La chefferie traditionnelle Wê est à la croisée des chemins. Elle traverse présentement un moment de doute lié au bicéphalisme au plus haut sommet. Plusieurs facteurs sont à la base de la guéguerre que se livrent les garants de la tradition Wê. Incompréhensions, jeux d’intérêt ou jalousie simplement ? La polémique enfle et continue de détériorer l’atmosphère au niveau de la faîtière des chefs traditionnels Wê.
Le ton fut donné en juin 2013, lorsque M. Toubo Taho Maurice se réclamant chef suprême du peuple Wê, s’est confié à la presse. Détenteur d’un arrêté n°255/INT/DGAT/SDVA du 10 mars 2009, il attaquait son adversaire Doh Blanchard dans un courrier adressé au ministre Hamed Bakayoko : « Le peuple Wê ne saurait avoir pour guide coutumier deux chefs suprêmes. Je reste et demeure à ce jour, le seul chef suprême détenteur d'une décision administrative ». Le disant, Toubo Taho a ainsi, toujours selon lui, mis sous l’éteignoir les ambitions de M. Doh Joseph Blanchard dont la cérémonie d’investiture à Bangolo le 15 juin 20133, venait d’être reportée sine die. Deux mois après ce report, Toubo Taho Maurice a réaffirmé le 27 août 2013 qu’il est « le seul chef suprême des Wê de Côte d’Ivoire depuis longtemps. Referez-vous au document qui en fait foi », confie-t-il. Le document en question est un récépissé de déclaration d’association signé en 2009 par l’ex-ministre de l’Intérieur d’alors, Feu Désiré Tagro. Il y est mentionné en objet, association dénommée : « collectif des chefs traditionnels Wê d’Abidjan Côte d’Ivoire (c.c.t.wê.a.ci) ».
Les confidences de Doh Joseph Blanchard…
A la faveur de son investiture avortée le 15 juin 2013, Doh Blanchard pressenti à la tête de la chefferie suprême Wê, avait fait cette confidence dans son village Dah le 13 juin : « Je ne comprends pas vraiment pourquoi mon investiture, pour la seconde fois, a été reportée. Alors que le comité d’organisation avait l’accord et le soutien de notre ministère de tutelle (ministère de l’intérieur et de la sécurité, ndlr) qui en était le parrain. La première date (dimanche 5 mai 2013) n’a pas tenu ses promesses pour cause de calendrier chargé du ministre. Pour cette fois, le préfet de Bangolo (Gbané Mahama) ne m’a pas donné de motif prétextant le report de cette cérémonie importante pour notre pays. Pour ma part, l’intoxication de quelques adversaires ne devrait avoir raison des autorités en qui nous avons pleinement confiance d’ailleurs », témoigne Doh Blanchard, commandant des Douanes à la retraite. A la question de savoir ce qui fait de lui le chef suprême des Wê, il répond : « La chefferie ne s’achète pas, c’est l’aboutissement d’un long processus. A l’image des peuples du nord et du centre, nous avons notre méthode ici à l’ouest pour accéder au trône. Et j’ai franchi toutes les étapes. D’abord chef de la tribu Guého et chef de canton Zagna de la diaspora, j’ai ensuite assuré l’intérim de Feu Siho Pascal, alors président de l’union des chefs traditionnels Wê. Mieux, pour la formation et la discipline dans notre corporation, j’ai initié et organisé sur fonds propre un séminaire les 13, 14 et 15 août 2009 au Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires à Adjamé. C’est d’ailleurs lors de ce séminaire, que mes paires ont porté leur choix sur moi comme chef suprême des Wê », explique Doh Blanchard, par ailleurs, membre du Conseil Supérieur des Rois et Chefs Traditionnels de Côte d'Ivoire. Avant d’ajouter : « Ceux qui pensent que je suis chef seulement à Abidjan, se trompent lourdement. J’ai l’onction des populations Wê à travers leurs chefs de villages et de canton. Car du 21 février au 24 mars dernier, le comité d’organisation de mon intronisation et moi avons parcouru toutes les deux régions et obtenu l’accord unanime des 24 chefs de canton Wê du Guémon et du Cavally. Rien ne justifie donc le report de mon investiture », soutient le 14 juin, Débloahi 1er du nom de règne de Doh Joseph Blanchard.
