Des délégations venues de 11 villages issus de la tribu Essandanin, étaient rassemblées devant la préfecture de Bongouanou, mercredi 18 septembre, à l'effet d'organiser un sit-in de protestation contre le préfet dudit département. Mais ce rassemblement a été dispersé par les forces de l'ordre( gendarmes et policiers) déployées en grand nombre et munies de kalachnikovs, de gaz lacrymogène et de matraques. D'autres délégations, en provenance des villages d'Akakro et de Bokassi, n'ont pas pu avoir accès à la ville, leurs convois ayant été bloqués au corridor. Cet impressionnant détachement de la force publique réquisitionnée par l'autorité préfectorale, a obligé les organisateurs du sit-in à battre en retraite. Mais sur les raisons qui ont motivé cette manifestation, il ressort que les populations de Bongouanou sont profondément divisées sur la nomination, par arrêté préfectorale, du nouveau chef du village de Kangandi, en la personne de Djadou Koua dit Koffi 2, en remplacement de N'da Koffi, décédé le 18 décembre 2010. « Nous avons voulu faire ce sit-in de façon pacifique, afin que la vérité triomphe », a expliqué Kouamé N'gaza, vice-président du collectif pour le respect de la coutume et des chefs Agni du Moronou. Pour la porte-parole des femmes, Adou Suzanne, le doit du successeur est inviolable. « Chez nous en pays Agni, un chef a toujours un successeur. Et pour faire son intronisation, il faut en aviser le chef de tribu. Dans notre cas, cette procédure n'a pas été respectée. Il faut que le préfet rétablisse cette injustice. C'est un arrêté de complaisance qui a été pris par le préfet », a-t-elle dénoncé. Pour sa part, le représentant des jeunes, Bosson Emiant, dit s'insurger contre le bafouement de l'autorité du chef de tribu qui, seul, est habilité à proposer le nom d'un chef de village à l'autorité préfectorale, qui par la suite, prend un arrêté de nomination. « Le souhait de la jeunesse, c'est la réhabilitation du successeur de feu N'da Koffi dans ses fonctions de chef du village de Kangandi. Nous exigeons l'annulation immédiate de l'arrêté illégal attribué à Koffi 2 et le règlement de ce conflit par son chef de tribu, Nanan N'Gaza IV, seul habilité selon nos us et coutumes », a-t-il fait savoir. Le patriache Kouamé Oi Kouamé, détenteur légitime du trône que nous avons rencontré, a dit attendre sa réhabilitation. « Il faut que cela se fasse parce que c'est mon tour d'accéder au trône. Et je le veux de mon vivant », a-t-il exigé. Ce patriarche est aujourd'hui âgé de plus de 100 ans.
Bertrand GUEU, Envoyé spécial
Bertrand GUEU, Envoyé spécial
