre histoire avec Alassane Ouattara » viendra après. J’aurais pu commencer dans l’ordre de leur arrivée au pouvoir avec Bedie d'abord,ensuite Gbagbo , mais les événements ont fait que j’étais plus expose et plus inspire au sujet de « Notre histoire avec Laurent Gbagbo ».

Interview réalisée par Tché Bi Tché
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