Comment ce parti prépare l’opinion
Voici son arme fatale
La Présidentielle de 2015 ne finit pas de livrer toutes ses manœuvres. Chaque jour qui passe donne des éclaircies sur ce qui se trame et qui pourrait être une réalité à l’occasion de cette échéance. Au FPI, les animateurs de ce parti donnent des signaux depuis bien longtemps et tout ce qu’ils disent et font ces temps-ci converge vers un boycott du scrutin présidentiel de 2015, comme ils l’ont déjà montré au cours des législatives du 11 décembre 2011 et des élections locales du 21 avril dernier. Les preuves de cette intention se trouvent dans les kyrielles de revendications qui s’augmentent chaque fois que le processus de réconciliation impose leur présence à la table de négociations. La vérité pourrait se trouver dans les faiblesses qui les taraudent depuis leur chute du pouvoir, le 11 avril 2011.
Participera, participera pas à l’élection présidentielle de 2015, le FPI présente, depuis un bon moment, les signes d’un navire qui est atteint dans tous ses compartiments, à la suite d’une torpille lancée d’un sous- marin adverse et qui prend l’eau de toutes parts. Effectivement, cette formation politique est aux abois. Au-delà des discours guerriers tenus par sa direction, la puanteur de leurs faiblesses se fait sentir à des milliers de kilomètres. La foultitude de combats à mener par cette famille politique ne lui donne aucun répit pour s’occuper du quotidien des Ivoiriens. Ce qui, par la passé, a fait sa force et lui a permis de gagner l’assentiment de milliers de voix. Aujourd’hui, ses propres intérêts sont menacés et ses dirigeants sont aveugles sur tout ce qui se passe autour d’eux. Il faut urgemment résoudre les problèmes de trésorerie qui assaillent le parti et ses propres dirigeants. La chute du pouvoir, le 11 avril 2011, a été encaissée comme un grand coup de massue inattendu et ses nouveaux leaders, déboussolés, s’accrochent à tout ce qui peut être sensible aux yeux de l’opinion nationale et internationale, pour se faire entendre, même si cela sort de l’irréel. Pour cela, le FPI a décidé d’opter pour les vieilles recettes qui, au temps de l’opposition, attirait sur lui la sympathie des Ivoiriens et du monde entier. Cela lui a d’ailleurs permis de beurrer les yeux aux uns et des autres pour atterrir prématurément au pouvoir, en octobre 2000. En remuant dans ce passé fondé sur de l’artifice, il est plus aisé de comprendre la démarche actuelle du parti de Laurent Gbagbo.
Le FPI, de l’opposition…
En 1990, sur la scène politique ivoirienne, apparait, officiellement, comme d’autres formations, le Front populaire ivoirien pour marquer la fin du monopartisme. Très vite, les pontes de cette nébuleuse vont entourlouper les Ivoiriens en dénonçant leurs problèmes sociaux, dans un régime trentenaire du PDCI-RDA qui avait besoin d’une mue, dans sa politique de gestion. Pour se faire entendre, Laurent Gbagbo et les siens vont user de leur fraîcheur physique de l’époque, pour battre le macadam en organisant marches sur marches et meetings sur meetings, à travers Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, et toutes les contrées du pays. Plus ils le faisaient, plus ils attiraient la sympathie de l’opinion nationale et internationale. La mayonnaise a fini par prendre et, le matin du 24 octobre 2000, soutenus par une foule accrochée à leurs idéaux aux relents démagogiques, ils sautent les verrous du palais présidentiel, pour en déloger, par la force, l’occupant d’alors, le Général Robert Guéi. La soif démesurée du pouvoir est passée par là.
