PARIS - "Venez investir chez nous!" Le ministre ivoirien de l’Agriculture Mamadou Sangafowa Coulibaly a joué les VRP mardi au Salon de l’Agriculture à Paris pour rassurer et convaincre les entrepreneurs français qui avaient fui la guerre de revenir et miser sur son pays.
Après une décennie de violences, le régime du président Alassane Ouattara compte sur l’agriculture dont le pays tire un tiers de la richesse nationale pour se positionner aussi comme base arrière et fournisseur de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
La Côte-d’Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de cacao, de noix de cajou et de cola, le premier producteur africain de bananes, le deuxième pour l’huile de palme et le troisième pour le coton et le café. Il s’agit maintenant de développer la transformation et donc la valorisation de ces productions, insiste M. Coulibaly.
"Nous avons plusieurs dizaines de projets", résume le ministre. Et un cadre d’investissements prévus pour 2.040 milliards de FCFA entre 2010 et 2016 (6 milliards de dollars, 4,3 milliards d’euros) dont 60% issus du secteur privé.
"A ce jour, 37% (745 milliards de FCFA) ont déjà été exécutés", indique-t-il. Le secteur, qui assure 70% des recettes à l’export et emploie deux tiers de la population active, y gagnerait envion 400.000 emplois supplémentaires.
Le programme national d’investissement agricole (PNIA) prévoit de porter la croissance du secteur à 9% d’ici 2020 pour réduire la pauvreté de moitié par rapport à 2008 et garantir la sécurité alimentaire du pays: par exemple en triplant la production de riz d’ici 2016, à 1,9 million de tonnes, pour répondre aux besoins.
Les prévisions portent aussi sur les grandes cultures commerciales avec des objectifs chiffrés précis : doubler l’hévéa (à 600.000 t) et le coton d’ici 2020, l’huile de palme dans 10 ans (à 3,5 Mt) et, pour le cacao qui compte pour 40% des recettes d’export (et 40% du total mondial), passer de 1,3 million de t à 2 millions en 2020. "Dont 50% transformés sur place", insiste le ministre.
Un accord passé ce mois-ci avec le groupe de chocolat français Cémoi dont 70% de l’approvisionnement est ivoirien porte précisément sur la construction d’une usine en Côte d’Ivoire: l’investissement du groupe, de 6 millions d’euros selon son PDG Patrick Poirier, vise "clairement à atteindre le marché ouest-africain". "En 2013, 400 tonnes de produits (chocolatés) ont été vendus rien que sur le marché d’Abidjan" relève-t-il.
- Garot: "il faut y aller" -
Pour convaincre d’autres entrepreneurs, réunis mardi matin au Salon, le ministre fait aussi valoir la loi agricole qui entend en premier lieu sécuriser le foncier, sur un continent où les droits de propriété sont souvent mal établis ou respectés.
"La loi agricole de 1998 a reconnu le droit coutumier. Elle donnait dix ans aux propriétaires pour faire reconnaître et certifier leurs droits mais en raison de la situation politique nous l’avons prolongée de 10 ans ", explique M. Coulibaly.
La loi distingue les droits du propriétaire de ceux de l’exploitant qui signe "pour une période convenue de rentabilisation et ne pourra être chassé", jure-t-il.
Simultanément, l’Etat se réserve le droit de signer des baux de 99 ans à des investisseurs étrangers sur les terres qui lui appartiennent - dont le ministre n’a su préciser la superficie. Et prévoit la mise en valeur de 100.000 ha de terres en zones humides pour la production de riz. "Seules 40% des terres arables du pays sont valorisées", note-t-il.
Enfin, M. Coulibaly a annoncé le lancement imminent d’un marché ivoirien des matières premières agricoles, excluant le cacao déjà bien structuré mais privilégiant les cultures vivrières, avec des entrepôts de stockages, pour corriger les forts déséquilibres entre les régions.
Pour le ministre français de l’Agroalimentaire Guillaume Garot, en visite
sur place courant février, pas de doute: "Il faut y aller".
"Les Ivoiriens ont une envie de France, ils nous l’ont dit à tous les niveaux", assure-t-il. "Outre les liens naturels, historiques et la francophonie avec la Côte d’Ivoire, l’Afrique est le continent du 21e siècle.
