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International Publié le mercredi 11 décembre 2013 | Nord-Sud

Obsèques de Nelson Mandela / Barack Obama : “Madiba, un grand libérateur du 20ème siècle”

© Nord-Sud Par AFP
Obsèques du président Nelson Mandela : Plusieurs personnalités étrangères présentes
Mardi 10 decembre 2013. FNB Stadium (Soccer City), Johannesburg. Plusieurs personnalités étrangères présentes sont venues dire" adieu "à Nelson Mandela. Photo : Barack Obama.
A l’occasion de la cérémonie d’adieu à Nelson Mandela, hier au Stade de Soweto (Johannesburg, Afrique
du Sud), le président américain, Barack Obama, a rendu un vibrant hommage à l’illustre disparu.
Nord-Sud Quotidien vous livre ici l’intégralité de son discours.


«C’est un extrême honneur d’être présent aujourd’hui pour célébrer une vie sans pareil !
Il est difficile de faire l’éloge de toute personne, de trouver les bons mots pour exprimer les évènements et les dates qui font une vie. Mais l’essence, les joies, les moments privés, les qualités uniques qui illuminent une âme sont inexprimables. Il est encore plus difficile de le faire pour un géant, pour une personnalité historique qui a motivé des millions de gens.
C’est un garçon qui a connu la seconde guerre mondiale, qui a grandi loin des couloirs politiques et qui est pourtant devenu l’un des plus grands libérateurs du XXème siècle. À l’instar de Gandhi, il a créé un mouvement de résistance et donné une voix à ceux qui étaient opprimés. Il a souffert d’un emprisonnement brutal, il a été en prison pendant les années de guerre froide et en sortant de prison, pareil à Abraham Lincoln, il a su réunir son pays au risque de le diviser, il a préservé la liberté pour les générations à venir.
Et cela ne s’est pas simplement manifesté par son élection mais également par sa volonté d’abandonner le pouvoir lorsque son mandat s’est achevé. Le diapason de sa vie et ses réussites sont immenses et l’on se souviendra de lui comme d’une icône. Sereine, souriante et détachée des choses quotidiennes. Mais Madiba n’aurait pas aimé que l’on fasse de lui un portrait aussi factice...
 Madiba, au contraire, aurait insisté pour que l’on partage ses peurs, ses doutes, ses erreurs au même titre que ses victoires. «Je ne suis pas un Saint, à moins qu’un Saint soit quelqu’un qui persévère», avait-il dit. L’imperfection est humaine, c’est exactement ce qu’il avait voulu dire.
 C’était un fils, un père, un mari, un ami. C’est pour cela que nous avons pu apprendre tellement de lui et que nous continuons, car rien de ce qu’il a réussi à faire n’était écrit. Il laisse une trace dans l’histoire car il a lutté, car il était persévérant, car il avait la foi. Il nous a laissé un héritage qui ne s’inscrit pas seulement dans les livres d’histoires mais aussi dans nos vies.
 Il avait hérité de son père un entêtement de bon aloi et une persévérance qui a été importante. C’est un combat puissant qui a rallié des indignations et les rages de millions de personnes.
Madiba a su dompter sa colère et il a partagé son désir de lutte, ses stratégies d’action, a permis à des hommes et des fem­­­­mes de s’élever au nom de la dignité et de la liberté. Il a accepté les conséquences de ses actions ; il savait qu’en s’opposant à la justice il aurait un prix à payer.
 «J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et que j’espère accomplir. Mais si nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir», avait-il affirmé.
 Il savait rendre sa soif de connaissance contagieuse. Au sein de son mouvement et même parmi les personnages qui s’opposaient à lui. Mandela a montré que l’action et les idées pourtant ne suffisent pas. Si justes que ses idées soient il faut qu’elles soient inscrites dans la loi. Il savait adapter ses idées aux circonstances pratiques. En toutes circonstances, il était pugnace, inflexible et c’est pour ça qu’il a su négocier une libération face à l’apartheid.
