-les grands projets du président français pour les Africains
Le président de la République a répondu vendredi 31 mai aux questions de RFI, France 24 et TV5 Monde. Guerre au Mali, conflit syrien, terrorisme, relations entre France et Afrique : François Hollande fait le point sur ses engagements et sur ses perspectives.
Terrorisme : les loups solitaires ne sont pas isolés
« Il y a une menace qui vient de l’extérieur », estime François Hollande à propos du risque terroriste. Il est le fruit de conflits, en Afrique, au Mali, avec des prolongements au Sahel ainsi qu’en Syrie et en Libye.
Le président de la République lie directement cette menace à « un terrorisme de l’intérieur, qui n’est pas nouveau ». En référence à l’affaire Merah, il précise qu’il y a « sans doute des complicités » que « nous essayons de connaître ».
« Nous ne négligeons aucune piste, promet François Hollande. Il s’est passé un événement tragique à Londres ; il ne peut pas être isolé. » Sans y voir un lien direct avec l’agression d’un militaire français à la Défense par un jeune islamiste radical, le chef de l’Etat explique tout de même « faire attention à ce que toutes les informations soient traitées ».
« Chaque fois qu’il y a un signalement, chaque fois qu’il y a un certain nombre de rassemblements, d’individus qui pourraient dériver, nous agissons », conclut le président.
Il faut « parfaire l’outil de renseignement »
L’agresseur du soldat à la Défense avait déjà été signalé à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). « Il était signalé comme ayant un parcours, précise François Hollande. De là à penser qu’il pouvait passer à l’acte, c’est autre chose. » Reprenant les mots de Manuel Valls, qui parle de « signaux faibles », le président explique que « ce sont des individus par définition isolés, qui ne sont pas dans la progression mais dans la radicalité : c’est le cas de l’agresseur à la Défense, qui n’avait pas commis auparavant d’agression notable, en dehors de quelques petites infractions ». Il constate malgré cela que ces individus, sans appartenir à des groupes, évoluent dans un environnement spécifique. « Il est faux de dire que ce sont des actes isolés : on voit bien à Londres qu’il y a eu des complicités. »
Faut-il pour autant réorganiser les services de renseignement ? « Non, répond le président. Il faut un meilleur suivi des informations locales par les services de renseignement. » Plutôt que des réformes lourdes, François Hollande souhaite « parfaire l’instrument ». Il a dans ce sens réclamé une meilleure coordination entre la DCRI et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) car « il y a des individus qui passent de l’intérieur à l’extérieur ou de l’extérieur à l’intérieur ». Il s’inquiète d’ailleurs de constater que « des ressortissants français vont sur un certain nombre de théâtres d’opérations, en Syrie ou au Mali, et en reviennent porteurs d’un certain nombre de proclamations et d’une expérience des armes. »
Mali : mission accomplie
Pour le président, l’opération Serval a rempli son rôle. « La mission est accomplie militairement et pratiquement : il n’y a plus un endroit au Mali où les terroristes peuvent avoir le contrôle ».
« Une grande partie des terroristes a été mise hors d’état de nuire, remarque le chef de l’Etat, tandis que l’autre est allée quelque part ». Quelque part, c’est au sud de la Libye, ainsi qu’un peu partout au Sahel où ils ont pu se « disséminer ». Pour François Hollande, les attentats au Niger montrent qu’il faut à présent que les « Africains assurent leur sécurité et luttent contre le terrorisme ».
Au sommet de l’Union africaine, à Addis Abeba, François Hollande appelait à une réunion pour la sécurité et la paix en Afrique, dans quelques mois, à Paris. Un geste paternaliste de l’ancien colonisateur ? « J’ai dit à Dakar que la relation que l’on a pu connaître par le passé entre la France et l’Afrique est terminée. Les Africains doivent assurer leur propre défense, y compris face au terrorisme. La France ne va pas se désengager pour autant et va participer à ce travail pour la sécurité. »
Pour cela, les armées africaines doivent être formées et entraînées. François Hollande n’hésite pas à vouloir préparer les différents pays de la région à une « guerre contre le terrorisme », espérant que la France sera épaulée dans ce travail par l’Europe et « les pays qui voudront bien participer ».
Perspectives au Mali
« Il y a un retrait du Mali », affirme François Hollande. « Mais nous serons non loin de là, où nous pensons qu’il peut y avoir un risque terroriste. » Le président confirme à demi-mot le maintien d’une partie des forces françaises dans le Sahel, « à la demande des pays concernés. »
Les élections fin juillet « permettront de réaliser un scrutin électoral ». Pour François Hollande, « il faut qu’il y ait des élections ». Il confirme des discussions entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les autorités maliennes, dont il affirme qu’elles sont « bien engagées ».