…au pouvoir d’Etat…
Il est évident que pour des personnes qui n’avaient jamais accepté, sous le régime du PDCI-RDA, de siéger dans un conseil d’administration, ne serait-ce que ça, bondir dans des fauteuils ministériels sous la transition militaro-civile et être parachutés maîtres, dans le douillet Palais présidentiel du Plateau, relevait de l’extraordinaire. Cette nouvelle aubaine sociale va donner des reflexes inhabituels aux refondateurs. Ils vont finir par s’embourgeoiser et oublier d’où ils viennent. C’était le luxe, le lucre, le sexe, le plaisir, bref, la jouissance à outrance. L’argent coulait à profusion et les caisses de l’Etat étaient mises à rude contribution. C’était aussi le temps des courtisans qui ont traversé tous les régimes de la République ivoirienne. La période où il était impossible pour eux de faire le distinguo entre la foule et le peuple. Les rassemblements pour distiller le venin de l’anticolonialisme et les meetings de campagne qui regroupaient des milliers de personnes étaient suscités à coup de numéraires. Alors que par le passé, c’était la conviction qui primait. Et à force de défier et de se comparer à Dieu dans leurs agissements, les refondateurs avaient fini par se prendre pour les anges et Laurent Gbagbo, le majestueux tout puissant. C’est donc lui qui devait décider quand, ils devront quitter le pouvoir. Tous étaient en train de fantasmer. Ils avaient même le droit de vie ou de mort sur les Ivoiriens. Dès lors, le sang va couler.
…jusqu’ à la déchéance, le 11 avril 2011
Le 11 avril 2011, le rêve va virer au cauchemar. Le pouvoir va leur échapper et, en même temps, tous les privilèges qui l’entourent. C’est la descente aux enfers. Ils vont être rattrapés par les nombreux crimes soit de sang, soit économiques, commis sous leur règne. Quand la Justice a frappé en partie, c’est toute l’oligarchie refondatrice qui s’est retrouvée derrière les barreaux. Laurent Gbagbo, le Dieu de circonstance, va, lui, se retrouver loin des siens, à la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas, entre les mains de la Justice internationale. Les disciples restés sur place sont déboussolés et sont à se demander pourquoi ils ont décidé un jour de faire de la politique. Mais, il faut continuer de jouer du peu d’orgueil resté, après être brutalement sortis du rêve d’invincibilité. La calculatrice et l’équerre à la main, la direction intérimaire du Front va tracer les grandes lignes des revendications qui fondent aujourd’hui leur nouveau combat. Pas besoin d’être un génie pour en être imprégné. Libération de Laurent Gbagbo et des autres camarades au bagne pour crimes économiques et crimes de sang. Asséché financièrement, le FPI demande l’aide de l’Etat et en fait un préalable à toute implication dans le processus de réconciliation nationale.
Négociations avec le gouvernement
C’est avec ces deux points majeurs qui, pour eux, leur permettra de se donner de la contenance, que les partisans de Laurent Gbagbo vont pointer à différentes séances de négociations avec le gouvernement. Et ils n’entendent pas transiger là-dessus. Malgré tout, les autorités ivoiriennes feront des concessions et vont procéder à la libération d’un certain nombre de détenus proches de cette formation politique. Elles iront même plus loin, selon des sources, pour lui octroyer un bon pactole pouvant lui permettre de participer aux élections législatives et locales passées. Mais, c’était mal connaitre les animateurs du FPI qui vont retourner casaque.
Le boycott des Législatives, des Municipales et Régionales
S’ils n’y ont pas pris part officiellement, certains des militants du FPI vont se fondre dans la masse des candidats indépendants à ces consultations. Ayant connu des fortunes diverses, la direction intérimaire de ce parti refuse officiellement de reconnaitre sa marque sur les candidats heureux qui siègent au parlement, à la tête des Municipalités et des Conseils régionaux, sans étiquette politique. Au-delà des discours politiciens pour montrer sa couronne de premier parti d’opposition en Côte d’Ivoire, le FPI connait d’énormes difficultés financières. Ayant perdu les réflexes de l’opposition de 1990 et les privilèges du pouvoir d’Etat, ce parti ne peut s’engager en ce moment sur un terrain qui occasionnerait une saignée financière.
L’argent, la grosse équation
L’argent manque au FPI. Et le gel des avoirs de ses barons réduit grandement sa marge de manœuvre. Mais, ses dirigeants auront montré suffisamment qu’ils ne sont pas prêts d’entrer dans le jeu démocratique des élections. C’est chaque jour que leurs ramifications à l’extérieur tentent des opérations de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Cela n’est pas fortuit de leur part car ils sont bien conscients que les courtisans et la foule qu’ils drainaient, à coup de billets de banque, avant le 11 avril 2011, ne sont plus enthousiastes. La clé du palais a été arrachée à Blé Goudé, les caisses de l’Etat ont changé de mains et de serrures. Aussi, seul un passage en force, par les armes, pourrait leur ouvrir la voie du fauteuil présidentiel. Le peu de sou dont ils disposent est utilisé pour la cause du mal.
