Le président du Conseil national de l’ordre des architectes de Côte d’Ivoire, Guillaume Koffi, revient sur la volonté des spécialistes du cadre bâti de participer aux projets voulus par le gouvernement. Il nous donne son avis sur la thématique de l’urbanisme durable et la démarche à adopter par la Côte d’Ivoire si elle veut réussir le pari d’une urbanisation maîtrisée à l’horizon 2020.
L’aménagement urbain est l’un des chantiers prioritaires du gouvernement. Il est prévu à cet effet d’engager la réhabilitation d’une cinquantaine de villes. Quel est le rôle dévolu aux architectes ?
Les architectes ont un rôle central à jouer dans la conception et la mise en œuvre des projets urbains en donnant leur approche globale de la cité et de l’habitat. Nous devons réfléchir et proposer, en partenariat avec l’ensemble des autres acteurs, des solutions créatives et innovantes intégrant quatre piliers essentiels d’un urbanisme durable : le culturel, le social, l’environnemental et l’économique.
Y a-t-il une réflexion sur l’environnement urbain ivoirien ?
L’Etat est responsable de la planification. Son désengagement, depuis plus de deux décennies, est une des causes du développement anarchique de nos villes. Il faut revenir à plus de cohérence : maîtrise de l’expansion urbaine et de la consommation d’espace. Pour répondre à l’évolution démographique, il faut densifier et créer des îlots plus compacts. Il faut aussi mieux gérer les réseaux et le voisinage, mutualiser les équipements. Ce partage des ressources et de l’espace passe par l’innovation. Il faut inciter les Ivoiriens à “habiter autrement” ; c’est le thème du salon Archibat 2013.
Quelles sont les innovations qui marquent la quatrième édition de ce salon ?
Tout d’abord Archibat Academy, le volet formation du salon. Pour sa première édition, le programme porte sur le pilotage d’une opération immobilière de A à Z. L’objectif est de permettre au participant d’acquérir les compétences techniques, financières commerciales et juridiques ainsi que les connaissances en management et gestion pour gérer le montage complet d’une opération immobilière. D’autre part, Abidjan Now, qui est la fenêtre du salon Archibat pour la promotion du design ivoirien avec une exposition de mobilier et d’objets, des tables rondes sur la méthode et les outils de production.
Depuis ces dernières années, on note un goût prononcé des Ivoiriens pour l’habitat de luxe. Comment faire cohabiter le fonctionnel et l’esthétique ?
Chaque Ivoirien a droit à un habitat adapté à ses besoins et à ses ressources. Il n’y a pas d’incompatibilité entre le fonctionnel et l’esthétique, entre logement de qualité et habitat de masse. Aux architectes de proposer une offre diversifiée permettant un parcours urbain harmonieux. Nous devons aussi encourager la qualité et la durabilité des logements ainsi que participer à l’effort en faveur des exclus en mettant notre savoir-faire et notre réflexion à la disposition des acteurs sociaux.
Quels modèles urbains faut-il promouvoir aujourd’hui, d’autant que le plan d’urbanisme « Abidjan capitale économique » date des années 70 ?
Il n’y a pas de recette universelle en matière d’urbanisme. Les réponses doivent être locales et adaptées à leur contexte. Notre priorité est de privilégier un projet urbain global. Ce principe doit être consacré par l’Etat, notamment dans la rédaction d’une charte de l’environnement. Le rôle de l’architecte est d’accompagner les autorités au niveau national et local pour les aider à définir leurs politiques et les différents projets.
Est- ce à dire que vous êtes engagés dans le vaste programme de construction et de réhabilitation d’infrastructures impulsé par le gouvernement pour tenir le pari de l’émergence à l’horizon 2020 ?
C’est un souhait. Les architectes sont en mission pour prendre la place qui leur est due dans le développement de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement s’est engagé à nous solliciter dans ce sens. Les concours d’architecture à venir, notamment pour la construction des universités de San-Pedro, Abengourou et Man, en sont l’illustration.
Envisager des formes innovantes de promotion immobilière, avoir recours aux logements préfabriqués, élaborer un accompagnement fiscal adapté sont des concepts que vous avez développé. Est-ce encore nécessaire pour réaliser au plus vite les 50 000 logements par an promis par le gouvernement aux Ivoiriens ?
Les différents acteurs de la production du logement de masse ont pris la pleine mesure du défi à relever. L’Etat, à travers le ministère de la Construction, organise les conditions de réalisation de cet ambitieux programme. La volonté politique affirmée et le respect des règles du jeu claires et équitables, ainsi qu’une gouvernance exigeante contribueront à la réussite de ce projet. Je pense également qu’il faut privilégier le savoir-faire local, qui est une garantie de pérennité et de succès sur le long terme. Il faudra privilégier la constitution d’éco-quartiers intégrant les fonctions nécessaires à l’équilibre du bien vivre : le travail, le logement, les services et le loisir tout en évitant le mitage et l’étalement urbain.
