L’Intelligent d’Abidjan est allé à la rencontre d’une nouvelle race d’habitants qui ont élu domicile dans le poumon de la capitale économique de la Côte d’Ivoire, le Plateau.
Hier mercredi 19 février 2014, nous avons essayé de rencontrer les habitants hors du commun de la gare lagunaire au Plateau, après un premier échec mardi. G.Mathieu (37ans) que nous avons trouvé sur les lieux en compagnie de quatre enfants et une jeune fille, nous a accueilli dans sa « misère de vie ». L’air est bien frais du fait de la lagune Ebrié. Les bateaux-bus déversent aussi leurs clients et les véhicules se succèdent sur la côte. L’on est bien au Plateau, G.Mathieu et ses amis de fortune, y sont aussi mais ils vivent dans une misère indescriptible. Point de latrines encore moins de cuisine. Tout se fait à la belle étoile, donc dehors. Seules deux tentes rabougries servent de maisons. Quel genre de tentes d’ailleurs ! G.Mathieu était gêné de nous recevoir, mais heureux de savoir que des gens s’intéressent à lui et aux sieurs. «C’est depuis 2009 que j’ai élu domicile ici. Sincèrement, c’est incroyable de voir des gens vivre dans de telles conditions, mais nous n’avons pas de choix. C’est dur sur nous », fait-il savoir d’entrée de jeu. Comment est-il arrivé là ? G.Mathieu explique qu’il se débrouillait au Port autonome d’Abidjan auparavant et vivait dans la commune de Treichville. Mais c’était un travail temporaire. Quand les choses se sont compliquées pour lui, n’ayant plus de moyens pour faire face au loyer, il s’est retrouvé au Plateau dans ce trou à rat. Et comme travail, il est devenu pêcheur et ramasseur de poubelles. « La pêche ne rapporte rien ici au Plateau. Je n’arrive pas à m’en sortir. C’est pourquoi, je fouille les poubelles pour amasser des bouteilles, des bidons, des cannettes et des sachets que je vends à vil prix aux commerçants. Tout cela me permet de me nourrir à peine. Je n’ai même pas de brouette encore moins un wôtrô (ndrl, porte-faix) pour vider les poubelles, je prends tout sur ma tête », raconte-t-il. Ils sont quatre à dormir dans les deux « villas » de la gare lagunaire, confie-t-il. Trois hommes et une jeune fille de 20 ans. Nina.Z vit là aussi depuis 2009. Ses dents et celles de G.Mathieu ne connaissent pas ce qu’on appelle pâte dentifrice. Simple parenthèse. Nina, la vieille mère du coin, selon ses propres explications, habitait chez une femme à Marcory : « Elle me maltraitait et ne pouvant plus supporter d’être battue, j’ai fui pour venir ici au Plateau. Au début, je dormais à la Pyramide, mais en 2009, je suis venue vivre à la gare lagunaire. Tout se passe bien ici avec mes vieux-pères à part le problème de nourriture. Je vous le dis, si j’ai le transport, j’irai rejoindre mes parents à Man. Si j’ai les moyens, j’irai au village. Je suis fatiguée de vivre dans ces conditions ». Et ces enfants qui sont avec eux ? G.Mathieu avoue qu’ils sont nombreux ces enfants qui viennent rester avec eux la journée à la « maison ». Cependant, ce ne sont pas leurs enfants. « J’ai un enfant qui ne vit pas ici avec moi. Ces enfants que vous voyez viennent de Treichville précisément à l’Onu. Ils viennent pour certains, mendier et pour d’autres, pêcher afin de trouver de quoi à manger. C’est dur sur tout le monde et nous ne pouvons pas les chasser. C’est parce que les maisons ne sont pas grandes que nous les obligeons à aller dormir à l’Onu à Treichville », affirme-t-il. La Mairie du Plateau et le District autonome d’Abidjan n’ont-ils pas tenté de les chasser de ce lieu ? Nina et Mathieu notent que la mairie tente de les chasser mais depuis un moment, ils vivent sans être gênés. « On entretient bien l’espace. C’est quand les lieux étaient sales que la mairie se plaignait. On n’a pas où aller, et je crois qu’on a besoin de moyens pour nous en sortir. Au Plateau, nous ne sommes pas les seuls dans ce genre d’habitations ! », a conclu G.Mathieu. Non, ce ne sont pas des habitations, mais des trous à rats où il est impossible pour un homme de s’arrêter. C’est en rampant qu’ils vont se coucher à la merci des moustiques. Car les filets qui leur servent de moustiquaires sont percés par endroit. Une vraie galère. Qui prend tout son sens à la vue des quatre enfants trouvés sur le lieu du reportage. A.Lacina (7 ans), T.Aboubacar (10 ans), K.Cédric (7ans), T.Alpha (8ans) avaient très faim hier mercredi. Et pour cause, la pêche n’a rien donné et les « bonjour tantie » et « bonjour tonton », « j’ai faim » n’ont aussi rien rapporté. Ils étaient assis et regardaient les « torfi » de Nina avec des yeux qui sortaient de leur orbite.