Toujours dans la même logique, en masquant son poids réel
Demander aux dirigeants du FPI de reconnaitre leurs responsabilités dans la crise qui a occasionné des milliers de morts en Côte d’Ivoire et demander pardon, est peine perdue. Les partisans de Laurent Gbagbo ne le feront ni aujourd’hui, ni demain. Ils resteront aussi longtemps dans cette logique, tant que Laurent Gbagbo et ceux d’entres eux qui sont aux mains de la Justice pour répondre de leurs actes maléfiques, ne seront pas en liberté. Derrière toutes ces gymnastiques musculaires et verbales déployées par les compagnons de lutte de Simone Gbagbo et Affi N’ Guessan, se cache non seulement le manque d’argent, mais l’option de ne jamais permettre à l’opinion de découvrir son poids réel après sa chute du pouvoir, le 11 avril 2011. La stratégie, c’est de se prévaloir toujours du statut de leader de l’opposition ivoirienne. Dans le même temps, la dépendance de Laurent Gbagbo reste une fatalité. Pour cela, les dirigeants du parti à la rose sont prompts à sortir tous les arguments possibles pouvant leur permettre de tenir leur position et garder la flamme militante en ce qui leur reste encore comme partisans.
Laurent Gbagbo,
la clé de voûte
La direction intérimaire du FPI n’aura jamais le courage de prendre les devants et organiser un congrès, pour installer un leader digne de succéder à Gbagbo. Pour elle et ses militants, le natif de Mama est irremplaçable. Dès lors, le seul combat qui vaille, c’est celui d’user de tous les moyens pour le sortir du cachot. Le reste n’est que pure distraction. Elle aura beau chanter et beau crier que la Présidentielle de 2015 ne se passera pas sans son parti, la réalité est que l’ex-chef de l’Etat reste une marque indélébile dans l’esprit de ses partisans. Eux qui ne s’imaginent même pas un avenir politique sans lui. Le FPI tire dans les tous les sens, en usant de tous les arguments. Qu’ils soient soutenus ou fallacieux, l’essentiel, c’est de saboter tout ce qui est Alassane Ouattara ou s’y apparente.
L’argument de la fraude pour boycotter la Présidentielle de 2015
Pour qui suit le FPI dans sa logique, depuis sa déchéance, rien n’est transparent sous le régime du fils de Kong. Quand il s’est agi de prendre part aux Législatives, Municipales et Régionales, ce parti a exigé la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). C’est sur ce même tableau qu’il jouera pour boycotter la Présidentielle de 2015. Mais, tout mis ensemble, cette formation politique n’a ni les moyens financiers, ni les hommes charismatiques, ni les arguments de poigne pour espérer prendre part à une si grande joute électorale. Même si les autorités ivoiriennes accèdent à ses exigences sur la nouvelle configuration de la CEI et lui donnent plus de la moitié des représentants, le FPI trouvera toujours de quoi contourner la concurrence démocratique.
Comme on le constate, à un peu plus de deux ans de l’échéance de 2015, cette formation politique n’a pas encore entamé la remobilisation de ses bases. Ce qui préoccupe ses animateurs au cours des rassemblements qu’ils organisent, c’est la mobilisation pour faire libérer Gbagbo et tous leurs camarades en détention. Une exigence aux saveurs de chantage et d’hypocrisie car, sachant très bien que les chances de sa réalisation sont hyper minces. La preuve, c’est maintenant que vient d’être engagé le marathon judiciaire de tous les cadres de ce parti, incarcérés pour divers crimes. De plus, le feuilleton de la Procureure de la Cour pénale internationale contre Laurent Gbagbo ne vient que de commencer et annonce de longues années de procès. Que feront-ils aux portes de 2015, lorsque toutes ces exigences n’auront pas abouti ? Le boycott tout simplement ! Ainsi se dessine et se fabrique l’arme fatale qu’ils utiliseront pour masquer tous les problèmes qui les assaillent et surtout leur incapacité à affronter les autres postulants. Hélas, une arme sans munition !
