Depuis un certain temps, l’huile de palme fait la une de la presse. En novembre 2012, le gouvernement français voulait la taxer. Certains ont parlé de taxe coloniale. Toutes les semaines, des associations environnementalistes lancent des pétitions. Les médecins et les scientifiques débattent sur le sujet. Certains politiques, en Suisse, se sont même proposés d’agir au niveau mondial, pour combattre, cette huile qui serait, d’après eux, une menace pour l’environnement. Et pourtant, dans les pays producteurs et particulièrement en Afrique, le discours est tout autre.
L’huile de palme nocive pour la santé !
Lors du 1er Congrès qui vient de se tenir à Abidjan, le président du Conseil d'administration de l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (Aiph), Christophe Koreki, a précisé qu’il faut apporter des démentis à toutes ces affirmations qui reposent sur des amalgames inappropriés et tout à fait infondés Notamment la destruction de l'environnement et la provocation de maladies cardio-vasculaires. L’huile de palme, aliment millénaire, qui fait le quotidien de nombreuses familles, est désormais perçue également comme une opportunité de développement. Une industrie nouvelle s’apprête à voir le jour. Mais, le chemin est encore long et il faudra rassurer l’opinion.La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement de l’huile de palme au niveau des plantations industrielles (entre 2500 et 10.000 hectares) a causé de nombreux dommages en termes d’environnement, destruction des forêts, affaiblissement de la biodiversité, libération de gaz à effet de serre, appauvrissement des sols. L’organisme de l’Onu précise en outre dans sa ‘’fiche produit’’, qu’aux questions environnementales se sont aussi greffés les questions sociales. Il y a un an de cela, les petits producteurs ivoiriens assignaient en justice les magasins U afin de dénoncer une campagne de dénigrement menée par le géant de la distribution contre l’huile de palme. Quelques mois après, l’AIPH (Association Interprofessionnelle de la filière palmier à huile) a remporté une victoire et un Casino a dû retirer les vidéos qui expliquaient de manière très caricaturale que «la culture intensive d’huile de palme détruit les forêts tropicales, augmente les gaz à effet de serre et menace les espèces protégées». C’est pourquoi, la grande distribution française continue de mépriser la filière huile de palme africaine. Selon les producteurs malaisiens et ivoiriens, ils n’existent pas d’études permettant de démontrer scientifiquement les nuisances pour la santé. En outre, d’après eux, la forte consommation d’acides gras en France proviendrait bien plus du goût des Français pour le beurre, la viande, le fromage qui contiennent des graisses animales et non végétales. Ils clament par ailleurs que dans chacun de ces pays, il n’y aurait pas de déforestation. Comme le rappelle Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille, «Faire de l’huile de palme un poison n’est pas justifié». L’huile de palme est complètement vierge d’acides gras qui sont nocifs pour la santé, et ne constitue qu’une fraction des apports conseillés en acides gras saturés.
Un produit très consommé mais dénigré
En 2012, l’huile de palme était la plus consommée de toutes les huiles végétales avec 33% de la consommation globale (à titre de comparaison, l’huile de soja arrive en seconde position avec 28%). Les trois quarts de la production concernent l’industrie alimentaire et le reste est utilisé pour l’industrie chimique, l’alimentation animale et les énergies. On estime que la demande d’huile de palme devrait passer de 51 à 75 millions entre 2010 et 2050. Elle est la plus abordable des huiles végétales. Ce qui en fait un produit de base pour les cuisines des pays en voie de développement. La Malaisie et l’Indonésie représentent à elles seules environ 87% de la production totale. Le Nigeria est le premier pays africain producteur d’huile de palme avec 3, 312 millions de tonnes produites en 2012. La Chine, l’Inde et l’Europe importent à eux trois plus de 50% de la production mondiale. Afin de subvenir à la demande mondiale, de nombreux investissements sont faits, aujourd’hui, en Afrique pour développer des plantations. D’après une étude, l’Afrique de l’Ouest peut regagner la place qu’elle avait dans les années 60. Pour rappel, à l’époque, la production était supérieure à 60% et elle ne représente plus que 5% aujourd’hui. Pour cela, il faudrait cependant que la production africaine augmente sa rentabilité. En effet, la même étude souligne que «sur les huit millions d’hectares de plantation, seulement 1,1 million sont cultivés de façon industrielle.