Que faire maintenant ?
Devant le tiraillement des deux parties, l’Etat avait coupé la poire en deux le mercredi 4 avril 2013 lorsque le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko, remettait solennellement aux cadres, plutôt qu’aux chefs traditionnels Wê, l’attestation de solde crédité du don du président Alassane Ouattara d’un montant de 200 millions F CFA pour la restauration des sites sacrés des Koui et les Glae dans le Guémon et le Cavally. Alors que les chefs sont les mieux indiqués pour observer ces rites relevant de la tradition. L’Etat hésite toujours, et craint certainement que son implication dans la recherche de solution à la crise entre chefs, ne crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. Et pourtant, il est de l’intérêt de la Côte d’Ivoire que les garants des us et coutumes de cette partie « fragile » du pays retrouvent l’unité, afin de mieux aborder les questions de réconciliation et de paix, gage de développement. Pour dénouer l’écheveau, le chef Badia Kei Séa souhaite que l’Etat dise le droit en rétablissant enfin Doh Blanchard dans ses attributs de chef suprême des Wê. « C’est lui que nous reconnaissons. Il est notre seul interlocuteur », estime Badia, chef du canton Péomé à Facobly. L’autre possibilité, soutient un chef Akan, c’est de confier une médiation aux doyens Kéi Boguinard, Emile Constant Bombet et Oulaï Tiabas regroupés au sein de l’union pour le développement du Cavally et du Guémon. En attendant qu’une issue soit trouvée à la crise qui secoue la chefferie traditionnelle Wê, le processus de réconciliation dans cette zone semble être au point mort. Le cycle de la violence continue de tourner. Le 26 août 2013, encore à Duékoué, les communautés Malinké et Guéré cherchaient à en découdre après la blessure à l’arme blanche, d’un jeune homme. Alors qu’une vague d'agressions a fait sept morts ces trois derniers mois à Guiglo
Bayo Lynx, correspondant régional
Le ton fut donné en juin 2013, lorsque M. Toubo Taho Maurice se réclamant chef suprême du peuple Wê, s’est confié à la presse. Détenteur d’un arrêté n°255/INT/DGAT/SDVA du 10 mars 2009, il attaquait son adversaire Doh Blanchard dans un courrier adressé au ministre Hamed Bakayoko : « Le peuple Wê ne saurait avoir pour guide coutumier deux chefs suprêmes. Je reste et demeure à ce jour, le seul chef suprême détenteur d'une décision administrative ». Le disant, Toubo Taho a ainsi, toujours selon lui, mis sous l’éteignoir les ambitions de M. Doh Joseph Blanchard dont la cérémonie d’investiture à Bangolo le 15 juin 20133, venait d’être reportée sine die. Deux mois après ce report, Toubo Taho Maurice a réaffirmé le 27 août 2013 qu’il est « le seul chef suprême des Wê de Côte d’Ivoire depuis longtemps. Referez-vous au document qui en fait foi », confie-t-il. Le document en question est un récépissé de déclaration d’association signé en 2009 par l’ex-ministre de l’Intérieur d’alors, Feu Désiré Tagro. Il y est mentionné en objet, association dénommée : « collectif des chefs traditionnels Wê d’Abidjan Côte d’Ivoire (c.c.t.wê.a.ci) ».