DENIS TOKPA
Voici son arme fatale
La Présidentielle de 2015 ne finit pas de livrer toutes ses manœuvres. Chaque jour qui passe donne des éclaircies sur ce qui se trame et qui pourrait être une réalité à l’occasion de cette échéance. Au FPI, les animateurs de ce parti donnent des signaux depuis bien longtemps et tout ce qu’ils disent et font ces temps-ci converge vers un boycott du scrutin présidentiel de 2015, comme ils l’ont déjà montré au cours des législatives du 11 décembre 2011 et des élections locales du 21 avril dernier. Les preuves de cette intention se trouvent dans les kyrielles de revendications qui s’augmentent chaque fois que le processus de réconciliation impose leur présence à la table de négociations. La vérité pourrait se trouver dans les faiblesses qui les taraudent depuis leur chute du pouvoir, le 11 avril 2011.
Participera, participera pas à l’élection présidentielle de 2015, le FPI présente, depuis un bon moment, les signes d’un navire qui est atteint dans tous ses compartiments, à la suite d’une torpille lancée d’un sous- marin adverse et qui prend l’eau de toutes parts. Effectivement, cette formation politique est aux abois. Au-delà des discours guerriers tenus par sa direction, la puanteur de leurs faiblesses se fait sentir à des milliers de kilomètres. La foultitude de combats à mener par cette famille politique ne lui donne aucun répit pour s’occuper du quotidien des Ivoiriens. Ce qui, par la passé, a fait sa force et lui a permis de gagner l’assentiment de milliers de voix. Aujourd’hui, ses propres intérêts sont menacés et ses dirigeants sont aveugles sur tout ce qui se passe autour d’eux. Il faut urgemment résoudre les problèmes de trésorerie qui assaillent le parti et ses propres dirigeants. La chute du pouvoir, le 11 avril 2011, a été encaissée comme un grand coup de massue inattendu et ses nouveaux leaders, déboussolés, s’accrochent à tout ce qui peut être sensible aux yeux de l’opinion nationale et internationale, pour se faire entendre, même si cela sort de l’irréel. Pour cela, le FPI a décidé d’opter pour les vieilles recettes qui, au temps de l’opposition, attirait sur lui la sympathie des Ivoiriens et du monde entier. Cela lui a d’ailleurs permis de beurrer les yeux aux uns et des autres pour atterrir prématurément au pouvoir, en octobre 2000. En remuant dans ce passé fondé sur de l’artifice, il est plus aisé de comprendre la démarche actuelle du parti de Laurent Gbagbo.
Le FPI, de l’opposition…
En 1990, sur la scène politique ivoirienne, apparait, officiellement, comme d’autres formations, le Front populaire ivoirien pour marquer la fin du monopartisme. Très vite, les pontes de cette nébuleuse vont entourlouper les Ivoiriens en dénonçant leurs problèmes sociaux, dans un régime trentenaire du PDCI-RDA qui avait besoin d’une mue, dans sa politique de gestion. Pour se faire entendre, Laurent Gbagbo et les siens vont user de leur fraîcheur physique de l’époque, pour battre le macadam en organisant marches sur marches et meetings sur meetings, à travers Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, et toutes les contrées du pays. Plus ils le faisaient, plus ils attiraient la sympathie de l’opinion nationale et internationale. La mayonnaise a fini par prendre et, le matin du 24 octobre 2000, soutenus par une foule accrochée à leurs idéaux aux relents démagogiques, ils sautent les verrous du palais présidentiel, pour en déloger, par la force, l’occupant d’alors, le Général Robert Guéi. La soif démesurée du pouvoir est passée par là.
