Plus rien ne va dans la filière hévéa. La crise prend de l’ampleur dans ce secteur jadis prospère. La grogne des producteurs enfle. En effet, selon un producteur de Bettié qui a requis l’anonymat et qui nous a joint hier, au téléphone, depuis quelques mois, le caoutchouc fait face à une mévente. Ce qui permet aux acheteurs véreux de profiter de la situation. «Notre produit est acheté au bas prix, entre 100 F et 150 F», a-t-il indiqué. Et de relever qu’au moment où les planteurs attendaient une solution de la part de leurs différentes organisations, l’Association nationale des associations de producteurs d’hévéa (Anaphci), dirigée par Honest Wadjas, en accord avec les usiniers, a entrepris d’instituer une ponction de 50 F sur le kilogramme afin d’amener ces opérateurs économiques à acheter l’ensemble de la production. Dans ce sens, depuis le début du mois de mars, au lieu de 315 F le kg (prix Apromac), les producteurs perçoivent 265 F. « C’est inacceptable », a-t-il ajouté. Pour ce ressortissant de Bettié, si rien n’est fait, dans les jours à venir, il y aura un vaste mouvement de protestation dans l’ensemble des zones productrices. Interrogé, le président du conseil d’administration de la Fédération nationale des sociétés coopératives d’hévéa de Côte d’ivoire (Fenascooph-ci), Eric Ouloto, n’a pas caché son mécontentement. « Une seule organisation avant la mise en place d’un collège des producteurs, soutenue par des usiniers, impose des prélèvements sur la production. Cela est illégal et anormal », s’est-il également insurgé. Pour lui, cette décision en vigueur pendant six mois va contribuer à appauvrir les planteurs. « La production ivoirienne est estimée à 400.000 T ; ce sont donc deux milliards FCFA par an, soit un milliard F, durant les six mois, qui seront volés aux producteurs », a-t-il dénoncé. C’est la raison pour laquelle il a annoncé que son organisation qui comporte plus de la moitié des planteurs a saisi le ministère de l’Agriculture afin de mettre fin à cette mesure. Intervenant récemment, le président de l’Anaphci a accusé l’Etat d’être à l’origine de cette situation. Selon ses dires, c’est la taxe de 5% imposée sur le chiffre d’affaires des usiniers qui est à la base de la crise. « A cause de cette taxe, les usiniers peinent à supporter leurs charges et à acheter l’ensemble de la production », a relevé M. Wadjas. Pour lui, c’est ce qui justifie que l’Anaphci a accepté la ponction de 50 F afin d’aider les usiniers et freiner la mévente. Mais, cette décision est loin de bénéficier de l’adhésion des producteurs.
Ahua K.
Ahua K.