« Le Tchad a payé un lourd tribut à la libération du Mali contre le terrorisme, je ne l’oublierai pas », assure François Hollande. Mais il refuse de mettre de côté les droits de l’homme. « J’ai des convictions, assure-t-il, je l’ai répété au président Déby. »
Cameroun : le sort de Michel Atangana est « inadmissible »
« On ne peut pas reprocher à la France de ne pas se prononcer sur ce dossier : j’ai dit au président Biya que tout devait être fait pour que quelque chose puisse être fait. » François Hollande condamne de nouveau, par ces mots, alors même que le Franco-Camerounais Michel Atangana continue d’attendre un nouveau procès.
Même position en République démocratique du Congo au sujet de l’affaire Floribert Chebeya. François Hollande réclame de nouveau que le procès « puisse avoir lieu ».
Abdelaziz Bouteflika en convalescence
François Hollande confirme que le président algérien est en convalescence à l’Hôtel des Invalides, à Paris. « Il ne m’appartient pas de me prononcer sur son état de santé, remarque-t-il. Le président Bouteflika rentrera lorsque lui-même le décidera, j’espère, le plus tôt possible. »
La relation entre la France et l’Algérie doit être tournée vers l’avenir. « Il y a une solidité des institutions algériennes », analyse François Hollande qui ne croît pas à un effondrement du pays, dans la continuité du « Printemps arabe ».
Même chose en Tunisie : « Je suis l’ami de la Tunisie », revendique-t-il en défendant le processus démocratique. Le président s’engage à dialoguer aussi bien avec les laïcs qu’avec les non-laïcs, remarquant qu’il refuse « d’interférer dans la vie politique tunisienne » en prononçant une opinion sur le parti Ennahda.
Bachar el-Assad est responsable
Que pense François Hollande de la volonté du président syrien de se présenter aux prochaines élections ? « 100 000 morts, répond le chef de l’Etat. Bachar el-Assad en est le principal responsable. » Pour lui, la rencontre de « Genève II » doit permettre de discuter de l’après el-Assad et ne surtout pas remettre en question l’exigence de son départ.
« Une partie de la solution est à Moscou », remarque le président, tout en dénonçant les livraisons d’armes à l’un des acteurs et pas à l’autre. Si « Genève II » n’avait pas lieu, il répète que la France procèderait aux livraisons d’armes promises.
Le président de la République a répondu vendredi 31 mai aux questions de RFI, France 24 et TV5 Monde. Guerre au Mali, conflit syrien, terrorisme, relations entre France et Afrique : François Hollande fait le point sur ses engagements et sur ses perspectives.
Terrorisme : les loups solitaires ne sont pas isolés
« Il y a une menace qui vient de l’extérieur », estime François Hollande à propos du risque terroriste. Il est le fruit de conflits, en Afrique, au Mali, avec des prolongements au Sahel ainsi qu’en Syrie et en Libye.
Le président de la République lie directement cette menace à « un terrorisme de l’intérieur, qui n’est pas nouveau ». En référence à l’affaire Merah, il précise qu’il y a « sans doute des complicités » que « nous essayons de connaître ».
« Nous ne négligeons aucune piste, promet François Hollande. Il s’est passé un événement tragique à Londres ; il ne peut pas être isolé. » Sans y voir un lien direct avec l’agression d’un militaire français à la Défense par un jeune islamiste radical, le chef de l’Etat explique tout de même « faire attention à ce que toutes les informations soient traitées ».
« Chaque fois qu’il y a un signalement, chaque fois qu’il y a un certain nombre de rassemblements, d’individus qui pourraient dériver, nous agissons », conclut le président.
Il faut « parfaire l’outil de renseignement »
L’agresseur du soldat à la Défense avait déjà été signalé à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). « Il était signalé comme ayant un parcours, précise François Hollande. De là à penser qu’il pouvait passer à l’acte, c’est autre chose. » Reprenant les mots de Manuel Valls, qui parle de « signaux faibles », le président explique que « ce sont des individus par définition isolés, qui ne sont pas dans la progression mais dans la radicalité : c’est le cas de l’agresseur à la Défense, qui n’avait pas commis auparavant d’agression notable, en dehors de quelques petites infractions ». Il constate malgré cela que ces individus, sans appartenir à des groupes, évoluent dans un environnement spécifique. « Il est faux de dire que ce sont des actes isolés : on voit bien à Londres qu’il y a eu des complicités. »
Faut-il pour autant réorganiser les services de renseignement ? « Non, répond le président. Il faut un meilleur suivi des informations locales par les services de renseignement. » Plutôt que des réformes lourdes, François Hollande souhaite « parfaire l’instrument ». Il a dans ce sens réclamé une meilleure coordination entre la DCRI et la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) car « il y a des individus qui passent de l’intérieur à l’extérieur ou de l’extérieur à l’intérieur ». Il s’inquiète d’ailleurs de constater que « des ressortissants français vont sur un certain nombre de théâtres d’opérations, en Syrie ou au Mali, et en reviennent porteurs d’un certain nombre de proclamations et d’une expérience des armes. »
Mali : mission accomplie
Pour le président, l’opération Serval a rempli son rôle. « La mission est accomplie militairement et pratiquement : il n’y a plus un endroit au Mali où les terroristes peuvent avoir le contrôle ».