…au pouvoir d’Etat…
Il est évident que pour des personnes qui n’avaient jamais accepté, sous le régime du PDCI-RDA, de siéger dans un conseil d’administration, ne serait-ce que ça, bondir dans des fauteuils ministériels sous la transition militaro-civile et être parachutés maîtres, dans le douillet Palais présidentiel du Plateau, relevait de l’extraordinaire. Cette nouvelle aubaine sociale va donner des reflexes inhabituels aux refondateurs. Ils vont finir par s’embourgeoiser et oublier d’où ils viennent. C’était le luxe, le lucre, le sexe, le plaisir, bref, la jouissance à outrance. L’argent coulait à profusion et les caisses de l’Etat étaient mises à rude contribution. C’était aussi le temps des courtisans qui ont traversé tous les régimes de la République ivoirienne. La période où il était impossible pour eux de faire le distinguo entre la foule et le peuple. Les rassemblements pour distiller le venin de l’anticolonialisme et les meetings de campagne qui regroupaient des milliers de personnes étaient suscités à coup de numéraires. Alors que par le passé, c’était la conviction qui primait. Et à force de défier et de se comparer à Dieu dans leurs agissements, les refondateurs avaient fini par se prendre pour les anges et Laurent Gbagbo, le majestueux tout puissant. C’est donc lui qui devait décider quand, ils devront quitter le pouvoir. Tous étaient en train de fantasmer. Ils avaient même le droit de vie ou de mort sur les Ivoiriens. Dès lors, le sang va couler.
…jusqu’ à la déchéance, le 11 avril 2011
Le 11 avril 2011, le rêve va virer au cauchemar. Le pouvoir va leur échapper et, en même temps, tous les privilèges qui l’entourent. C’est la descente aux enfers. Ils vont être rattrapés par les nombreux crimes soit de sang, soit économiques, commis sous leur règne. Quand la Justice a frappé en partie, c’est toute l’oligarchie refondatrice qui s’est retrouvée derrière les barreaux. Laurent Gbagbo, le Dieu de circonstance, va, lui, se retrouver loin des siens, à la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas, entre les mains de la Justice internationale. Les disciples restés sur place sont déboussolés et sont à se demander pourquoi ils ont décidé un jour de faire de la politique. Mais, il faut continuer de jouer du peu d’orgueil resté, après être brutalement sortis du rêve d’invincibilité. La calculatrice et l’équerre à la main, la direction intérimaire du Front va tracer les grandes lignes des revendications qui fondent aujourd’hui leur nouveau combat. Pas besoin d’être un génie pour en être imprégné. Libération de Laurent Gbagbo et des autres camarades au bagne pour crimes économiques et crimes de sang. Asséché financièrement, le FPI demande l’aide de l’Etat et en fait un préalable à toute implication dans le processus de réconciliation nationale.
Négociations avec le gouvernement
C’est avec ces deux points majeurs qui, pour eux, leur permettra de se donner de la contenance, que les partisans de Laurent Gbagbo vont pointer à différentes séances de négociations avec le gouvernement. Et ils n’entendent pas transiger là-dessus. Malgré tout, les autorités ivoiriennes feront des concessions et vont procéder à la libération d’un certain nombre de détenus proches de cette formation politique. Elles iront même plus loin, selon des sources, pour lui octroyer un bon pactole pouvant lui permettre de participer aux élections législatives et locales passées. Mais, c’était mal connaitre les animateurs du FPI qui vont retourner casaque.
Le boycott des Législatives, des Municipales et Régionales
S’ils n’y ont pas pris part officiellement, certains des militants du FPI vont se fondre dans la masse des candidats indépendants à ces consultations. Ayant connu des fortunes diverses, la direction intérimaire de ce parti refuse officiellement de reconnaitre sa marque sur les candidats heureux qui siègent au parlement, à la tête des Municipalités et des Conseils régionaux, sans étiquette politique. Au-delà des discours politiciens pour montrer sa couronne de premier parti d’opposition en Côte d’Ivoire, le FPI connait d’énormes difficultés financières. Ayant perdu les réflexes de l’opposition de 1990 et les privilèges du pouvoir d’Etat, ce parti ne peut s’engager en ce moment sur un terrain qui occasionnerait une saignée financière.
L’argent, la grosse équation
L’argent manque au FPI. Et le gel des avoirs de ses barons réduit grandement sa marge de manœuvre. Mais, ses dirigeants auront montré suffisamment qu’ils ne sont pas prêts d’entrer dans le jeu démocratique des élections. C’est chaque jour que leurs ramifications à l’extérieur tentent des opérations de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Cela n’est pas fortuit de leur part car ils sont bien conscients que les courtisans et la foule qu’ils drainaient, à coup de billets de banque, avant le 11 avril 2011, ne sont plus enthousiastes. La clé du palais a été arrachée à Blé Goudé, les caisses de l’Etat ont changé de mains et de serrures. Aussi, seul un passage en force, par les armes, pourrait leur ouvrir la voie du fauteuil présidentiel. Le peu de sou dont ils disposent est utilisé pour la cause du mal.