Et c’est l’occasion d’une autre mondialisation", juge-t-il.
ach/bpi/pad
Après une décennie de violences, le régime du président Alassane Ouattara compte sur l’agriculture dont le pays tire un tiers de la richesse nationale pour se positionner aussi comme base arrière et fournisseur de l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
La Côte-d’Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de cacao, de noix de cajou et de cola, le premier producteur africain de bananes, le deuxième pour l’huile de palme et le troisième pour le coton et le café. Il s’agit maintenant de développer la transformation et donc la valorisation de ces productions, insiste M. Coulibaly.
"Nous avons plusieurs dizaines de projets", résume le ministre. Et un cadre d’investissements prévus pour 2.040 milliards de FCFA entre 2010 et 2016 (6 milliards de dollars, 4,3 milliards d’euros) dont 60% issus du secteur privé.
"A ce jour, 37% (745 milliards de FCFA) ont déjà été exécutés", indique-t-il. Le secteur, qui assure 70% des recettes à l’export et emploie deux tiers de la population active, y gagnerait envion 400.000 emplois supplémentaires.
Le programme national d’investissement agricole (PNIA) prévoit de porter la croissance du secteur à 9% d’ici 2020 pour réduire la pauvreté de moitié par rapport à 2008 et garantir la sécurité alimentaire du pays: par exemple en triplant la production de riz d’ici 2016, à 1,9 million de tonnes, pour répondre aux besoins.
Les prévisions portent aussi sur les grandes cultures commerciales avec des objectifs chiffrés précis : doubler l’hévéa (à 600.000 t) et le coton d’ici 2020, l’huile de palme dans 10 ans (à 3,5 Mt) et, pour le cacao qui compte pour 40% des recettes d’export (et 40% du total mondial), passer de 1,3 million de t à 2 millions en 2020. "Dont 50% transformés sur place", insiste le ministre.
Un accord passé ce mois-ci avec le groupe de chocolat français Cémoi dont 70% de l’approvisionnement est ivoirien porte précisément sur la construction d’une usine en Côte d’Ivoire: l’investissement du groupe, de 6 millions d’euros selon son PDG Patrick Poirier, vise "clairement à atteindre le marché ouest-africain". "En 2013, 400 tonnes de produits (chocolatés) ont été vendus rien que sur le marché d’Abidjan" relève-t-il.
- Garot: "il faut y aller" -
Pour convaincre d’autres entrepreneurs, réunis mardi matin au Salon, le ministre fait aussi valoir la loi agricole qui entend en premier lieu sécuriser le foncier, sur un continent où les droits de propriété sont souvent mal établis ou respectés.
"La loi agricole de 1998 a reconnu le droit coutumier. Elle donnait dix ans aux propriétaires pour faire reconnaître et certifier leurs droits mais en raison de la situation politique nous l’avons prolongée de 10 ans ", explique M. Coulibaly.
La loi distingue les droits du propriétaire de ceux de l’exploitant qui signe "pour une période convenue de rentabilisation et ne pourra être chassé", jure-t-il.
Simultanément, l’Etat se réserve le droit de signer des baux de 99 ans à des investisseurs étrangers sur les terres qui lui appartiennent - dont le ministre n’a su préciser la superficie. Et prévoit la mise en valeur de 100.000 ha de terres en zones humides pour la production de riz. "Seules 40% des terres arables du pays sont valorisées", note-t-il.
Enfin, M. Coulibaly a annoncé le lancement imminent d’un marché ivoirien des matières premières agricoles, excluant le cacao déjà bien structuré mais privilégiant les cultures vivrières, avec des entrepôts de stockages, pour corriger les forts déséquilibres entre les régions.
Pour le ministre français de l’Agroalimentaire Guillaume Garot, en visite
sur place courant février, pas de doute: "Il faut y aller".
"Les Ivoiriens ont une envie de France, ils nous l’ont dit à tous les niveaux", assure-t-il. "Outre les liens naturels, historiques et la francophonie avec la Côte d’Ivoire, l’Afrique est le continent du 21e siècle.
Et c’est l’occasion d’une autre mondialisation", juge-t-il.
ach/bpi/pad