Il n’était pas seulement le chef d’un mouvement, c’était un homme politique adroit. Fidèle à sa vision de lois qui protègent les minorités ainsi que les Sud-africains. Enfin, il a su comprendre ce qui unissait les hommes. Il y a un nom à cela: Ubuntu.
C’est un nom qui résume ce que l’on avait de meilleur. C’est la reconnaissance de liens qui unissent les hommes, qui créent une intégrité humaine. C’est en partageant et en s’adonnant aux autres que l’on devient soi-même.
On ne sait pas si c’était une notion qu’il avait depuis toujours ou une notion à laquelle il est parvenu après des années de détention, mais c’est quelque chose qu’il a su mettre en pratique en invitant à sa table ses geôliers. Il a su faire d’une tragédie de famille une arme contre le Sida, il était l’incarnation de cet Ubuntu. C’est Madiba et cette notion qui ont permis de libérer les opprimés et les oppresseurs. La réconciliation n’est pas l’ignorance d’un passé mais l’inclusion, la compréhension du passé, de la vérité.
Il a changé les faits, il a également chan­gé les cœurs. Pour le peuple de l’Afrique du Sud, pour ceux qu’il a inspirés, pour tous ceux là, c’est un moment de deuil mais également un moment où l’on célèbre une vie héroïque. C’est aussi un temps d’introspection : il faut que nous nous posions ces questions ! Comment vais-je appliquer ces préceptes dans ma vie ? C’est une question que je me pose moi aussi, en tant qu’homme et en tant que président.
En Afrique du Sud comme dans tous les pays du monde, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Ses victoires doivent être suivies d’un travail, qui doit tout être aussi important.
Aujourd’hui dans le monde entier, il y a encore des gens qui sont persécutés, pour leur affection, pour leur apparence, pour leurs croyances. Cela se passe encore aujourd’hui. Nous aussi devons agir au nom de la justice, pour la paix. Beaucoup ont assumé cet héritage de Madiba, beaucoup prétendent être so­li­dai- res de sa lutte mais ne tolèrent pourtant pas le changement.
Trop d’entre nous se réfugient encore dans l’indifférence. Aujourd’hui, nous devons nous poser la question : comment promouvoir la liberté, la justice, les droits humains, comment faire cesser les guerres, les conflits ? Il n’y a pas de réponses à ces questions. Mais pour cet enfant qui est né à l’époque de la première guerre mondiale, il n’y avait pas non plus de réponse.
Mandela nous a montré que l’on pouvait choisir un monde qui était fondé sur l’espoir et les opportunités. Nous ne reverrons plus cette lumière qu’il était. Mais je veux dire à tous les jeunes d’Afrique du Sud et aux jeunes du monde entier : vous aussi pouvez vous inspirer de sa vie pour cons­truire la vôtre !
 J’ai appris de Nelson Mandela, j’ai appris des conflits qui ont agité ce beau pays. Cela m’a éveillé pour faire face à mes responsabilités, envers moi-même et les autres, cela m’a mené jusqu’ici
Ma­­di­ba m’a rendu meilleur, il fait ressortir ce qu’il y a de meilleur en nous. Maintenant que ce grand libérateur nous a quittés, maintenant que nous revenons vers les nôtres et que la vie reprend son cours, inspirons-nous de sa force, cherchons à avoir la même largesse d’esprit que lui. Et lorsque les ténèbres descendent sur nous, lorsque l’avenir brillant semble s’éloigner à grands pas, il faut se souvenir de lui, de ses années passées dans sa cellule. Se souvenir de Madiba qui a toujours gardé sa foi, son endurance.

Le président US achève son discours poignant citant Invictus, le poème favori de Nelson Mandela : «Je suis maître de mon destin, je suis capitaine de mon âme», avait-il dit. Et quelle belle âme !
Que Dieu bénisse l’âme de Mandela et que Dieu bénisse le peuple d’Afrique du Sud !»

Source : Public.fr
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