Toujours dans la même logique, en masquant son poids réel
Demander aux dirigeants du FPI de reconnaitre leurs responsabilités dans la crise qui a occasionné des milliers de morts en Côte d’Ivoire et demander pardon, est peine perdue. Les partisans de Laurent Gbagbo ne le feront ni aujourd’hui, ni demain. Ils resteront aussi longtemps dans cette logique, tant que Laurent Gbagbo et ceux d’entres eux qui sont aux mains de la Justice pour répondre de leurs actes maléfiques, ne seront pas en liberté. Derrière toutes ces gymnastiques musculaires et verbales déployées par les compagnons de lutte de Simone Gbagbo et Affi N’ Guessan, se cache non seulement le manque d’argent, mais l’option de ne jamais permettre à l’opinion de découvrir son poids réel après sa chute du pouvoir, le 11 avril 2011. La stratégie, c’est de se prévaloir toujours du statut de leader de l’opposition ivoirienne. Dans le même temps, la dépendance de Laurent Gbagbo reste une fatalité. Pour cela, les dirigeants du parti à la rose sont prompts à sortir tous les arguments possibles pouvant leur permettre de tenir leur position et garder la flamme militante en ce qui leur reste encore comme partisans.
Laurent Gbagbo,
la clé de voûte
La direction intérimaire du FPI n’aura jamais le courage de prendre les devants et organiser un congrès, pour installer un leader digne de succéder à Gbagbo. Pour elle et ses militants, le natif de Mama est irremplaçable. Dès lors, le seul combat qui vaille, c’est celui d’user de tous les moyens pour le sortir du cachot. Le reste n’est que pure distraction. Elle aura beau chanter et beau crier que la Présidentielle de 2015 ne se passera pas sans son parti, la réalité est que l’ex-chef de l’Etat reste une marque indélébile dans l’esprit de ses partisans. Eux qui ne s’imaginent même pas un avenir politique sans lui. Le FPI tire dans les tous les sens, en usant de tous les arguments. Qu’ils soient soutenus ou fallacieux, l’essentiel, c’est de saboter tout ce qui est Alassane Ouattara ou s’y apparente.
L’argument de la fraude pour boycotter la Présidentielle de 2015
Pour qui suit le FPI dans sa logique, depuis sa déchéance, rien n’est transparent sous le régime du fils de Kong. Quand il s’est agi de prendre part aux Législatives, Municipales et Régionales, ce parti a exigé la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). C’est sur ce même tableau qu’il jouera pour boycotter la Présidentielle de 2015. Mais, tout mis ensemble, cette formation politique n’a ni les moyens financiers, ni les hommes charismatiques, ni les arguments de poigne pour espérer prendre part à une si grande joute électorale. Même si les autorités ivoiriennes accèdent à ses exigences sur la nouvelle configuration de la CEI et lui donnent plus de la moitié des représentants, le FPI trouvera toujours de quoi contourner la concurrence démocratique.
Comme on le constate, à un peu plus de deux ans de l’échéance de 2015, cette formation politique n’a pas encore entamé la remobilisation de ses bases. Ce qui préoccupe ses animateurs au cours des rassemblements qu’ils organisent, c’est la mobilisation pour faire libérer Gbagbo et tous leurs camarades en détention. Une exigence aux saveurs de chantage et d’hypocrisie car, sachant très bien que les chances de sa réalisation sont hyper minces. La preuve, c’est maintenant que vient d’être engagé le marathon judiciaire de tous les cadres de ce parti, incarcérés pour divers crimes. De plus, le feuilleton de la Procureure de la Cour pénale internationale contre Laurent Gbagbo ne vient que de commencer et annonce de longues années de procès. Que feront-ils aux portes de 2015, lorsque toutes ces exigences n’auront pas abouti ? Le boycott tout simplement ! Ainsi se dessine et se fabrique l’arme fatale qu’ils utiliseront pour masquer tous les problèmes qui les assaillent et surtout leur incapacité à affronter les autres postulants. Hélas, une arme sans munition !
DENIS TOKPA