« Une grande partie des terroristes a été mise hors d’état de nuire, remarque le chef de l’Etat, tandis que l’autre est allée quelque part ». Quelque part, c’est au sud de la Libye, ainsi qu’un peu partout au Sahel où ils ont pu se « disséminer ». Pour François Hollande, les attentats au Niger montrent qu’il faut à présent que les « Africains assurent leur sécurité et luttent contre le terrorisme ».
Au sommet de l’Union africaine, à Addis Abeba, François Hollande appelait à une réunion pour la sécurité et la paix en Afrique, dans quelques mois, à Paris. Un geste paternaliste de l’ancien colonisateur ? « J’ai dit à Dakar que la relation que l’on a pu connaître par le passé entre la France et l’Afrique est terminée. Les Africains doivent assurer leur propre défense, y compris face au terrorisme. La France ne va pas se désengager pour autant et va participer à ce travail pour la sécurité. »
Pour cela, les armées africaines doivent être formées et entraînées. François Hollande n’hésite pas à vouloir préparer les différents pays de la région à une « guerre contre le terrorisme », espérant que la France sera épaulée dans ce travail par l’Europe et « les pays qui voudront bien participer ».
Perspectives au Mali
« Il y a un retrait du Mali », affirme François Hollande. « Mais nous serons non loin de là, où nous pensons qu’il peut y avoir un risque terroriste. » Le président confirme à demi-mot le maintien d’une partie des forces françaises dans le Sahel, « à la demande des pays concernés. »
Les élections fin juillet « permettront de réaliser un scrutin électoral ». Pour François Hollande, « il faut qu’il y ait des élections ». Il confirme des discussions entre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les autorités maliennes, dont il affirme qu’elles sont « bien engagées ».
« Le Tchad a payé un lourd tribut à la libération du Mali contre le terrorisme, je ne l’oublierai pas », assure François Hollande. Mais il refuse de mettre de côté les droits de l’homme. « J’ai des convictions, assure-t-il, je l’ai répété au président Déby. »
Cameroun : le sort de Michel Atangana est « inadmissible »
« On ne peut pas reprocher à la France de ne pas se prononcer sur ce dossier : j’ai dit au président Biya que tout devait être fait pour que quelque chose puisse être fait. » François Hollande condamne de nouveau, par ces mots, alors même que le Franco-Camerounais Michel Atangana continue d’attendre un nouveau procès.
Même position en République démocratique du Congo au sujet de l’affaire Floribert Chebeya. François Hollande réclame de nouveau que le procès « puisse avoir lieu ».
Abdelaziz Bouteflika en convalescence
François Hollande confirme que le président algérien est en convalescence à l’Hôtel des Invalides, à Paris. « Il ne m’appartient pas de me prononcer sur son état de santé, remarque-t-il. Le président Bouteflika rentrera lorsque lui-même le décidera, j’espère, le plus tôt possible. »
La relation entre la France et l’Algérie doit être tournée vers l’avenir. « Il y a une solidité des institutions algériennes », analyse François Hollande qui ne croît pas à un effondrement du pays, dans la continuité du « Printemps arabe ».
Même chose en Tunisie : « Je suis l’ami de la Tunisie », revendique-t-il en défendant le processus démocratique. Le président s’engage à dialoguer aussi bien avec les laïcs qu’avec les non-laïcs, remarquant qu’il refuse « d’interférer dans la vie politique tunisienne » en prononçant une opinion sur le parti Ennahda.
Bachar el-Assad est responsable
Que pense François Hollande de la volonté du président syrien de se présenter aux prochaines élections ? « 100 000 morts, répond le chef de l’Etat. Bachar el-Assad en est le principal responsable. » Pour lui, la rencontre de « Genève II » doit permettre de discuter de l’après el-Assad et ne surtout pas remettre en question l’exigence de son départ.
« Une partie de la solution est à Moscou », remarque le président, tout en dénonçant les livraisons d’armes à l’un des acteurs et pas à l’autre. Si « Genève II » n’avait pas lieu, il répète que la France procèderait aux livraisons d’armes promises.