Une grande offensive depuis Abidjan
Si on écoute les Cassandres, on est tout de suite convaincu que produire de l’huile de palme est mauvais pour l’environnement. Or, si on prend le cas de l’Afrique, on constate que la principale cause de la déforestation n’est pas l’huile de palme, mais d’autres types de culture et particulièrement l’agriculture de subsistance. A contrario, il serait plus juste de rappeler que le rendement supérieur du palmier à huile permet une moins grande pression sur les forêts: 40% de l’huile végétale consommée dans le monde n’occupe que 7% de la surface utilisée pour la culture de l’huile végétale et 1% de la superficie mondiale dédiée de l’agriculture. La déforestation causée par le soja est bien plus grave. En effet, en lançant des produits sans huile de palme, les distributeurs se présentent comme des chevaliers blancs qui agissent pour le bien de l’environnement, ce qui est parfois une manière commode de camoufler d’autres comportements. Ainsi, les biscuits St Michel se vantent d’avoir mis en place une filière sans huile de palme alors qu’en même temps, Greenpeace les a mis sur sa liste des produits susceptibles de contenir des OGM. Comme on le constate, l’huile de palme est devenue le nouveau bouc émissaire alimentaire. Au final, on se demande si derrière tout cela, il ne s’agit pas d’une nouvelle forme de protectionnisme qui est en train de voir le jour. Et s’il s’agissait tout simplement d’empêcher les exportations africaines de pénétrer sur le marché français? Pour analyser tous ces aspects, le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan a reçu dans la soirée du mercredi 12 juin, des ministres de l’Agriculture de plusieurs pays africains venus prendre part au premier Congrès des pays producteurs de l’huile de palme qui se tient à Abidjan depuis deux jours. A l’issue de la rencontre qui a eu lieu à la Primature, le ministre congolais de l’Agriculture, M. Rigobert Maboundou a indiqué qu’il s’agissait pour ses pairs et lui de venir rendre une visite de courtoisie au Chef du gouvernement qui était le patron de ces assises consacrées à des réflexions sur l’avenir de l’huile palme. Selon lui, « le Congrès d’Abidjan a été l’occasion de torde le cou aux préjugés visant à ternir l’image de l’huile de palme présentée à tort comme nocive à la santé ». Il a soutenu que la déclaration dite d’Abidjan qui a sanctionné cette rencontre a plutôt mis l’accent sur les qualités nutritives de cette huile qui, a-t-il ajouté, représente une opportunité de création de richesses pour les pays du continent. Enfin, le ministre congolais de l’Agriculture a fait savoir qu’une autre réunion prévue à Yamoussoukro en décembre 2013 permettra de passer de la parole aux actes en posant les bases de la mise en œuvre des recommandations issues de ce 1er Congrès.
B. SORO
L’huile de palme nocive pour la santé !
Lors du 1er Congrès qui vient de se tenir à Abidjan, le président du Conseil d'administration de l'Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (Aiph), Christophe Koreki, a précisé qu’il faut apporter des démentis à toutes ces affirmations qui reposent sur des amalgames inappropriés et tout à fait infondés Notamment la destruction de l'environnement et la provocation de maladies cardio-vasculaires. L’huile de palme, aliment millénaire, qui fait le quotidien de nombreuses familles, est désormais perçue également comme une opportunité de développement. Une industrie nouvelle s’apprête à voir le jour. Mais, le chemin est encore long et il faudra rassurer l’opinion.La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement de l’huile de palme au niveau des plantations industrielles (entre 2500 et 10.000 hectares) a causé de nombreux dommages en termes d’environnement, destruction des forêts, affaiblissement de la biodiversité, libération de gaz à effet de serre, appauvrissement des sols. L’organisme de l’Onu précise en outre dans sa ‘’fiche produit’’, qu’aux questions environnementales se sont aussi greffés les questions sociales. Il y a un an de cela, les petits producteurs ivoiriens assignaient en justice les magasins U afin de dénoncer une campagne de dénigrement menée par le géant de la distribution contre l’huile de palme. Quelques mois après, l’AIPH (Association Interprofessionnelle de la filière palmier à huile) a remporté une victoire et un Casino a dû retirer les vidéos qui expliquaient de manière très caricaturale que «la culture intensive d’huile de palme détruit les forêts tropicales, augmente les gaz à effet de serre et menace les espèces protégées». C’est pourquoi, la grande distribution française continue de mépriser la filière huile de palme africaine. Selon les producteurs malaisiens et ivoiriens, ils n’existent pas d’études permettant de démontrer scientifiquement les nuisances pour la santé. En outre, d’après eux, la forte consommation d’acides gras en France proviendrait bien plus du goût des Français pour le beurre, la viande, le fromage qui contiennent des graisses animales et non végétales. Ils clament par ailleurs que dans chacun de ces pays, il n’y aurait pas de déforestation. Comme le rappelle Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille, «Faire de l’huile de palme un poison n’est pas justifié». L’huile de palme est complètement vierge d’acides gras qui sont nocifs pour la santé, et ne constitue qu’une fraction des apports conseillés en acides gras saturés.