Quel regard portez-vous de façon globale sur l’urbanisation des grandes agglomérations ivoiriennes.
Il faut créer une plateforme de concertation entre les ministères techniques, les autorités locales, les urbanistes et architectes pour doter le pays de vrais schémas directeurs : élaboration de plans d’urbanisme et de restructuration, aménagement des espaces publics et communautaires. La planification est indispensable à une urbanisation maîtrisée. Il faut innover et réintroduire de la mixité sociale dans nos quartiers tout en prévoyant tous les services et commodités auxquels les citoyens ont droit. Pour cela, il faut une volonté politique et un choix affirmé en matière d’urbanisme.
Comment envisagez-vous la Côte d’Ivoire urbanisée à l’horizon 2020
L’aménagement durable se caractérise par la mise en œuvre d’une démarche projet, laquelle doit être l’expression d’une volonté politique et doit se caractériser par une nouvelle façon de penser et d’agir qui se manifeste par une approche « systémique » raisonnant en cycles : cycle de l’eau, cycle de l’énergie et cycle des matériaux , raisonnant en écosystème : gestion des déchets, gestion des flux… Et elle doit être centrée sur la cohérence économique, ce qui a aussi à voir avec la faisabilité économique des projets. Une démarche qui associe le sensible, c’est-à-dire l’architecture et l’ingénierie technique et économique, c’est-à-dire la performance et évaluation ; la prise en compte du long terme : économie de ressources naturelles, investissements (réseaux), prévention et lutte contre le changement climatique ; une nouvelle gouvernance : la participation des différents acteurs et particulièrement des habitants citoyens, des partenariats multiples : public-privé, entreprises-clients, etc., et de nouvelles règles de marché : partenariat public-privé, dialogue compétitif, etc., ainsi qu’une nouvelle culture urbaine, pluridisciplinaire et transversale. Tout ceci repose sur une vision à long terme
Face aux impératifs du XXIe siècle, comment concevez-vous le concept d’urbanisme durable ?
Il n’y a pas de définition officielle de l’urbanisme durable. Néanmoins, l’urbanisme durable doit nécessairement intégrer le concept de développement durable. Aussi, je voudrais m’approprier la célèbre définition du développement durable donnée par Gro Harlem Brundtland, alors Premier ministre de Norvège, en 1987 : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. »
L’aménagement urbain est l’un des chantiers prioritaires du gouvernement. Il est prévu à cet effet d’engager la réhabilitation d’une cinquantaine de villes. Quel est le rôle dévolu aux architectes ?
Les architectes ont un rôle central à jouer dans la conception et la mise en œuvre des projets urbains en donnant leur approche globale de la cité et de l’habitat. Nous devons réfléchir et proposer, en partenariat avec l’ensemble des autres acteurs, des solutions créatives et innovantes intégrant quatre piliers essentiels d’un urbanisme durable : le culturel, le social, l’environnemental et l’économique.
Y a-t-il une réflexion sur l’environnement urbain ivoirien ?
L’Etat est responsable de la planification. Son désengagement, depuis plus de deux décennies, est une des causes du développement anarchique de nos villes. Il faut revenir à plus de cohérence : maîtrise de l’expansion urbaine et de la consommation d’espace. Pour répondre à l’évolution démographique, il faut densifier et créer des îlots plus compacts. Il faut aussi mieux gérer les réseaux et le voisinage, mutualiser les équipements. Ce partage des ressources et de l’espace passe par l’innovation. Il faut inciter les Ivoiriens à “habiter autrement” ; c’est le thème du salon Archibat 2013.
Quelles sont les innovations qui marquent la quatrième édition de ce salon ?
Tout d’abord Archibat Academy, le volet formation du salon. Pour sa première édition, le programme porte sur le pilotage d’une opération immobilière de A à Z. L’objectif est de permettre au participant d’acquérir les compétences techniques, financières commerciales et juridiques ainsi que les connaissances en management et gestion pour gérer le montage complet d’une opération immobilière. D’autre part, Abidjan Now, qui est la fenêtre du salon Archibat pour la promotion du design ivoirien avec une exposition de mobilier et d’objets, des tables rondes sur la méthode et les outils de production.
Depuis ces dernières années, on note un goût prononcé des Ivoiriens pour l’habitat de luxe. Comment faire cohabiter le fonctionnel et l’esthétique ?
