Depuis quelques mois, au nom de la réconciliation nationale, l’on assiste à une vague de libérations des détenus de la crise postélectorale. Ces hommes et ces femmes regagnent leurs familles biologiques et politiques et reprennent du service. De nombreux ivoiriens, les chancelleries et des ONG internationales saluent le geste des autorités politiques et judiciaires ivoiriennes. Par contre d’autres, s’offusquent du fait que des gens arrêtés pour leur lien avéré ou supposé avec des violations graves de droits humains, que l’on a gardé en détention pendant plusieurs mois puissent être relâchés finalement sans jugements ! Grand Dieu, nous aurions tellement aimé voir une résurrection en cascade de toutes ces innocentes victimes de notre barbarie et notre folie meurtrière ; Qu’ils seraient heureux, tous ces morts, d’être des acteurs de l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 ! Mais une fois que l’euphorie des uns s’est dissipée et l’émotion des autres s’est dissimulée, nous pouvons à froid analyser la situation et donner notre point de vue.
Lors de sa prise effective du pouvoir le 11 Avril 2011, le président Alassane Ouattara s’était engagé devant la communauté nationale et internationale à faire de la Côte d’Ivoire un Etat de droit et démocratique. Il avait promis entre autre, une justice impartiale et totalement indépendante qui allait rechercher, arrêter et punir tous les auteurs d’exactions et d’assassinats ; il s’était engagé aussi à créer toutes les conditions du pardon et de la réconciliation, afin que le vivre ensemble soit possible et que son rêve de faire de notre pays une économie émergente soit une réalité profitable à tous. Et c’est dans cette dynamique que furent mises sur pieds la commission nationale d’enquêtes et la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR). Dans son rapport remis au chef de l’Etat en Août 2012, les enquêteurs ont imputé (à des degrés divers) à toutes les parties belligérantes (Forces pro-Gbagbo, Frci et Dozo) des violations graves de droits humains. Mais, l’inaction du procureur de la république à donner une suite à ce rapport, a fini par jeter sur notre appareil judiciaire un soupçon de partialité et de discrédit pour de nombreux observateurs. L’ardeur de notre justice semble s’être émoussée !
Après l’arrestation de Laurent Gbagbo en Novembre 2011, La Cour Pénale Internationale (CPI) a lancé d’autres mandats d’arrêt que les autorités ivoiriennes hésitent à exécuter. Le gouvernement semble devenir le véritable maître du jeu et c’est l’occasion pour nous de rappeler le principe de Montesquieu qui dit ‘’que tout système démocratique est basé sur la séparation des pouvoirs’’ ; principe qui appelle une justice non inféodée et totalement émancipée de l’Exécutif. Nous pensons, comme Obama que la justice est une Institution qui a vocation à être forte et les erreurs du passé doivent nous servir de leçons pour engranger les succès d’aujourd’hui et de demain ; les réussites d’ailleurs doivent être les baromètres qui éclairent nos lanternes. L’Afrique du Sud post Apartheid, sous la houlette du très charismatique Nelson Mandela a fait sa mue ; elle s’est engagée sur la voie de la réconciliation vraie en mettant en place une commission ; Justice, Vérité et Réconciliation. Présentés devant les tribunaux et jugés coupables, les bourreaux ont fait leur mea culpa et se sont humiliés devant leurs victimes, la nation et à l’humanité toute entière ; ils ont connu une nouvelle naissance et se sont mis à œuvrer pour la paix et la cohésion sociale ; et c’est ainsi qu’ils ont pu bénéficier du pardon sincère de tous; pardon qui a jeté les bases d’une nation forte appelée arc-en-ciel !
Le Rwanda a connu en 1994 l’une des pires formes de génocides du 20e siècle. Ce petit pays, cité en exemple par les Institutions Financières Internationales, est en train de vivre aujourd’hui un véritable miracle économique qui n’a été possible en premier que par la mise en place d’une vraie politique de Justice, de Pardon et de Réconciliation. L’expérience de la justice transitionnelle y a été une réussite et les Rwandais réapprennent à vivre ensemble. Et même Vingt ans après le drame qui a ébranlé toute l’humanité, les génocidaires continuent d’être recherchés et livrés à la justice.
Nous devons retenir que les mêmes causes produisent les mêmes effets et qu’un crime impuni en appelle un autre. Rien, même, le désir de réconciliation ne doit primer sur la justice et la recherche de la vérité. Nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de pardon sans repentance qui suppose elle-même que les bourreaux soient reconnus comme tels, à la suite d’un jugement équitable. Nous devons transcender les considérations politiques et géopolitiques et éviter de nous laisser prendre au piège de ces bourreaux qui se font passer pour des victimes et des agneaux. Les ivoiriens doivent se réconcilier entre eux, mais chacun avec lui-même d’abord. Le pardon est la conséquence de la justice et non de la grâce présidentielle. Et l’impunité engendrera des frustrations qui se transformeront en haine et en désir de vengeance. Les uns continueront à se regarder en chiens de faïence et les autres garderont à leurs semblables, un chien de leur chienne et nous vivrons tous dans une hypocrisie nationale et institutionnelle.