Annoncia Sehoué
Hier mercredi 19 février 2014, nous avons essayé de rencontrer les habitants hors du commun de la gare lagunaire au Plateau, après un premier échec mardi. G.Mathieu (37ans) que nous avons trouvé sur les lieux en compagnie de quatre enfants et une jeune fille, nous a accueilli dans sa « misère de vie ». L’air est bien frais du fait de la lagune Ebrié. Les bateaux-bus déversent aussi leurs clients et les véhicules se succèdent sur la côte. L’on est bien au Plateau, G.Mathieu et ses amis de fortune, y sont aussi mais ils vivent dans une misère indescriptible. Point de latrines encore moins de cuisine. Tout se fait à la belle étoile, donc dehors. Seules deux tentes rabougries servent de maisons. Quel genre de tentes d’ailleurs ! G.Mathieu était gêné de nous recevoir, mais heureux de savoir que des gens s’intéressent à lui et aux sieurs. «C’est depuis 2009 que j’ai élu domicile ici. Sincèrement, c’est incroyable de voir des gens vivre dans de telles conditions, mais nous n’avons pas de choix. C’est dur sur nous », fait-il savoir d’entrée de jeu. Comment est-il arrivé là ? G.Mathieu explique qu’il se débrouillait au Port autonome d’Abidjan auparavant et vivait dans la commune de Treichville. Mais c’était un travail temporaire. Quand les choses se sont compliquées pour lui, n’ayant plus de moyens pour faire face au loyer, il s’est retrouvé au Plateau dans ce trou à rat. Et comme travail, il est devenu pêcheur et ramasseur de poubelles. « La pêche ne rapporte rien ici au Plateau. Je n’arrive pas à m’en sortir. C’est pourquoi, je fouille les poubelles pour amasser des bouteilles, des bidons, des cannettes et des sachets que je vends à vil prix aux commerçants. Tout cela me permet de me nourrir à peine. Je n’ai même pas de brouette encore moins un wôtrô (ndrl, porte-faix) pour vider les poubelles, je prends tout sur ma tête », raconte-t-il. Ils sont quatre à dormir dans les deux « villas » de la gare lagunaire, confie-t-il. Trois hommes et une jeune fille de 20 ans. Nina.Z vit là aussi depuis 2009. Ses dents et celles de G.Mathieu ne connaissent pas ce qu’on appelle pâte dentifrice. Simple parenthèse. Nina, la vieille mère du coin, selon ses propres explications, habitait chez une femme à Marcory : « Elle me maltraitait et ne pouvant plus supporter d’être battue, j’ai fui pour venir ici au Plateau. Au début, je dormais à la Pyramide, mais en 2009, je suis venue vivre à la gare lagunaire. Tout se passe bien ici avec mes vieux-pères à part le problème de nourriture. Je vous le dis, si j’ai le transport, j’irai rejoindre mes parents à Man. Si j’ai les moyens, j’irai au village. Je suis fatiguée de vivre dans ces conditions ». Et ces enfants qui sont avec eux ? G.Mathieu avoue qu’ils sont nombreux ces enfants qui viennent rester avec eux la journée à la « maison ». Cependant, ce ne sont pas leurs enfants. « J’ai un enfant qui ne vit pas ici avec moi. Ces enfants que vous voyez viennent de Treichville précisément à l’Onu. Ils viennent pour certains, mendier et pour d’autres, pêcher afin de trouver de quoi à manger. C’est dur sur tout le monde et nous ne pouvons pas les chasser. C’est parce que les maisons ne sont pas grandes que nous les obligeons à aller dormir à l’Onu à Treichville », affirme-t-il. La Mairie du Plateau et le District autonome d’Abidjan n’ont-ils pas tenté de les chasser de ce lieu ? Nina et Mathieu notent que la mairie tente de les chasser mais depuis un moment, ils vivent sans être gênés. « On entretient bien l’espace. C’est quand les lieux étaient sales que la mairie se plaignait. On n’a pas où aller, et je crois qu’on a besoin de moyens pour nous en sortir. Au Plateau, nous ne sommes pas les seuls dans ce genre d’habitations ! », a conclu G.Mathieu. Non, ce ne sont pas des habitations, mais des trous à rats où il est impossible pour un homme de s’arrêter. C’est en rampant qu’ils vont se coucher à la merci des moustiques. Car les filets qui leur servent de moustiquaires sont percés par endroit. Une vraie galère. Qui prend tout son sens à la vue des quatre enfants trouvés sur le lieu du reportage. A.Lacina (7 ans), T.Aboubacar (10 ans), K.Cédric (7ans), T.Alpha (8ans) avaient très faim hier mercredi. Et pour cause, la pêche n’a rien donné et les « bonjour tantie » et « bonjour tonton », « j’ai faim » n’ont aussi rien rapporté. Ils étaient assis et regardaient les « torfi » de Nina avec des yeux qui sortaient de leur orbite.
Annoncia Sehoué