Chaque Ivoirien a droit à un habitat adapté à ses besoins et à ses ressources. Il n’y a pas d’incompatibilité entre le fonctionnel et l’esthétique, entre logement de qualité et habitat de masse. Aux architectes de proposer une offre diversifiée permettant un parcours urbain harmonieux. Nous devons aussi encourager la qualité et la durabilité des logements ainsi que participer à l’effort en faveur des exclus en mettant notre savoir-faire et notre réflexion à la disposition des acteurs sociaux.
Quels modèles urbains faut-il promouvoir aujourd’hui, d’autant que le plan d’urbanisme « Abidjan capitale économique » date des années 70 ?
Il n’y a pas de recette universelle en matière d’urbanisme. Les réponses doivent être locales et adaptées à leur contexte. Notre priorité est de privilégier un projet urbain global. Ce principe doit être consacré par l’Etat, notamment dans la rédaction d’une charte de l’environnement. Le rôle de l’architecte est d’accompagner les autorités au niveau national et local pour les aider à définir leurs politiques et les différents projets.
Est- ce à dire que vous êtes engagés dans le vaste programme de construction et de réhabilitation d’infrastructures impulsé par le gouvernement pour tenir le pari de l’émergence à l’horizon 2020 ?
C’est un souhait. Les architectes sont en mission pour prendre la place qui leur est due dans le développement de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement s’est engagé à nous solliciter dans ce sens. Les concours d’architecture à venir, notamment pour la construction des universités de San-Pedro, Abengourou et Man, en sont l’illustration.
Envisager des formes innovantes de promotion immobilière, avoir recours aux logements préfabriqués, élaborer un accompagnement fiscal adapté sont des concepts que vous avez développé. Est-ce encore nécessaire pour réaliser au plus vite les 50 000 logements par an promis par le gouvernement aux Ivoiriens ?
Les différents acteurs de la production du logement de masse ont pris la pleine mesure du défi à relever. L’Etat, à travers le ministère de la Construction, organise les conditions de réalisation de cet ambitieux programme. La volonté politique affirmée et le respect des règles du jeu claires et équitables, ainsi qu’une gouvernance exigeante contribueront à la réussite de ce projet. Je pense également qu’il faut privilégier le savoir-faire local, qui est une garantie de pérennité et de succès sur le long terme. Il faudra privilégier la constitution d’éco-quartiers intégrant les fonctions nécessaires à l’équilibre du bien vivre : le travail, le logement, les services et le loisir tout en évitant le mitage et l’étalement urbain.
Quel regard portez-vous de façon globale sur l’urbanisation des grandes agglomérations ivoiriennes.
Il faut créer une plateforme de concertation entre les ministères techniques, les autorités locales, les urbanistes et architectes pour doter le pays de vrais schémas directeurs : élaboration de plans d’urbanisme et de restructuration, aménagement des espaces publics et communautaires. La planification est indispensable à une urbanisation maîtrisée. Il faut innover et réintroduire de la mixité sociale dans nos quartiers tout en prévoyant tous les services et commodités auxquels les citoyens ont droit. Pour cela, il faut une volonté politique et un choix affirmé en matière d’urbanisme.
Comment envisagez-vous la Côte d’Ivoire urbanisée à l’horizon 2020
L’aménagement durable se caractérise par la mise en œuvre d’une démarche projet, laquelle doit être l’expression d’une volonté politique et doit se caractériser par une nouvelle façon de penser et d’agir qui se manifeste par une approche « systémique » raisonnant en cycles : cycle de l’eau, cycle de l’énergie et cycle des matériaux , raisonnant en écosystème : gestion des déchets, gestion des flux… Et elle doit être centrée sur la cohérence économique, ce qui a aussi à voir avec la faisabilité économique des projets. Une démarche qui associe le sensible, c’est-à-dire l’architecture et l’ingénierie technique et économique, c’est-à-dire la performance et évaluation ; la prise en compte du long terme : économie de ressources naturelles, investissements (réseaux), prévention et lutte contre le changement climatique ; une nouvelle gouvernance : la participation des différents acteurs et particulièrement des habitants citoyens, des partenariats multiples : public-privé, entreprises-clients, etc., et de nouvelles règles de marché : partenariat public-privé, dialogue compétitif, etc., ainsi qu’une nouvelle culture urbaine, pluridisciplinaire et transversale. Tout ceci repose sur une vision à long terme
Face aux impératifs du XXIe siècle, comment concevez-vous le concept d’urbanisme durable ?
Il n’y a pas de définition officielle de l’urbanisme durable. Néanmoins, l’urbanisme durable doit nécessairement intégrer le concept de développement durable. Aussi, je voudrais m’approprier la célèbre définition du développement durable donnée par Gro Harlem Brundtland, alors Premier ministre de Norvège, en 1987 : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. »