A Yopougon, commune au nord d’Abidjan, une école porte depuis 1980 le nom de l’illustre disparu. Elle est située en face du commissariat du 16e arrondissement aux abords du boulevard principal, juste après l’espace Wakouboué. Ce n’est pas un joyau architectural du point de vue de son aspect physique. Elle est d’une simplicité avec des classes et des bâtiments qui restent à achever. Toutefois cette école se distingue par le nom qu’elle porte parmi la panoplie d’écoles privées de la commune : « Institut Nelson Mandela ». Parmi ses nombreux slogans on distingue « Institut Nelson Mandela : la différence fait classe ». L’économe Konaté Mariétou que l’IA a rencontré nous a brandi un effectif de 2000 élèves de la 6e à la terminale. L’établissement est la propriété de dame Diop Awa, par ailleurs fondatrice d’une ONG. Selon madame Diop, la dénomination de son école lui a été inspirée par le combat de Nelson Mandela. Elle voulait que son école s’imprègne de l’esprit de Nelson Mandela qui au dire de l’économe y a fait un tour lors de son passage à Abidjan en 1990. Aucune trace de son passage ne nous a cependant pas été montrée. Le plus surprenant dans cette école, c’est la mauvaise maîtrise du sujet Mandela au niveau des élèves. ‘’Qui est Mandela ?’’, avons-nous interrogé quelques élèves assis dans la cour. Les réponses sont variées et on tombe des nues à écouter les élèves. Pour Armand Didier Boa en classe de 4e, Nelson Mandela est le premier président de l’Afrique du Sud. ‘’C’est le président des noirs. C’est le 1er président noir de l’Afrique du Sud’’, répond-t-il variablement quand nous le relançons. C’était dans le bureau de l’économe qui ne manque pas de sourire devant les exploits de son élève. Dehors un groupe d’élèves que nous surprenons ne nous émerveille pas outre mesure. A la même question, voici les réponses que nous avons entendu : ‘’c’est un président de l’Afrique du Sud… c’est un leader africain… c’est un homme qui a lutté et qui a fait des enfants… Il a lutté pour l’indépendance de l’Afrique du Sud’’. A l’évocation du mot ‘’apartheid’’, ce sont des regards médusés de la part des élèves. Ils ne l’ont jamais entendu, encore moins prononcé. A l’institut Nelson Mandela de Yopougon, il faut encore enseigner Mandela. L’école, à l’occasion de son décès, a organisé sa journée de deuil lundi dernier. La direction a demandé aux élèves musulmans deux rakats et aux élèves chrétiens catholiques, le port de chapelets. Un rendez-vous est même en instance de conclusion avec l’ambassade d’Afrique du Sud. C’est beau mais il faut encore enseigner Mandela. Le sens de son combat, le modèle de combattant qu’il a été pour ses contemporains afin que, inspirées de ses idéaux, les jeunes générations soient des faiseuses de paix.
S.Debailly
S.Debailly