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Musique Publié le samedi 14 septembre 2013 | Nord-Sud

John Kiffy, artiste-chanteur:‘‘J’ai des fans dans le gouvernement Ouattara’’

Créateur du ‘’Zézé-pop’’, la pop musique à la sauce ivoirienne, John Kiffy est considéré comme un proche de l’ex-président Laurent Gbagbo. Rentré récemment au pays, il parle de ses activités, de la vie politique et de la gestion des droits d’auteur par le Burida.

Qu’est-ce explique cette absence prolongée de John Kiffy du pays ?
En tant que musicien, s’il n’y a pas de travail pour nous, nous sommes obligé de courir. Il fut une époque où nous n’avions plus la capacité de travailler et comme j’avais la chance de retourner en France pour continuer mes activités, je suis parti.

Qu’est-ce qui a motivé votre retour?
La Côte d’Ivoire n’est pas infréquentable, les Ivoiriens (Ndlr, sortis du pays lors de la crise postélectorale) reviennent. Nous venons voir s’il y a du travail pour nous. C’est ce qui nous intéresse, dans notre cas spécifiquement. S’il y a la possibilité de bosser ? Oui. Nous venons pour qu’avec nous, et avec tous les autres, le pays aille de l’avant.

N’est-il pas aussi de votre devoir d’apporter du travail ?
Si. Car je pense que le temps est venu pour les Ivoiriens d’apporter quelque chose à leur pays. Et c’est ce que nous sommes venu faire.

Que faisiez-vous en France ?
Toute mon équipe s’y trouve, mes musiciens, mon staff. Ayant vécu là-bas, nous faisions notre travail. Maintenant qu’on a eu une opportunité de revenir au pays, nous sommes là pour apporter ce que nous savons faire.

Parlant de votre équipe, vous avez annoncé des réaménagements. Que s’est-il passé ?
Il n’y a pas de changement à proprement parler. Il y a toujours des réaménagements. C’est le système qui nous l’impose. Parce que les musiciens ne sont pas définis à un seul chanteur. C’est quand on a du boulot qu’on les appelle. Nous n’avons pas des musiciens à notre solde. Le principe, c’est de les coopter quinze jours avant la date d’un concert.

A quoi doivent s’attendre vos fans ? Un nouvel album en vue ?
Assurément qu’il y a un nouvel album. Mais pourquoi je ne l’ai pas encore sorti, c’est que j’ai un autre problème en réalité.

Lequel ?
Des artistes comme nous qui investissons beaucoup d’argent pour la réalisation d’un disque, ne pouvons pas travailler quand ce que nous produisons ne nous rapporte pas en retour. Compte tenu de l’environnement, au plan national, où l’artiste ne récupère jamais l’argent qu’il a investi, il est très difficile de faire de nouvelles productions.

Mais vous avez la possibilité de le faire au plan international…
Non. Nous travaillons, certes, au plan international. Mais si ce que nous faisons ne rejaillit pas sur notre pays, ce n’est pas la peine. Et puis, nous ne sommes pas des artistes à l’image internationale. Nous avons une autre orientation. Nous défendons la culture de nos peuples. Nous allons en Europe pour des rencontres de cultures.

A peine êtes-vous arrivé qu’on dit que vous avez été arrêté pour un concert manqué. Que s’est-il passé ?
C’est de l’incompréhension et il s’est dit beaucoup de choses. Mais nous allons vous éclairer tout à l’heure (une reconnaissance des organisateurs du spectacle manqué concernant le remboursement du cachet perçu et des billets d’avion nous a été montrée). A partir de ce moment, il n’y a aucun souci. Je n’ai jamais été arrêté.

Vous annoncez aussi un concert pour le cinq octobre. Est-ce pour soigner votre image ?
Pas du tout. C’est la rencontre entre l’artiste et ses fans qui, depuis des années, ne se sont pas vus. Maintenant, ils doivent être ensemble. Nous sommes venu faire notre travail tout simplement en donnant de la joie.

Il y a encore des artistes qui hésitent à revenir au pays, quel est votre appel à leur endroit ?
Je leur donne un message à travers ma présence ici. Quand on voit que je suis en Côte d’Ivoire et que rien ne m’est arrivé, on doit comprendre beaucoup de choses. Moi, par exemple, beaucoup de personnes pensent que j’ai toujours été avec le Président Gbagbo. Si je suis là, c’est que tout va bien. Dans le gouvernement, j’ai des fans. Et ils sont très contents que je sois rentré au pays.

Etes-vous de ceux qui pensent que la libération de Laurent Gbagbo doit conditionner la réconciliation des Ivoiriens ?
Je pense que c’est logique. Je suis de ceux qui pensent qu’il n’y a jamais eu de problème entre les Ivoiriens. Ce qui arrive à la Côte d’Ivoire est un problème qui dépasse les populations. Ce n’est pas à notre niveau. Tout cela a été créé par les Occidentaux. En tant qu’Ivoirien, cela me frustre que nous nous entredéchirerions. Il faut que tout le monde rentre et qu’on aille de l’avant.

Vous évoquiez la difficulté des créateurs ivoiriens à vivre de leur art. Que pensez-vous du travail effectué par la nouvelle équipe dirigeante du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) ?
Le problème que nous avons ici dans ce domaine, c’est que les gens ne sont pas à leur place. Il faut mettre chacun à sa place. Qu’on comprenne qu’on se bat pour le bien-être des différentes corporations. Nous les artistes, nous sommes ceux que tout le monde écrase.

Qu’insinuez-vous ?
Déjà, il n’est pas normal dans un pays comme la Côte d’Ivoire qu’un artiste produise des œuvres qui sont achetées et qu’ils ne perçoivent pas ses droits.

Il y a des répartitions qui sont pourtant faites…
Moi, en tant que leader et créateur, cela fait aujourd’hui douze à treize ans que je n’ai rien perçu comme droit de la part du Burida.

Y êtes-vous allé pour en savoir davantage ?
Je n’ai pas le droit d’y aller. C’est à la maison de me donner des informations. C’est de mon argent qu’elle vit. La Sacem (structure des droits d’auteur en France), chaque mois, envoie un courrier aux artistes pour qu’ils sachent ce qui se passe en interne. Il faut envoyer des courriers aux créateurs avant de changer de directeur, de local ou d’augmenter les salaires des agents. C’est à nous de décider. Parce que ce n’est pas l’argent de l’Etat. C’est l’argent des CD vendus qui se retrouvent au Burida.

Par Sanou A.
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