Ça devient agaçant. Annoncée pour le premier trimestre de l’an 2012, la libéralisation de l’espace audiovisuel que le président de la République Alassane Ouattara avait pourtant défini comme l’un des tout premiers chantiers auxquels il s’attaquerait dès sa prise de pouvoir en 2011, reste jusqu’ici irréalisée. Et ce, malgré les deux décrets qu’il a signés en Mars 2012 pour fixer les conditions de création et d’exploitation des chaînes de radio et télé privées d’une part et la mise sur pied en Juillet 2012 de la commission chargée d’octroyer les fréquences d’autre part. Que se passe t-il ? Qu’est-ce qui fait encore blocage après la mise en place de la commission d’appel d’offres que le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) a appelé de tous ses vœux? S’interroge t-on. Cette question n’est certainement pas oiseuse si l’on s’en tient au fait qu’en visitant les structures sous tutelle, en début d’année, l’actuel ministre de la Communication Affoussiata Bamba avait déclaré lors de l’étape de la Haca qu’elle accélererait le processus. Mais, plusieurs mois après cette déclaration, c’est toujours le statu quo. En dehors de quelques propos et discours allusifs ça et là, rien de concret. Là où le télespectateur s’attend à de nouvelles chaînes, pour consacrer la libre expression et la libre opinion, c’est la seule télévision d’Etat qui 50 ans (1962) après sa création détient toujours le monopole du secteur. En proie à de nombreux griefs depuis bien longtemps, elle essaie de faire du neuf en proposant de nouveaux programmes depuis quelques temps. Mais parviendra-t-elle à satisfaire les populations? Difficile de le dire. D’autant qu’aujourd’hui, dans l’entendement de certaines gens, la Rti est à la solde et au service d’un clan dont elle serait chargée de faire la promotion en ignorant les inquiétudes et préoccupations d’une frange de la population qui se voit lésée. La libéralisation apparaît par conséquent comme une solution à ce qu’on pourrait à juste titre considérer comme une frustration. Par ailleurs, la situation de non libéralisation de l’espace audiovisuel explique, au moins en partie, l’existence de télévisisons pirates. Lesquelles pour contourner la loi, font des productions à partir de la Côte d’Ivoire qu’elles envoient à un relais en Europe ou aux Etats-Unis. Qui, à son tour procède à la retransmission à partir d’un satellite qui couvre l’espace audiovisuel ivoirien. D’ailleurs, on se souvient que l’an dernier, Ibrahim Sy Savané , le président de la Haca s’en était plaint, évoquant même la possiblité de repression de ces opérateurs indélicats. Mais, au fond il est loisible de considérer que cette situation ne fera que s’amplifier à mesure que l’Etat fera durer la libéralisation. Il faut donc espérer que cette année 2013 verra enfin la libéralisation effective de l’espace audiovisuel en Côte d’Ivoire. Surtout que dans cette affaire, l’Etat pourrait gagner beaucoup d’argent sans oublier les emplois qui seront créés.
Francis Kouamé
Francis Kouamé