Un produit très consommé mais dénigré
En 2012, l’huile de palme était la plus consommée de toutes les huiles végétales avec 33% de la consommation globale (à titre de comparaison, l’huile de soja arrive en seconde position avec 28%). Les trois quarts de la production concernent l’industrie alimentaire et le reste est utilisé pour l’industrie chimique, l’alimentation animale et les énergies. On estime que la demande d’huile de palme devrait passer de 51 à 75 millions entre 2010 et 2050. Elle est la plus abordable des huiles végétales. Ce qui en fait un produit de base pour les cuisines des pays en voie de développement. La Malaisie et l’Indonésie représentent à elles seules environ 87% de la production totale. Le Nigeria est le premier pays africain producteur d’huile de palme avec 3, 312 millions de tonnes produites en 2012. La Chine, l’Inde et l’Europe importent à eux trois plus de 50% de la production mondiale. Afin de subvenir à la demande mondiale, de nombreux investissements sont faits, aujourd’hui, en Afrique pour développer des plantations. D’après une étude, l’Afrique de l’Ouest peut regagner la place qu’elle avait dans les années 60. Pour rappel, à l’époque, la production était supérieure à 60% et elle ne représente plus que 5% aujourd’hui. Pour cela, il faudrait cependant que la production africaine augmente sa rentabilité. En effet, la même étude souligne que «sur les huit millions d’hectares de plantation, seulement 1,1 million sont cultivés de façon industrielle.
Une grande offensive depuis Abidjan
Si on écoute les Cassandres, on est tout de suite convaincu que produire de l’huile de palme est mauvais pour l’environnement. Or, si on prend le cas de l’Afrique, on constate que la principale cause de la déforestation n’est pas l’huile de palme, mais d’autres types de culture et particulièrement l’agriculture de subsistance. A contrario, il serait plus juste de rappeler que le rendement supérieur du palmier à huile permet une moins grande pression sur les forêts: 40% de l’huile végétale consommée dans le monde n’occupe que 7% de la surface utilisée pour la culture de l’huile végétale et 1% de la superficie mondiale dédiée de l’agriculture. La déforestation causée par le soja est bien plus grave. En effet, en lançant des produits sans huile de palme, les distributeurs se présentent comme des chevaliers blancs qui agissent pour le bien de l’environnement, ce qui est parfois une manière commode de camoufler d’autres comportements. Ainsi, les biscuits St Michel se vantent d’avoir mis en place une filière sans huile de palme alors qu’en même temps, Greenpeace les a mis sur sa liste des produits susceptibles de contenir des OGM. Comme on le constate, l’huile de palme est devenue le nouveau bouc émissaire alimentaire. Au final, on se demande si derrière tout cela, il ne s’agit pas d’une nouvelle forme de protectionnisme qui est en train de voir le jour. Et s’il s’agissait tout simplement d’empêcher les exportations africaines de pénétrer sur le marché français? Pour analyser tous ces aspects, le Premier ministre, Daniel Kablan Duncan a reçu dans la soirée du mercredi 12 juin, des ministres de l’Agriculture de plusieurs pays africains venus prendre part au premier Congrès des pays producteurs de l’huile de palme qui se tient à Abidjan depuis deux jours. A l’issue de la rencontre qui a eu lieu à la Primature, le ministre congolais de l’Agriculture, M. Rigobert Maboundou a indiqué qu’il s’agissait pour ses pairs et lui de venir rendre une visite de courtoisie au Chef du gouvernement qui était le patron de ces assises consacrées à des réflexions sur l’avenir de l’huile palme. Selon lui, « le Congrès d’Abidjan a été l’occasion de torde le cou aux préjugés visant à ternir l’image de l’huile de palme présentée à tort comme nocive à la santé ». Il a soutenu que la déclaration dite d’Abidjan qui a sanctionné cette rencontre a plutôt mis l’accent sur les qualités nutritives de cette huile qui, a-t-il ajouté, représente une opportunité de création de richesses pour les pays du continent. Enfin, le ministre congolais de l’Agriculture a fait savoir qu’une autre réunion prévue à Yamoussoukro en décembre 2013 permettra de passer de la parole aux actes en posant les bases de la mise en œuvre des recommandations issues de ce 1er Congrès.
B. SORO