Les confidences de Doh Joseph Blanchard…
A la faveur de son investiture avortée le 15 juin 2013, Doh Blanchard pressenti à la tête de la chefferie suprême Wê, avait fait cette confidence dans son village Dah le 13 juin : « Je ne comprends pas vraiment pourquoi mon investiture, pour la seconde fois, a été reportée. Alors que le comité d’organisation avait l’accord et le soutien de notre ministère de tutelle (ministère de l’intérieur et de la sécurité, ndlr) qui en était le parrain. La première date (dimanche 5 mai 2013) n’a pas tenu ses promesses pour cause de calendrier chargé du ministre. Pour cette fois, le préfet de Bangolo (Gbané Mahama) ne m’a pas donné de motif prétextant le report de cette cérémonie importante pour notre pays. Pour ma part, l’intoxication de quelques adversaires ne devrait avoir raison des autorités en qui nous avons pleinement confiance d’ailleurs », témoigne Doh Blanchard, commandant des Douanes à la retraite. A la question de savoir ce qui fait de lui le chef suprême des Wê, il répond : « La chefferie ne s’achète pas, c’est l’aboutissement d’un long processus. A l’image des peuples du nord et du centre, nous avons notre méthode ici à l’ouest pour accéder au trône. Et j’ai franchi toutes les étapes. D’abord chef de la tribu Guého et chef de canton Zagna de la diaspora, j’ai ensuite assuré l’intérim de Feu Siho Pascal, alors président de l’union des chefs traditionnels Wê. Mieux, pour la formation et la discipline dans notre corporation, j’ai initié et organisé sur fonds propre un séminaire les 13, 14 et 15 août 2009 au Groupement des Sapeurs-Pompiers Militaires à Adjamé. C’est d’ailleurs lors de ce séminaire, que mes paires ont porté leur choix sur moi comme chef suprême des Wê », explique Doh Blanchard, par ailleurs, membre du Conseil Supérieur des Rois et Chefs Traditionnels de Côte d'Ivoire. Avant d’ajouter : « Ceux qui pensent que je suis chef seulement à Abidjan, se trompent lourdement. J’ai l’onction des populations Wê à travers leurs chefs de villages et de canton. Car du 21 février au 24 mars dernier, le comité d’organisation de mon intronisation et moi avons parcouru toutes les deux régions et obtenu l’accord unanime des 24 chefs de canton Wê du Guémon et du Cavally. Rien ne justifie donc le report de mon investiture », soutient le 14 juin, Débloahi 1er du nom de règne de Doh Joseph Blanchard.
Que faire maintenant ?
Devant le tiraillement des deux parties, l’Etat avait coupé la poire en deux le mercredi 4 avril 2013 lorsque le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko, remettait solennellement aux cadres, plutôt qu’aux chefs traditionnels Wê, l’attestation de solde crédité du don du président Alassane Ouattara d’un montant de 200 millions F CFA pour la restauration des sites sacrés des Koui et les Glae dans le Guémon et le Cavally. Alors que les chefs sont les mieux indiqués pour observer ces rites relevant de la tradition. L’Etat hésite toujours, et craint certainement que son implication dans la recherche de solution à la crise entre chefs, ne crée plus de problèmes qu’elle n’en résout. Et pourtant, il est de l’intérêt de la Côte d’Ivoire que les garants des us et coutumes de cette partie « fragile » du pays retrouvent l’unité, afin de mieux aborder les questions de réconciliation et de paix, gage de développement. Pour dénouer l’écheveau, le chef Badia Kei Séa souhaite que l’Etat dise le droit en rétablissant enfin Doh Blanchard dans ses attributs de chef suprême des Wê. « C’est lui que nous reconnaissons. Il est notre seul interlocuteur », estime Badia, chef du canton Péomé à Facobly. L’autre possibilité, soutient un chef Akan, c’est de confier une médiation aux doyens Kéi Boguinard, Emile Constant Bombet et Oulaï Tiabas regroupés au sein de l’union pour le développement du Cavally et du Guémon. En attendant qu’une issue soit trouvée à la crise qui secoue la chefferie traditionnelle Wê, le processus de réconciliation dans cette zone semble être au point mort. Le cycle de la violence continue de tourner. Le 26 août 2013, encore à Duékoué, les communautés Malinké et Guéré cherchaient à en découdre après la blessure à l’arme blanche, d’un jeune homme. Alors qu’une vague d'agressions a fait sept morts ces trois derniers mois à Guiglo
Bayo Lynx, correspondant régional