Nous n’avons pas le droit de faire passer par pertes et profits ces violations graves des droits humains et toutes les victimes ou leurs ayant droits, doivent être dédommagés. C’est pourquoi nous sommes heureux que la CDVR donne un coup d’accélérateur à ses actions en multipliant les rencontres avec les victimes qui ont en réalité besoin d’être écoutées en vue de se décharger de leurs ressentiments. L’oubli fait certes partie de notre nature humaine mais nous devons bannir l’amnésie générale qui corrompt notre intelligence. C’est par la justice d’abord et le pardon ensuite que la réconciliation sera enfin une réalité vivante, gage de la cohésion, du développement et de la prospérité pour nous et nos enfants.
Mamadou H. Karamoko (karamoko.mamadou@ymail.com)
Master en Commerce International
Consultant spécialiste des économies émergentes
Lors de sa prise effective du pouvoir le 11 Avril 2011, le président Alassane Ouattara s’était engagé devant la communauté nationale et internationale à faire de la Côte d’Ivoire un Etat de droit et démocratique. Il avait promis entre autre, une justice impartiale et totalement indépendante qui allait rechercher, arrêter et punir tous les auteurs d’exactions et d’assassinats ; il s’était engagé aussi à créer toutes les conditions du pardon et de la réconciliation, afin que le vivre ensemble soit possible et que son rêve de faire de notre pays une économie émergente soit une réalité profitable à tous. Et c’est dans cette dynamique que furent mises sur pieds la commission nationale d’enquêtes et la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR). Dans son rapport remis au chef de l’Etat en Août 2012, les enquêteurs ont imputé (à des degrés divers) à toutes les parties belligérantes (Forces pro-Gbagbo, Frci et Dozo) des violations graves de droits humains. Mais, l’inaction du procureur de la république à donner une suite à ce rapport, a fini par jeter sur notre appareil judiciaire un soupçon de partialité et de discrédit pour de nombreux observateurs. L’ardeur de notre justice semble s’être émoussée !
Après l’arrestation de Laurent Gbagbo en Novembre 2011, La Cour Pénale Internationale (CPI) a lancé d’autres mandats d’arrêt que les autorités ivoiriennes hésitent à exécuter. Le gouvernement semble devenir le véritable maître du jeu et c’est l’occasion pour nous de rappeler le principe de Montesquieu qui dit ‘’que tout système démocratique est basé sur la séparation des pouvoirs’’ ; principe qui appelle une justice non inféodée et totalement émancipée de l’Exécutif. Nous pensons, comme Obama que la justice est une Institution qui a vocation à être forte et les erreurs du passé doivent nous servir de leçons pour engranger les succès d’aujourd’hui et de demain ; les réussites d’ailleurs doivent être les baromètres qui éclairent nos lanternes. L’Afrique du Sud post Apartheid, sous la houlette du très charismatique Nelson Mandela a fait sa mue ; elle s’est engagée sur la voie de la réconciliation vraie en mettant en place une commission ; Justice, Vérité et Réconciliation. Présentés devant les tribunaux et jugés coupables, les bourreaux ont fait leur mea culpa et se sont humiliés devant leurs victimes, la nation et à l’humanité toute entière ; ils ont connu une nouvelle naissance et se sont mis à œuvrer pour la paix et la cohésion sociale ; et c’est ainsi qu’ils ont pu bénéficier du pardon sincère de tous; pardon qui a jeté les bases d’une nation forte appelée arc-en-ciel !
Le Rwanda a connu en 1994 l’une des pires formes de génocides du 20e siècle. Ce petit pays, cité en exemple par les Institutions Financières Internationales, est en train de vivre aujourd’hui un véritable miracle économique qui n’a été possible en premier que par la mise en place d’une vraie politique de Justice, de Pardon et de Réconciliation. L’expérience de la justice transitionnelle y a été une réussite et les Rwandais réapprennent à vivre ensemble. Et même Vingt ans après le drame qui a ébranlé toute l’humanité, les génocidaires continuent d’être recherchés et livrés à la justice.
Nous devons retenir que les mêmes causes produisent les mêmes effets et qu’un crime impuni en appelle un autre. Rien, même, le désir de réconciliation ne doit primer sur la justice et la recherche de la vérité. Nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de pardon sans repentance qui suppose elle-même que les bourreaux soient reconnus comme tels, à la suite d’un jugement équitable. Nous devons transcender les considérations politiques et géopolitiques et éviter de nous laisser prendre au piège de ces bourreaux qui se font passer pour des victimes et des agneaux. Les ivoiriens doivent se réconcilier entre eux, mais chacun avec lui-même d’abord. Le pardon est la conséquence de la justice et non de la grâce présidentielle. Et l’impunité engendrera des frustrations qui se transformeront en haine et en désir de vengeance. Les uns continueront à se regarder en chiens de faïence et les autres garderont à leurs semblables, un chien de leur chienne et nous vivrons tous dans une hypocrisie nationale et institutionnelle.
Nous n’avons pas le droit de faire passer par pertes et profits ces violations graves des droits humains et toutes les victimes ou leurs ayant droits, doivent être dédommagés. C’est pourquoi nous sommes heureux que la CDVR donne un coup d’accélérateur à ses actions en multipliant les rencontres avec les victimes qui ont en réalité besoin d’être écoutées en vue de se décharger de leurs ressentiments. L’oubli fait certes partie de notre nature humaine mais nous devons bannir l’amnésie générale qui corrompt notre intelligence. C’est par la justice d’abord et le pardon ensuite que la réconciliation sera enfin une réalité vivante, gage de la cohésion, du développement et de la prospérité pour nous et nos enfants.
Mamadou H. Karamoko (karamoko.mamadou@ymail.com)
Master en Commerce International
Consultant spécialiste des économies émergentes