C’est peut-être un jour qui fera date dans le monde des artistes. Jeudi dernier, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) a paraphé, à l’Auditorium de la Caistab au Plateau, une convention d’assurances au bénéfice de ses sociétaires, avec le courtier en assurances Oréole. Et cela, en présence de trois ministres de la République, à savoir Moussa Dosso (Ministre d’Etat, ministre de l’Emploi, des Affaires Sociales et de la Formation Professionnelle de Côte d’Ivoire), parrain de la cérémonie, Maurice Bandaman (Culture et Francophonie), Roger Kacou (Tourisme). Selon le ministre Bandaman, cette signature de convention marquera un tournant dans la vie des artistes de Côte d’Ivoire. « Depuis mon arrivée à la tête de ce Département, je suis frappé par la sollicitude dont je fais l’objet de la part des artistes qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent à l’âge de la retraite, incapables de payer leur loyer ou de faire face aux dépenses courantes ; d’auteurs reconnus qui ont parfois très bien gagné leur vie et qui se réveillent abasourdis, au bord de la misère. Les artistes se meurent parce qu’incapable de se soigner lorsqu’ils sont malades», a-t-il fait savoir. Pour lui, l’artiste doit prendre conscience de la précarité du métier qu’il a choisi. Et le ministre Bandaman d’ajouter : « Il peut être au sommet de son art demain et quelque temps après se retrouver sans un sou ! Il doit également prendre conscience de ce que personne ne lui est redevable et qu’il doit apprendre à s’organiser et à être plus responsable en étant prévoyant». Toutefois, le ministre Bandaman reste intimement persuadé, que l’artiste a droit à une couverture sociale, comme tout autre travailleur. C’est pourquoi, il a donné instruction au Comité de Gestion pour trouver des solutions durables aux problèmes sociaux des artistes. «Les résultats du Comité ont permis dadopter un plan de politique sociale approuvé par les artistes eux-mêmes, tournant ainsi le dos à l’improvisation. Car c’est la première fois que la politique sociale est pensée préalablement à la mise en place d’un système », a souligné M. Bandaman. Aux membres du Burida, il a conseillé de s’approprier cet outil qui, à ses yeux, contribuera à redonner à l’artiste sa dignité, avant de réitérer l’engagement de son département à accompagner financièrement ce projet, parce que, a-t-il conclu, « c’est notre devoir d’aider l’artiste à sortir de la précarité et à être digne. Aucun d’entre eux ne sera laissé sur le carreau». De son côté, le ministre Moussa Dosso a exhorté les artistes à se faire violence pour souscrire massivement à cette assurance, non sans préciser que la Couverture Maladie Universelle (CMU), sera un instrument de lutte contre la pauvreté. Et les artistes, si l’on en croit le ministre Bandaman, feront partie du projet pilote, surtout que le ministère de la Culture et de la Francophonie s’est engagé à prendre en charge, avec le Burida, 50% de la cotisation de chaque artiste. Quelques instants plus tôt, après avoir retracé l’historique de la politique sociale du Burida en rappelant plusieurs expériences infructueuses, Mme Irène Vieira, Directeur général de cette structure, a noté que cette convention marque une étape importante vers la résolution définitive des problèmes sociaux des artistes et devrait permettre au Burida de résorber à terme son déficit. « Mon vœu, c’est que les artistes, dans leur ensemble, s’engagent dans ce processus en souscrivant massivement à cette assurance », a-t-elle professé. Quand Mme Da Yvette, DG d’Oréole, a clamé qu’un jour nouveau se lève pour restaurer la dignité des artistes. Enfin, au nom du Comité de gestion (du Burida), le célèbre comédien Léonard Groguhet a promis mettre tout en œuvre pour que les artistes ne lancent plus jamais des SOS dans la presse ou aux coins des rue, mettant à mal leur dignité d’homme.
Y. Sangaré
Y. Sangaré